V.2 Les EPC:
Les carbapénèmases constituent une menace de
santé publique à l'échelle mondiale du fait de leur
dissémination rapide au sein d'une même espèce mais surtout
d'une espèce à l'autre [37].
Le premier épisode impliquant une
entérobactérie productrice de carbapénèmase (EPC)
en France a été signalé en 2004. Depuis cela , 2026
épisodes de ce type ont été signalés par les
établissements de santé et/ou le centre national de
résistance aux antibiotiques en France (CNR) ou d'autres laboratoires
experts (figure suivante). Le nombre d'épisodes impliquant des EPC a
connu une augmentation très nette entre 2009 et 2013. Une tendance
à la stabilisation a été observée entre
l'été 2013 et l'été 2014 ; cependant, depuis
septembre 2014 et jusqu'à aujourd'hui, le nombre de signalements est
reparti à la hausse, et notamment depuis la fin de l'été
2015. En effet, on observe une nette augmentation des signalements entre mars
et septembre 2015 (466 épisodes contre 388 entre septembre 2014 et
février 2015) [37].
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Les bactéries hautement résistantes
émergentes
Figure 5 : Nombre d'épisodes impliquant
des EPC en France signalés à l'InVS entre janvier 2004 et le 04
septembre 2015 (n = 2026)
Les carbapénèmases les plus fréquemment
retrouvées chez les entérobactéries sont de type KPC, NDM
et OXA-48 et l'espèce la plus souvent en cause est
K.pneumoniae, qui constitue le réservoir majeur de ces enzymes
[38] .Mais la fréquence de carbapénèmases
est également élevée chez Escherichia coli,
Enterobacterspp.,Citrobacterfreundii (C.freundii) et
Serratiamarcescens (S.marcescens). Certaines souches ont
diffusé à une vitesse alarmante à travers le monde et ont
atteint de hauts niveaux d'endémicité [37].
En effet, le support génétique plasmidique de
ces enzymes explique le risque de transmission horizontale et la survenue
d'épidémie. Les trois carbapénèmases les plus
répandues appartiennent aux trois classes (A, B et D) de la
classification d'Ambler : KPC, NDM et OXA-48. Les EPC produisant une enzyme de
type KPC sont principalement responsables d'infections nosocomiales, alors que
les EPC produisant une enzyme de type NDM ou OXA-48 sont responsables à
la fois d'infections nosocomiales et communautaires [39].
Les principaux réservoirs des KPC
(carbapénèmase) sont K.pneumoniae aux États-Unis,
en Israël et en Grèce, ceux de NDM sont K.pneumoniae et
E.coli en Inde et ceux
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Les bactéries hautement résistantes
émergentes
d'OXA-48 sont K.pneumoniae et E.coli en
Afrique du Nord et en Turquie [40].
Le rapport du réseau algérien de la surveillance
de la résistance aux antibiotiques de l'année 2016 a
rapprté un taux de 2,14 % des EPC (97/4523) [33].
Au niveau du CHU Batna, la fréquence d'isolement des
entérobactéries résistantes aux carbapénèmes
est de 2,88 % (50/1737). Il s'agit de klebsiella pneumoniae et
Enterobacter cloacae .Au laboratoire, les tests phénotypiques
et génotypiques mettent en évidence une production de
carbapénémase dans la quasi-totalité des cas, de type
oxacillinase (Oxa-48) [41].
V.2.1 KPC :
La diffusion des enzymes de type KPC est actuellement
préoccupante. Leur dissémination n'a cessé d'augmenter
depuis leur découverte en 1996 aux États-Unis, notamment dans
l'État de New-York, à Porto Ricco, en Colombie, en Israël,
en Italie et en Grèce[42].
Figure 6: Distribution géographique des
entérobactéries productrices de carbapénèmase
KPC
Ces souches ont également été
décrites en Amérique Latine avec des zones endémiques,
notamment en Colombie et en Argentine ; ainsi que quelques cas rapportés
en Asie du Sud-Est et en Inde [39].
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émergentes
En Europe, les KPC ont été décrites en
Grèce, en Israël et en Italie où elles sont à l'heure
actuelle endémiques[43].
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