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Les déterminants géopolitiques des difficultés de la gestion communautaire des conflits en Afrique de l'Ouest. La CEDEAO face au règlement de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte-d'Ivoire.


par Christophe C. H DAVAKAN
Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Paris - Master 2 en stratégie internationale 2018
  

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1.2- La fermeté Sénégalaise ou l'heure des comptes entre Wade et Gbagbo

L'impact direct d'une crise majeure en Côte d'Ivoire sur le Sénégal n'est pas significatif. Les échanges commerciaux entre les deux pays restent marginaux même si la Côte d'Ivoire constitue la locomotive de la zone UEMOA dont les deux Etats sont membres. A la différence donc du Burkina-Faso et du Mali , le Sénégal, favorisé par sa position géographique et son accès direct à l'océan atlantique n'avait pas à redouter les conséquences d'une nouvelle guerre civile en Côte d'Ivoire avec acuité. En revanche, depuis la crise de septembre 2002 et le discours xénophobe tenu par les partisans du président Laurent Gbagbo, les autorités sénégalaises nourrissent de réelles craintes pour la sécurité de la très forte diaspora de leur pays en Côte d'Ivoire. Pour Abdoulaye Wade, un atermoiement de la médiation pourrait offrir au président Gbagbo le moyen de se réorganiser pour mener des représailles contre les intérêts de tous les Etats qui n'ont pas accepté d'adouber sa sacralisation par le Conseil constitutionnel ivoirien. Abdoulaye Wade voyait donc les intérêts économiques de la diaspora sénégalaise en Côte d'Ivoire menacés par Gbagbo.72 Mais la raison la plus déterminante de la radicalisation de la position du Sénégal est plutôt liée aux rapports personnels entre les présidents Wade et Gbagbo.

Premier médiateur dans la crise ivoirienne de septembre 2002, en sa qualité de président en exercice de la CEDEAO, Abdoulaye Wade fut subrepticement éjecté de la médiation au profit d'un groupe de contact de la CEDEAO présidé par le Président togolais Gnassingbé Eyadéma. frustré et mécontent, le président sénégalais qui se vantait d'avoir obtenu au cours de sa brève médiation un cessez-le-feu des parties en conflit a multiplié les invectives contre certains de ses pairs ouest-africains dont Laurent Gbagbo qu'il soupçonnait d'avoir manoeuvré pour l'écarter de la médiation. La situation s'est envenimée au point où le sommet extraordinaire organisé par Wade en tant que président en exercice de la CEDEAO le 18 décembre 2003 sur la crise ivoirienne a été boycotté par la majorité des Chefs d'Etat membres de l'organisation. Ces derniers « voulaient traduire leur mécontentement suite aux différentes

72

Wyss, (Marco), Bienfait ou malédiction pour les efforts de maintien de la paix onusien et africain? le rôle de la France dans la crise ivoirienne, in la côte d'Ivoire d'une crise à l'autre, l'Harmattan, 2014, p 97.

69

déclarations de A. Wade.«73 Pour répondre à cette humiliation, Wade déroute la médiation et fait prendre la main à la diplomatie française.

« En effet, alors que les belligérants se trouvaient chez Eyadéma, A. wade annonça que les négociations ne portaient pas leurs fruits, et posa les jalons d'une discussion ivoiro-ivoirienne à Paris. C'est dans ce contexte qu'il faut situer l'initiative de la France qui, en organisant les assises de Linas-Marcoussis en janvier 2004, n'avait d'autre objectif que de court-circuiter les efforts du président togolais.« 74 Ce passif que entache remarquablement les rapports entre Wade et Gbagbo, malgré les apparences diplomatiques, ajouté aux relations très amicales du président sénégalais avec Alassane Ouattara ont indubitablement pesé dans la position du Sénégal en faveur d'une intervention militaire pour faire plier Gbagbo. Mais ce soutien de taille parmi les voix qui portent au sein de l'organisation communautaire ouest-africaine ne sera as suffisante pour réaliser l'unanimité sur la question de l'usage de la force pour faire céder Gbagbo. Certains Etats ouest-africains s'opposent ouvertement à une intervention militaire.

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"Ceux qui vivent sont ceux qui luttent"   Victor Hugo