WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les déterminants géopolitiques des difficultés de la gestion communautaire des conflits en Afrique de l'Ouest. La CEDEAO face au règlement de la crise post-électorale de 2010-2011 en Côte-d'Ivoire.


par Christophe C. H DAVAKAN
Institut de Relations Internationales et Stratégiques - Paris - Master 2 en stratégie internationale 2018
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2- La défiance sud-africaine

Auréolée par son passage en douceur du régime de l'apartheid à une démocratie exemplaire, le succès de son approche originale de réconciliation nationale pour refermer les clivages sociaux nés du système de la ségrégation raciale et le prestige international de Nelson Mandela, l'Afrique du Sud se voit naturellement investie du rôle d'objecteur de conscience et de garant des intérêts de l'Afrique au sein de la communauté internationale. Avec sa diplomatie plutôt décomplexée, comparativement à ses pairs africains, l'Afrique du Sud post-apartheid n'a pas tardé à trouver une place de porte-parole des intérêts africains et se positionner comme un interlocuteur légitime au sein des coalitions Sud-Sud ou des groupes des 77 et des BRICS dans le combat pour une refonte du système international, pour l'avènement d'une Afrique moins marginalisée sur la scène internationale.

Dans cette perspective, « l'Afrique est un terrain central de la stratégie de diplomatie sud-africaine. l'Afrique du Sud a initié et porté les grands projets d'intégration régionale (UA, NEPAD, APRM). 60 Elle s'est directement investie, et sans compter, dans la résolution des crises ( République démocratique du Congo, Burundi, Zimbabwe, Soudan, etc.). Déjà active par le passé en Côte d'Ivoire, puisque Thabo Mbeki, alors président, avait fait office de médiateur au nom de l'UA entre les parties ivoiriennes de 2004 à 2006, l'Afrique du Sud se devait de s'impliquer dans la crise post-électorale ivoirienne.«61 Ce volontariste qui cache sans doute des intentions inavouées en raison de la position ambiguë62 adoptée par le pouvoir sud-africain dès le début de la crise ne tardera pas à mettre en difficulté le processus mis en route par la CEDEAO. Un peu timoré quant à la reconnaissance officielle des résultats tels que certifiés par le représentant du Secrétaire général des Nations Unies au départ, l'Afrique du Sud finit par dévoiler ses vraies appréciations de l'imbroglio ivoirien le 21 janvier 2011

60

UA: Union africaine

- NEPAD: New Partnership for Africa's Development, entendu Nouveau Partenariat pour la Développement de l'Afrique.

61

62

- APRM : African Peer Review Mechanism.

Darracq, (Vincent), Op cit.

Par un communiqué rendu public le 4 décembre 2010, au lendemain de la proclamation des résultats certifiés par l'ONU et sa récusation par le Conseil Constitutionnel, le gouvernement sud-africain a déclaré en substance, « prendre note« de la situation. Ce communiqué sera suivi le 8 décembre d'un deuxième qui s'abstient toujours de reconnaître ouvertement la victoire de M. Alassane Ouattara, tout en s'alignant sur la position de la CEDEAO et de l'UA pour demander le départ de M. Laurent Gbagbo.

61

lors du sommet du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l'UA. Par la voix de son président, Jacob Zuma, elle exprime sa nouvelle position qui remet en cause la validité des résultats issus du scrutin du 28 novembre 2010 et certifiés par l'ONU, et estime prématuré de désigner un vainqueur, prenant ainsi le contrepied de la CEDEAO, de l'UA et de toute la communauté internationale. Cette clarification de la position de l'Afrique du Sud intervient au moment où la probabilité d'une intervention militaire de la CEDEAO, fortement influencée par le Nigeria se précise. Une manière sans doute de couper l'herbe sous les pieds du «rival« nigérian qui pourrait voir sa cote nettement appréciée par la communauté internationale par le rétablissement de la légitimité des urnes en Côte d'Ivoire. Aussi, selon certains observateurs, « les liens forts qui lient le président Jacob Zuma à l'angolais José Eduardo Dos Santos, fervent soutien de Laurent Gbagbo, et à Atiku Abubakar, le rival du nigérian de Goodluck Jonathan, expliquent la position sud-africaine de remise en cause du verdict des urnes proclamé par la CEI et avalisé par le représentant du Secrétaire général des Nations-unies.«63

La diplomatie sud-africaine a montrer de l'entregent jusqu'à obtenir du sommet du Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA du 21 janvier 2011, un compromis de l'ensemble du continent africain qui a validé la nomination d'un autre panel de Chefs d'Etat africains en remplacement de celui nommé par la CEDEAO lors de son sommet extraordinaire du 7 décembre 2010 à Abuja. L'organisation ouest-africaine a été court-circuitée lors de la visite des quatre Chefs d'Etat nommés par l'UA à Abidjan en janvier 2011 puisqu'aucun de ses représentants n'y a été convié, ce qui a contribué à refroidir considérablement les relations avec l'UA.64 Prenant tous les acteurs de la médiation au dépourvu, au moment même où le panel de Chefs d'Etat nommés par l'UA se trouve en séjour à Abidjan, l'Afrique du Sud communique à la presse l'acceptation par les protagonistes de la crise d'un compromis du type de « power sharing »65, une approche de solution durable de paix à laquelle elle croit pour l'avoir insufflée avec plus ou moins de succès au Kenya et au Zimbabwe. Assurée d'avoir pris les commandes du processus de paix en Côte-d'Ivoire, le pouvoir de Pretoria envoie dans les eaux ivoiriennes un navire battant pavillon sud-africain devant accueillir les

63

Rouppert, (Bérangère), La Côte d'Ivoire un an après: Rétrospective sur cinq mois de crise électorale, ses impacts et ses questionnements, Les rapports du GRIP, Janvier 2012, p 21.

64

65

Rouppert, (Bérangère), Op Cit, p 22.

Dans l'entendement de l'Afrique du Sud la solution à la crise passe par un compromis

d'une présidence alternée entre les deux leaders.

62

protagonistes de la crise pour un accord de partage du pouvoir. A cette démarche, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara tout comme l'UA, et naturellement la CEDEAO opposent une fin de non recevoir. Finalement mise en minorité, notamment par le panel de Chefs d'Etat de l'UA lors d'un sommet extraordinaire tenu le 10 mars 2011 à Addis Abeba et dont le rapport reconnaît sans ambages la victoire de Alassane Ouattara, l'Afrique du Sud reconnaît officiellement le sérieux de la certification des résultats par le représentant du Secrétaire général des Nations-unies et fait volteface. Sûrement voyant le rapport de force de plus en plus défavorable à sa position, elle a préféré s'éviter un isolement international qui pourrait entacher sa crédibilité et ruiner ses espoirs de consécration par la communauté internationale comme porte-voix de l'Afrique en accédant au statut de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations-unies. La CEDEAO voit dans ce revirement sud-africain une indéniable victoire en raison de la constance de sa position, favorable à la reconnaissance de la victoire de Alassane Ouattara depuis le début de la crise. Mais pour autant, cette nouvelle avancée ne procure pas à l'organisation sous-régionale un blanc seing pour évoluer dans le processus de médiation puisque l'éventualité d'une intervention militaire envisagée dans le règlement de la crise semble profondément diviser les Etats membres.

63

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld