B. La cour constitutionnelle : organe politique
Un organe est considéré comme politique s'il est
désigné ou nommé discrétionnairement par des
autorités politiques, membres du Parlement et/ou de
l'Exécutif.Composée de neuf membres dont trois
désignés par le CSM, trois autres par le Président de la
république et les trois derniers par le Parlement, toute la Cour est
nommée par le Président de la République. La nomination
des membres de la juridiction constitutionnelle pose essentiellement le
problème de
37Article 5, alinéa 1 de la loi organique
n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la
Cour Constitutionnelle
38Article 2, point 2 de la loi organique n°
13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
Constitutionnelle
39Article 90 de la loi organique n° 13/026 du
15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
Constitutionnelle
40Article 93 de la loi organique n° 13/026 du
15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la Cour
Constitutionnelle
41Article 95, alinéa 2 de la loi organique
n° 13/026 du 15 octobre 2013 portant organisation et fonctionnement de la
Cour Constitutionnelle
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la politisation de l'institution et celui de la
légitimité de ses membres. La politisation des nominations n'est
pas inévitable, quel que soit le mode de désignation. C'est pour
atténuer cette politisation que les différentes constitutions ont
prévu la présence au sein de cette juridiction des magistrats et
des juristes ayant une forte expérience professionnelle. Mais, là
aussi, se trouve une fausse croyance, selon laquelle seule la qualité de
magistrats professionnels garantirait l'indépendance et
l'impartialité des juridictions et notamment la juridiction
constitutionnelle.
La Cour constitutionnelle congolaise semble alors se situer
à mi-chemin entre ces deux types d'organes. La désignation par
les autorités politiques plaide pour un organe politique. Mais
l'exigence des qualités de juristes professionnels à
l'expérience éprouvée pour les deux tiers des membres,
c'est-à-dire six des neufs, fait pencher vers un organe de type
juridictionnel, sans oublier son appellation de "Cour" qui relève de la
terminologie juridictionnelle. En France, la juridiction de même nature
est dénommée "Conseil". On peut donc s'attendre à ce que
la Cour constitutionnelle soit un organe politico-juridictionnel, sinon tout
simplement une juridiction constitutionnelle. Il s'agit cependant ici d'une
projection dans le futur que confirmera ou infirmera la jurisprudence de ladite
Cour. Par ailleurs Cette qualification remet en cause l'indépendance du
juge constitutionnel et constitue donc un affaiblissement assez important quant
aux garanties reconnues au juge constitutionnel.
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