3.2.3. Echinodermes
Les herbivores marins, en particulier les échinodermes,
jouent un rôle clé dans l'organisation et le fonctionnement des
communautés benthiques marines. Ces organismes présentent une
symétrie pentamérique unique dans le règne animal et ont
un corps entouré d'ossicules calcaires portant des épines (Chabot
et Rossignol, 2003). Cet embranchement comprend les crinoïdes, les
astérides (étoiles de mer), les holothurides, les
échinides (oursins) et les ophiurides (Ben Mustapha et al.,
2016). Les échinodermes peuvent se déplacer de façon plus
ou moins aisée et rapide selon les espèces sauf les
crinoïdes fixés.
Ces organismes sont abondants dans toutes les mers, aussi bien
dans les eaux côtières que dans les grands fonds. On compte
environ 7000 espèces d'échinodermes dans le monde dont 21
espèces sont présentes en Tunisie. Leur taille varie de quelques
centimètres à plus d'un mètre (Bouchard, 2004). Selon Hay
(1981), les oursins (échinides : Diadema, Echinomnetra
et Eucidaris), présents en abondance sur le récif,
sont rares dans l'habitat des plaines sablonneuses où Gracilaria
est abondante. Deux espèces d'oursins courantes des
communautés rocheuses (Diadema setosum et Heliocidaris
erythrogramma) ont été signalés
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par Shunula et Ndibalema (1986) sur les bancs de sable en
association avec G. crassa. De même, un oursin Tripneustes
sp. a été observé près du site
expérimental de culture d'algues rouges (Ganesan et al., 2006).
L'analyse d'échantillons de faune prélevés sur des algues
cultivées (G. edulis) a montré que quelques holothuries
sont associées aux algues.
On trouve tous les types de régimes alimentaires chez
les échinodermes. La plupart des oursins sont omnivores, ils se
déplacent lentement et raclent les rochers pour arracher les algues et
les petits invertébrés à l'aide de cinq dents dures. Les
étoiles de mer se nourrissent de Mollusques, de Crustacés et
d'Ophiures, etc. ainsi que les ophiurides se nourrissent de plancton (Bouchard,
2004). Les oursins ont connu une croissance variable en fonction de
l'alimentation. Ils ne se nourrissent pas de tous les rhodophytes au même
taux, et montrent même des préférences entre les
espèces disponibles (Westbrook et al., 2015). Selon des essais
de laboratoire, Arbacia punctulata a consommé en moyenne
174-216 mg de G. foliifera / g d'oursins / 24 h (Hay et al.,
1986) et 44,3 ? 7,4 % de G. tikvahiae (Pfister et Hay, 1988). Ces
préférences sont fortement liées à la morphologie
et/ou à la qualité nutritionnelle des algues. Par exemple,
Tripneustes sp. a montré plus de préférence pour
les thalles de G. edulis (grossièrement ramifiés) que
pour celles de G. dura et de G. corticata (Ganesan et
al., 2006). De même, González et al. (1993) ont
étudié les effets de trois régimes algaux sur
l'énergie disponible (protéine) pour la croissance des
juvéniles de Loxechinus albus et ont découvert que les
oursins obtiennent la plus grande quantité d'énergie lorsqu'ils
se nourrissent de Gracilaria sp. En générale, les
juvéniles de L. albus se nourrissent de chlorophycée et
de phéophycée. Cependant, Francisco Cárcamo (2015) a
démontré que l'alimentation avec G. chilensis est une
alternative prometteuse pour le développement de ces
juvéniles.
Les forts taux de pâturage peuvent grandement influencer
la croissance, la dominance ainsi que la distribution des algues. Shunula et
Ndibalema (1986) ont montré que l'élimination des oursins
entraîne une augmentation de la densité et de la diversité
des espèces d'algues et peut conduire à l'apparition de grandes
algues formant le couvert forestier. Selon Ogden et al. (1973), le
pâturage des oursins est un facteur primordial des récifs
surexploités. Anderson et al. (1993) ont marqué la
disparition de tous les gracilaires greffés après un mois de
culture et la présence de nombreux oursins (Parechinus
angulosus) sur les restes des algues au fond du milieu de culture. Hay
(1981) a constaté que 13 % des individus de Gracilaria qui ont
été transplantés sur le récif ont montré des
signes de dommages causés par le pâturage des oursins.
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