4.2 ANALYSES ET PERSPECTIVES
Les résultats qui viennent d'être
présentés nous suggèrent d'orienter nos analyses autour de
deux axes de préoccupation. Nous examinerons d'abord les
difficultés que rencontrent les IMF pour s'assurer une autonomie
à travers le cheminement vers l'autosuffisance opérationnelle
avec les fonds dont ils disposent et la question des marges
bénéficiaires. Ensuite nous analyserons les problèmes de
gestion de la qualité du portefeuille de crédit des IMF.
4.2.1 L'autonomie des institutions
4.2.1.1 L'autosuffisance
Afin de s'assurer l'autosuffisance opérationnelle
indispensable à leur viabilité financière, les IMF doivent
rentabiliser les fonds de crédit dont ils disposent. Elles doivent donc
atteindre un niveau suffisant de productivité financière de leurs
services de crédit et des activités diverses.
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
Or, bon nombre d'initiatives sont soutenues par les bailleurs
dans une optique welfariste privilégiant le développement social.
Ces bailleurs conçoivent et financent des programmes dont la mise en
oeuvre vise plutôt le social que la rentabilité à terme et
encore moins les objectifs d'autonomie qui constituent plus le souci des
institutions que celui des partenaires. Les institutions ressentent donc moins
le besoin d'un recours au marché financier en vue d'augmenter leurs
capacités de financement, ce qui ne les incite pas à une
meilleure gestion de leurs actifs pour en tirer le meilleur parti. La
dépendance par rapport aux subventions freine ainsi l'engagement sur des
chemins plus rentables mais peu empruntés par les bailleurs.
La norme d'un minimum de productivité financière
de 3% prescrite par la BCEAO est respectée par 7
institutions18 sur les 12 étudiées, soit un
pourcentage de 58% de l'échantillon.
Le recours aux subventions n'encourage donc pas la quête
de rentabilité financière ; même s'il faut
reconnaître que les subventions sont indispensables dans la
période d'enfance de l'institution allant de 3 à 5 ans (PLANET
FINANCE, 2004).
De fait, les structures n'affichent pas en
général un volume d'affaires suffisant leur permettant de passer
le seuil de rentabilité ou bien n'arrivent pas à réaliser,
comme nous l'analyserons plus loin, un différentiel de taux suffisant
entre le coût de leurs ressources (épargne collectée, ligne
de crédit, capital) et le coût du crédit ; ou alors elles
se positionnent sur des segments du marché peu rentables ou
déjà saturés qui les confrontent à des effets de
seuil. Or, Il faut pour chaque institution un volume d'affaires donné
pour atteindre son point mort, c'est à dire réussir à
couvrir ses frais fixes et parvenir à dégager des profits. Le
positionnement doit donc être fait sur un segment suffisamment dense pour
leur permettre d'accroître non seulement le nombre de clients mais aussi
la taille des crédits. Dès lors, il faut que les institutions
puissent fidéliser leur clientèle, puisque la
taille du crédit évolue avec les renouvellements.
Si le segment commence à se saturer, des effets de
seuil limitent la croissance du portefeuille et les risques de sa
détérioration s'accroissent rapidement car plusieurs institutions
s'adressent à une même clientèle cible avec des produits
similaires.
18 AssEF, Caisse CODES, CPEC, MDB, PADME, PAPME, Vital
Finance.
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La viabilité financière des IMF au
Bénin
Ce phénomène s'observe au niveau des
institutions telles le PADME et le PAPME dont le ralentissement de croissance
s'explique largement par le fait qu'ils se retrouvent progressivement sur le
même segment de marché avec des produits assez ressemblants. Le
recours à une diversification de produits adaptés à la
demande avec une différenciation assez prononcée devrait
s'avérer judicieux.
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