0. INTRODUCTION GENERALE
Les situations familiales courantes poussent l'observateur
à faire une analyse de l'influence du milieu familial sur la
personnalité de l'enfant. Le développement harmonieux de la
personnalité des enfants dépend du climat social qui règne
au sein d'une famille.A ce propos, disent ALPHANDERLY H. et ZAZZO R. (1970,
p.151), «On doit sans doute attribuer au milieu familial une
importance déterminante parce qu'il est le lieu, et qu'il offre
l'occasion des expériences premières. Toutes les structurations
qui résultent de celles-ci en porteront nécessairement la
marque.» Une intégration dans la famille détermine la
socialisation de l'enfant, qui déterminera par après sa
personnalité. Le couple devient joyeux dès la naissance des
enfants car il arrive quelquefois que le couple ne se reproduit pas. Il est
donc jugé bon d'avoir les enfants, garçons et filles.
Cependant, depuis longtemps, dans la société
burundaise, la naissance des garçons dans une famille comblait celle-ci
de beaucoup plus de joie que celle des filles, d'où une place importante
accordée au sexe masculin engendre une inégalité au niveau
de la fratrie.Par ailleurs, les relations familiales normales s'ordonnent
autour des enfants et de leurs parents. Ainsi, dit POROT M. (1979, p.9) en ces
mots : «Le couple, condition nécessaire du foyer ne
saurait être considéré comme suffisant pour qu'existe une
famille : c'est la venue de l'enfant qui crée la famille, c'est par
conséquent autour de l'enfant que s'ordonnent les relations familiales
normales.»On entend par là que le motif qui pousse les
personnes à s'unir est le besoin de fonder un foyer et d'avoir des
enfants.
Dans la société burundaise, la
progéniture fait partie des buts essentiels du mariage. L'enfant a une
place très importante dans la famille. Sa valeur n'est pas seulement
économique mais aussi l'enfant prolonge la vie des parents dans le
futur. Cependant, la famille burundaise est patrilinéaire. C'est
pourquoi les Burundais attachent une importance marquée aux
garçons par rapport aux filles. Cela se remarque dans le fait que le
père, avant de mourir, lègue généralement tous les
pouvoirs à son fils, lequel est appelé à le remplacer dans
ses rôles. En effet, les inégalités au niveau des sexes
dans la vie sociale, en commençant par la famille, ne seraient-elles pas
la conséquence du système patriarcal au Burundi ?Nous avons
montré dans ce travail la place que peut avoir le fils unique né
dans une famille comptant une progéniture à majorité
féminine. Nous avons pu explorer en long et en large les effets que peut
engendrer la subjectivité des parents dans la considération de
leur fils unique et leurs filles au sein d'une famille.
Le texte que nous avons proposé aux lecteurs
s'articulera autour de quelques points saillants repartis. Pour la
première partie, nous avons parlé entre autre du cadre
théorique et méthodologique qui comprend l'élucidation des
concepts clés, les généralités sur la famille,le
fils unique dans la famille burundaise et enfin la problématique et
les considérations méthodologiques.
Pour la deuxième partie, nous avons
présenté les cas, latriple relation entre parents, filles et fils
unique, les traitements affectifs réservés au fils unique et,
enfin, nous avons exposé les conséquences rencontrées par
le fils unique et ses parents et proposé des perspectives.
0.1. Motivation du choix du
sujet
Les enfants traités différemment dans la famille
et la place accordée à l'un d'eux du fait de son sexe, tels sont
les phénomènes qui nous ontintéressé dans cette
étude. Nous constatons que les parents affichent des attitudes
différentes devant l'enfant de tel sexe, mais il est question de savoir
le sexe le plus souhaité dans la descendance au Burundi et pourquoi
cette préférence.La motivation du choix du sujet est
affirmé par LEON A. (1973, p. 35) en ces termes : «
L'élaboration d'un sujet de recherche suppose d'abord un
intérêt réel pour le thème que l'on se propose
d'exploiter.» Voilà le moment d'expliquer comment le choix
d'un tel sujet nous est venu de l'esprit. Sans doute, bon nombre de lecteurs se
posent la question de savoir pourquoi nous nous sommes intéressé
à la découverte de la place du fils unique dans une famille
comptant une progéniture à majorité féminine.En
effet, ce choix nous est venu suite à une longue réflexion sur
les familles-types surtout sur la manière dont les parents traitent le
fils unique et la place accordée à celui-ci. Alors, nous sommes
conscient du fait qu'avoir un seul fils dans une famille crée une
situation qui pousse les parents à lui accorder une place importante
différente à celle accordée aux filles.
Depuis longtemps, nous savons que, dans la
société burundaise, la progéniture avait une place
importante. Le garçon était considéré en second
lieu comme chef de la famille après ses parents. Etre fils unique dans
une famille pousse les parents à craindre la perte de ce fils parce
qu'ils considèrent et pensent que la mort de leur fils
désagrège la famille, parce que les filles quittent la famille
pour se marier. C'est pour cette raison qu'une certaine subjectivité
était remarquée depuis longtemps jusqu'à nos jours chez
les parents ayant un fils unique. Certains parents laissent libre leur fils
unique, d'autres le fait gâter en satisfaisant immédiatement ses
besoins et en affichant à son égard une faible autorité
et un amour profond ; ce qui aura des conséquences néfastes
sur le fils unique, sur les parents et il y aura détérioration
des relations familiales car les filles se voient justement
maltraitées.
Des recherches ont été faites dans ce domaine
social. Nous citons la recherche faite par NIYUHIRE intitulée «
l'approche psychoaffective de la relation parents-enfant unique et les
incidences possibles sur son éducation»(2009). NIYUHIRE a
trouvé que les relations conjugales entre les parents d'enfant unique se
trouvent compromises du fait que l'existence de ce seul enfant est
perçue comme une déception aux aspirations essentielles du couple
qui souhaiterait avoir plusieurs enfants et cela a une incidence
négative sur l'éducation de celui-ci.Une autre recherche faite
dans le même domaine est celle de BUKEMEintitulée « les
attitudes des parents du milieu rural face à la politique de
l'égalité des genres en matière de
succession»(2008). BUKEME a trouvé que le droit à la
succession des femmes n'est pas pour un proche avenir, car les
mentalités des parents ruraux ne sont pas encore mûres pour
l'égalité des genres.La troisième recherche est celle de
HATUNGIMANA intitulée «le vécu psychosocial des couples
à progéniture uniquement féminine»(2008).
Celui-ci a trouvé que dans leurs relations familiales et sociales, ces
couples rencontrent des difficultés d'ordre psychologique et social.
L'originalité de notre apport est que nous avons
étudié la place du fils unique dans une famille comptant une
progénitureà majoritéféminine. Nous nous limitons
sur les relations que tissent les membres de la famille, les traitements
réservésà ce fils unique et les conséquences que
celui-ci peut avoir suite à son unicité.L'idée d'une telle
recherche nous est venue du souci d'orienter les parents dans la façon
de s'y prendre pour éviter toute tendance de considérer ou de
traiter les enfants différemment selon qu'ils soient fils ou filles.
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