4-3- Quelques champs de production orale dans la
culture africaine 4-3-1-. Le conte
Le conte est un récit de faits ou d'aventures
imaginaires, le plus souvent raconté à l'oral et constituant un
genre littéraire à part entière. Il n'a aucun
intérêt si le conteur ne sait pas manier, avec
dextérité, les rouages de la langue : l'art oratoire. C'est en
quelque sorte une école qui développe la langue et la
fidélité à la culture d'un peuple. Parler encore du conte
en Afrique aujourd'hui, est loin de nous inscrire dans la tradition
«mécanique» de ce que nos ancêtres ont utilisé
comme expressions. C'est plutôt une «tradition
créative», au sens où Paul Valery l'énonce en parlant
de « la véritable tradition dans les grandes choses », qui
permet de garder et de rechercher «l'esprit qui a fait faire ces grandes
choses et qui en ferait faire de toutes autres en d'autres temps». Ainsi,
à travers cette réflexion sur l'analyse didactique de la
structure du conte, nous rechercherons surtout, les aspects pédagogiques
et didactiques de la tradition
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ENSEIGNEMENT/ APPRENTISSAGE DE L'ANGLAIS AU COLLEGE ET LA
QUESTION DU SPEAKING
orale africaine, qui seraient susceptibles de nourrir
l'enseignement des langues en classe aujourd'hui.
4-3-1-1-Structure et contenu du conte : quels
rapprochements avec le cours d'anglais ?
D'un point de vue général, le conte est une
transmission, une interprétation qui devrait terminer sur une morale.
C'est une pratique d'initiation qui présente à l'écrit
comme à l'oral, des formules introductives, des refrains. La structure
du conte est calquée sur celle de la narration et se caractérise
par une situation initiale de laquelle va émergé le personnage
principal. Ce dernier, est mandaté d'une action, qu'il doit
réaliser. Mais dans sa course, il fera face à des situations
difficiles qu'on appelle «éléments perturbateurs». Pour
s'en sortir, il devra recourir à des résolutions afin que le
parcours se termine par un retour à la stabilité. Le contenu du
conte est généralement un récit qui reprend les
épopées de la région afin d'aboutir à un
enseignement moral ou de sagesse.
Dès lors, l'approche pédagogique du conteur,
bien que lointaine parfois, parce que pratiquée dans une
société sans écrit, peut alors s'avérer
intéressante pour la didactique des langues aujourd'hui. Elle reprend
une réelle difficulté que rencontrent souvent les enseignements
de langues : comment accéder au sens sans culture préalable ? La
langue prise isolément, hors contexte, est source
d'incompréhension. En partant de «L'histoire des trois sourds»
et dont le contenu insiste sur le rôle du malentendu, la didactique
pourrait se centrer sur les stratégies de réception et
accès au sens dans la progression du discours. Très souvent dans
la vie courante, c'est ce qui se passe entre les locuteurs : on s'écoute
partiellement, on s'imagine ce que son interlocuteur a voulu dire. Ce conte,
loin de faire une leçon de morale, est comme une constatation, mais en
même temps, il est un point d'attention pour le public qui
l'écoute. C'est pourquoi, le conteur, conscient de son rôle de
pédagogue, cherche à intéresser
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QUESTION DU SPEAKING
davantage son auditoire et de ce fait, il est important de
voir quelle stratégie de sollicitation il convoque.
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