DEUXIEME PARTIE :
PRESENTATION DES CAS, ANALYSE DES DONNEES ETINTERPRETATION DES RESULTATS
CHAPITRE V :
PRESENTATION DES CAS
Nous avons fait une brève présentation des
sujets sur lesquels a porté notre enquête avant de passer à
l'analyse du contenu des informations recueillies. D'abord, les propos ont
été présentés intégralement en Kirundi et
traduit en Français. Ensuite, la présentation de chaque propos
est suivie d'un commentaire. Rappelons que chaque cas interviewé a
été baptisé d'un nom de trois lettres de l'alphabet dans
le souci de sauvegarder l'anonymat des enquêtés.
5. 1. Cas CAN
CAN est une veuve de 49 ans qui habite à la Colline
MWEGERA de la commune MBUYE. Elle a quatre enfants dont un seul fils est le
cadet de 17 ans.
CAN a affirmé qu'elle est en bons termes avec les
enfants, et qu'il lui arrive de penser à son fils unique. CAN a dit que
ceci la met dans une insécurité totale lorsqu'elle se souvient
que son mari était lui aussi un fils unique dans la famille. CAN
s'intéresse beaucoup à son fils comme réponse à son
insécurité. Ainsi, elle le déclare ainsi: «Jewe
iyo nibutse ko umugabo wanje yivukana, hanyuma nkabona nanje mfise agahungu
kamwe, numva mfise ubwoba ko umwanya n'umwanya gashobora gupfa, kuko
uwumuryango urahona cane ntugwira, nico gituma nca ndamwiyegereza
cane.»
Ce qui se traduit de la suite : « Quand je me
souviens que mon époux était un fils unique, et que je constate
que j'ai un seul fils, je me retrouve dans l'insécurité, de peur
que d'un moment à l'autre, il peut mourir, parce que ce clan est plus
vulnérable, il ne se multiplie pas, c'est pour cette raison que je
m'intéresse beaucoup à lui.» La crainte de perdre
l'enfant à tout moment peut pousser les parents à
s'intéresser à lui. Lorsque c'est un enfant unique, ses parents
se trouvent toujours dans l'insécurité.
Dans un premier temps, pendant l'entretien, CAN voulait se
réserver dans ses propos en disant qu'elle n'a aucun fils : «
Ntimumbaze ivy'abahungu kuko ntabo mfise. Nivyariye abakobwa gusa. Ko
nagize aho novyaye abahungu umugabo agaca yitaba Imana. Karya gahungu
kamwe ! Oya umwana umwe nta mwana.»
Ce qui veut dire : « Ne me posez pas des
questions en rapport avec les fils car je n'en ai pas. J'ai
procréé les filles seulement. Mon époux a rendu
l'âme alors qu'il était temps de les procréer. Cet unique
fils ! Non, un seul enfant n'est pas un enfant.» Mais au fur et
à mesure que nous nous entretenions, CAN était ouverte dans ses
propos.CAN,SUZ et ATH sont insatisfaits de la descendance constituée
d'un seul fils avec plusieurs filles. A partir de leurs propos, on voit que ces
cas veulent une progéniture nombreuse de filles et fils.
Concernant les relations fraternelles, nous avons
constaté qu'il y a collaboration et entente, car CAN a
révélé dans les propos suivants que tous les enfants
s'entraident dans toutes les activités : «Abana banje
barumvikana, nta mishwano, ntavyo kwifyinisha. Barafashanya kuko barazi neza
ko ari impfuvyi. Badakoze jewe sinoshobora kubatunga ndi umwe.»
Ce qui veut dire : «Mes enfants s'entendent, pas
de conflits, ils ne sont pas distraits. Ils s'entraident car ils savent bien
que'ils sont des orphelins. S'ils ne travaillent pas, je ne parviendrais pas
à les nourrir étant seule.»
Nous constatons également que la situation d'un seul
fils avait un effet important sur la vie de CAN et sur sa vie car CAN a dit que
son fils est trop calme et à l'absence de ce fils, CAN est dans
l'insécurité, craignant de le perdre. Voici ce qu'elle a
dit : « Ndabona ko umuhungu wanje afise ingorane kuko kenshi
aguma ahoze. Sinzi ko ari kubera abura abo bikina, sindamukundira kuja kuyerera
ku bwoba bw'uko ashobora guhura n'ingorane.»
Ce qui se traduit : « Je vois que mon fils
possède des problèmes car il reste souvent calme. Je ne sais si
c'est parce qu'il manque d'autres avec qui il peut jouer. Car, je ne lui
permets pas de vagabonder, de crainte qu'il peut avoir un accident.»
Il faut donc constater ici que le fils unique de la veuve CAN a
été bien entretenu malgré sa solitude. L'unicité
d'un enfant peut entraîner chez lui des comportements de repli sur soi.
Il faut que l'enfant collabore avec les autres pour s'épanouir.
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