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Etude de la croissance, de la composition biochimique et de la faune associée de l’algue rouge Gracilaria gracilis (Hudson) Papenfuss de la lagune de Bizerte.


par Zouhour MISHLI
Université de Carthage - Master 1 en Biosurveillance de l’environnement 2019
  

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3.2.1. Annélides

Les annélides sont des vers marins avec un corps segmenté comme celui des vers de terre. Ils se divisent en trois classes essentielles selon la présence ou l'absence de soies jouant le rôle de pattes : les polychètes (nombreuses), les oligochètes (rares) et les achètes (absentes) (Csakb, 2013). Les polychètes sont divisés selon leur mode de vie en deux grands groupes, les polychètes errants qui nagent et les polychètes sédentaires qui passent leur vie dans un tube qu'elles sécrètent à partir de matériaux spécifiques (Ben Mustapha et al., 2016).

D'après Gillet (2017), Un total de 884 espèces d'annélides a été décrites dans les zones côtières et profondes de la méditerranée dont 375 espèces ont été marqué en Tunisie. Environ 10 espèces habitent les lagunes et 40 dans les milieux à la fois marin et lagunaire. Les polychètes sont significativement plus abondants dans les zones colonisées par les gracilaires. Elles vivent dans des tubes mucilagineux fixés aux algues et consomment les diatomées et les petites algues filamenteuses (Hay et al., 1988). Gracilaria est connu comme un « ancien

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habitat » qui interagit de manière écologique avec la faune autochtone (Thomsen et McGlathery, 2005) crée des habitats pour des annélides associés (Thomsen et al., 2006). Les espèces Polyophtalamus pictus, Pseudonereis anomala, Streblosoma persica, Syllis krochnii, S. prolifera, Thelepus plagiostema (James et al., 1986), Platynereis dumerilii et Nereis diversicolor (Hay et al., 1988) sont les principaux polychètes qui se trouvent au niveau des thalles des gracilaires (G. edulis, G. tikuahiae et G. vermiculophylla).

Les annélides associés aux gracilaires ont aussi un rôle dans la prédation et dans la compétition. Joseph (1978 a) a montré que l'alimentation par les algivores mentionnés au-dessus entraîne la destruction partielle ou totale des frondes de Gracilaria et la quantité de dommages causés aux pointes de croissance des algues est énorme. Le même auteur (1978 b) a montré que les habitudes alimentaires influent aussi sur la distribution des gracilaires. Selon lui (1978 b), G. edulis est l'une des algues préférées des polychètes comme aliment, mais elle est moins préférée que Padina, Codium, et Dictyota (Hay et al., 1988). Il est évident que ces organismes se rassemblent autour des algues pour se nourrir ou s'abriter, ou les deux, sans pour autant s'attaquer directement aux algues (James et al., 1986).

3.2.2. Arthropodes

Les arthropodes représentent le groupe animal le plus abondant du monde marin. Ils possèdent un squelette externe et bougent grâce à l'articulation de pièces rigides. Les crustacés font partie des arthropodes et se distinguent grâce à la présence de deux paires d'antennes (Chabot et Rossignol, 2003). En Tunisie, les arthropodes comptent environ 120, 27 et 24 espèces respectivement dans les golfes de Tunis, de Hammamet et de Gabès (Afli et al., 2005). Selon Hauxwell et al. (1998), les crustacés colonisent généralement les lagunes, les rivières, les estuaires, les étangs et les mers.

Selon Arrontes et Anadón (1990), les crustacés sont des constituants normaux de la faune qui habitent les macroalgues. Une analyse des échantillons de faune prélevés sur des gracilaires cultivées (G. edulis, G. foliifera, G. compressa, G. debilis, G. tikvahiae, G. graciliset G. vermiculophylla) a montré que des crustacés isopodes à savoir : Idotea balthica (Nicotri, 1977), Paridotea reticulata (Anderson et al., 1998), Erichsone et Edotea (Hauxwell et al., 1998) ; des crustacés amphipodes tels que : Microdeutopus gryllotalpa (Heckscher et al., 1996), Jassa falcata (Anderson et al., 1998), Ampithoe longimana, Gammarus mucronatus, Elasnurpus levis (Hauxwell et al., 1998) et Gammarus insensibilis (Mancinelli et

Rossi, 2001) ; des crustacés décapodes : les crabes Thalamita crenata, T. Integra et les genres Plagusia, Charybdi (James et al., 1986), Palaemonetes et Crangon (Mancinelli et Rossi, 2001) et autres copépodes sont associés au Gracilaria. Cependant, Afli et al. (2009) ont montré que l'isopode Idotea balthica est l'espèce dominante, en particulier au printemps et au début de l'été, habitant Gracilariopsis longissima, G. bursa-pastoris et G. vermiculophylla. Malgré de nombreux changements écologiques au cours des dernières décennies dans la lagune de Bizerte, elle reste l'espèce dominante.

Selon Arrontes et Anadón (1990), les crustacés ont une grande variété d'habitudes alimentaires : carnivores ou omnivores et parfois détritivores. Ainsi, les algues font partie, avec une faible proportion, de régime alimentaire des espèces de la zone côtière (Anonyme, 2016). Les crustacés associés au Gracilaria peuvent exercer des pressions de pâturage pouvant modifier la dominance des espèces de macroalgues.

