II. Les entérocoques résistants à
la vancomycine :
Les ERV ont émergé récemment au CHU
Constantine, et ils sont considérés comme un grand
problème en matière d'infections nosocomiales en raison de leur
multi résistance aux antibiotiques, qui peut conduire vers une situation
d'impasse thérapeutique.
Dans notre étude, le taux des ERV signalé est de
17,14 % (54 isolats/315prélèvements), ce chiffre est très
proche de celui rapporté par le réseau algérien de
surveillance de la résistance aux antibiotiques pour l'année 2016
pour l'Enterococcus faecium résistant à la vancomycine qui est de
21,42 % (33/154) [33]. Et aussi celui décrit dans le
rapport national « Antibiotic Resistance Threats in the United States
» du Center for Disease Control and Prevention (CDC) qui montre une
prévalence des ERV de 30% [133]. Par contre à
Annaba, d'après une étude faite en 2012, des chiffres plus bas
ont été annoncé, de l'ordre de 3,2%
[36].
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Les bactéries hautement résistantes
émergentes
Selon nos résultats, Les ERV sont plus isolés
chez les patients de sexe masculin (51.85%) que féminin. Cette
prédominance a été rapportée également au
canada en 2004 avec un taux de 51.26% [134].
Dans notre étude les services les plus touchés
par les ERV sont ceux du centre des brulés, nurserie, pédiatrie
avec des taux d'isolement respectifs de 44.44 %, 20.37 %, 18.51% , puis
viennent les services de chirurgie et la médecine interne avec un faible
taux de 3.70%, suivies par la réanimation ,urgences médicales,
rhumatologie et hématologie avec 1.85% . Les patients
hospitalisés au service du centre des brulés présentent le
plus grand risque d'isolement des ERV, vu la durée d'hospitalisation
(qui est généralement longue), la sévérité
de la maladie, l'usage d'un certain nombre de dispositifs invasifs (sondes
urinaires, cathéters, ventilation, intubation...), et les traitements
antibiotiques utilisés à large spectre.
Nos ERV sont plus isolés à partir des
prélèvements d'urines avec un taux de 42.37%, en rapport avec la
colonisation fécale, et d'hémoculture (35.59 %), les suppurations
et les sondes urinaires ne représentent que 10.17% et 6.77%
respectivement, et en dernière position vient le liquide
péritonéal, la perlèche et cathéter avec 1.69 %
chacun. Nos résultats sont similaires à ceux trouvés dans
une étude en Turquie en 2008, sur 100 souches d'entérocoques
isolés d'ECBU 18.2% étaient résistantes aux glycopeptides
[30].
On note que la première alerte d'isolement d'ERV en
Algérie était en Mars 2011, la souche a été
isolée à partir d'un prélèvement de plaie, au CHU
Mustapha Bacha[34].
Notre étude s'étale sur une durée de
seize mois allant du 1er janvier 2018 au 30 avril 2019, le taux d'isolement des
ERV était en nette augmentation durant cette période, avec un pic
au mois de mars 2018 (7.65 %), suivi par une diminution jusqu'au mois de juin
(1.7%), et une ré-augmentation au mois de juillet ( 2.12%), pour
disparaitre complètement au mois de septembre, puis une
légère augmentation au mois de mars (2.5%). Dans une étude
faite en France au niveau du CHU Nancy en 2016, le pic d'isolement a
été constaté également en mois de mars.
Enterococcus faecium est l'espèce la plus isolée
dans les ERV par rapport à Enterococcus faecalis, avec un taux de 89,83
%.
Concernant le profil de résistance de nos isolats
d'ERV, on a noté des fort taux de résistance aux antibiotiques
actifs sur ces souches, notamment les béta-lactamines : avec
Discussion Page 92
Les bactéries hautement résistantes
émergentes
96,42% pour la pénicilline et 94.11% pour
l'ampicilline, tétracycline (85%), érythromycine (93.10%),
rifampicine (75%) et bactrim (61.40%). Ces résultats sont
approximativement proches de ceux retrouvés au Canada en 2004
[134].
L'identification et la caractérisation du gène
de résistance ont été confirmées pour quelques
souches par PCR, qui ont révélés la présence du
gène VanA.
Malgré leur faible pouvoir pathogène, les ERV
sont considérés comme un grand danger pour nos hôpitaux, du
fait de leur haut niveau de résistance aux antibiotiques avec risque de
transmission des gènes de résistance notamment le gène Van
A au Staphylococcus aureus [135].
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