Les isopodes qui se trouvent dans les lagunes et les estuaires en associations avec Gracilaria peuvent présenter des effets importants sur la productivité, la biomasse et la structure des thalles de l'algue. En effet, de forts taux de pâturage de G. vermiculophylla par Idotea balthica ont été signalés par Weinberger et al. (2008). Selon Nicotri (1977), le pâturage par cet isopode entraîne une réduction importante de la productivité de G. foliifera lorsque les populations de crustacés sont abondantes et la productivité algale est faible. De même, elle provoque de forte diminution d'environ 31,8% de la biomasse humide de l'espèce hôte (Shacklock et Doyle, 1983). Gracilaria peut être considérée comme un aliment de prédilection pour les isopodes. En effets, des forts taux de pâturage de G. gracilis par l'isopode Paridotea reticulata ont été observés lorsque des populations de l'épiphyte Ceramium diaphanum atteints de faibles densités (Anderson et al., 1998).

Les herbivores non seulement choisissent de manière sélective les différentes sources de nourriture proposées, et les preuves suggèrent que le pâturage peut aussi cibler une partie spécifique du thalle d'algues (Smit et al., 2003). Par exemples, Idotea balthica préfère les branches apicales de G. gracilis et de Gracilaria sp. ce qui délimite la structure du thalle (Cruz-Rivera et Hay, 2001). Aussi, Paridotea reticulata qui se trouve en abondance au cours de l'été, consomme fortement les sommets des thalles de G. gracilis ce qui entraîne une réduction importante de la croissance et de la production algale. Une étude a admis que cette préférence pour les branches latérales est probablement due à la différence de ténacité entre

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les branches latérales et l'axe principal (Smit et al., 2003). D'autres études ont montré que la préférence pour certaines algues est corrélée aux concentrations tissulaires d'azote (N) (Kraufvelin et al., 2006).

Les amphipodes aussi qui se trouvent en association avec les gracilaires peuvent grandement influencer la biomasse des algues. Nicotri (1977) a émis l'hypothèse que le pâturage peut affecter de manière marquée la croissance des algues si les amphipodes ne se nourrissent que de certaines parties du thalle, telles que les extrémités de croissance contenant les méristèmes apicaux (Smit et al., 2003). Mancinelli et Rossi (2001) ont étudié les préférences alimentaires de Gammarus insensibilis et ses effets sur la biomasse de G. gracilis. Ils ont constaté que cette espèce manifeste une nette préférence pour les structures apicales et les extrémités coupées de G. gracilis, ce qui entraine une réduction de 13,9 % de la biomasse humide de cette espèce hôte.

Ces organismes peuvent choisir les aliments en se basant sur des indices chimiques (nutrition) et/ou sur la morphologie des macroalgues (Heckscher et al., 1996). La sélection des aliments par les amphipodes est clairement corrélée à la teneur en azote ; Microdeutopus gryllotalpa a montré une préférence significative même lorsque les différences de teneur en N est aussi faibles que 0,7 % (Galàn Jiménez et al., 1996). La préférence ne peut pas être uniquement due à la teneur en N ; d'autres signaux chimiques peuvent être corrélés à la teneur en N des macroalgues et peuvent également être importants pour les herbivores. Heckscher et al. (1996) ont trouvé dans des expériences similaires sur l'agar consistant à comparer les préférences alimentaires de M. gryllotalpa entre Cladophora vagabunda (4,5 % de N) et G. tikvahiae (2,1 % de N), que G. tikvahiae est le préféré ; dans ce cas, un signal chimique en plus de la teneur en N influe sur la palatabilité. Par conséquent, il est probable que, en l'absence de signaux morphologiques, l'N ainsi que des composés défensifs déterminent les préférences alimentaires des herbivores.

La morphologie et le volume du thalle sont aussi des facteurs importants expliquant la hiérarchie de préférences. En effet, la plus forte densité d'amphipodes a été trouvée sur les macroalgues ramifiées ; (Fukunaga et al., 2014) Où, Galàn Jimenez et al. (1996) ont observé que M. gryllotalpa construit davantage de tubes dans les algues filamenteuses vivantes. De même, Cruz-Rivera et Friedlander (2011) ont montré que l'amphipode Ampithoe ramondi

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possède des pièces buccales pouvant trancher beaucoup plus la surface de G. lemaneiformis que celles de Gracilaria conferta ou de Gracilaria cornea.

Les crabes sont des décapodes qui se nourrissent préférentiellement d'herbiers. Stachowicz et Hay (1999) ont montré que le crabe Libinia dubia a consommé des quantités considérables d'Hypnea et de G. tikvahiae, avec davantage d'Hypnea que de Gracilaria ; dans ce cas, Gracilaria peut être considéré comme aliment de préférence inferieure pour les crabes. Ces préférences ne sont pas liées au contenu nutritionnel des algues. Mais elles sont liées aux volumes et au degré de ramification du thalle. Une étude a montré que G. conferta, la plus préférée, et G. lemaneiformis sont deux espèces finement ramifiées qui peuvent être facilement coupées par les chélas d'Acanthonyx lunulatus. En revanche, G. cornea est plus large et ramifiée plus grossièrement, ce qui rend plus difficile la manipulation de cette algue par les crabes (Cruz-Rivera et Friedlander, 2011). Il s'est avéré que les crabes s'associent autour des algues pour se nourrir ou se mettre à l'abri, ou les deux, mais ne se nourrissent pas directement des algues. Une étude a montré que la coupe par les crabes ne peut pas expliquer la quantité énorme de dommages causés aux pointes de croissance des algues (James et al., 1986).

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