4.3.3. Etat actuel
Aujourd'hui, le village de Kouré ne fait pas exception
à la forte croissance démographique qui se remarque sur
l'ensemble du territoire nigérien, avec une densité de population
de 55 habitants au km2 (PURNKO 1997, citée
par Laminou 2005).
Celle-ci est à l'origine de la destruction du massif
forestier à travers l'extension des surfaces de cultures
(défrichement), le surpâturage, la coupe abusive de bois.
A cela s'ajoutent l'augmentation du cheptel,
l'avènement d'un feu de brousse vers 1975 (source orale :
Ousseïni Sidikou, notable du village de
Kouré Zarma âgé de 82 ans) et
l'irrégularité des pluies dans le temps et dans l'espace sont
aussi des facteurs qui ont conduit à la dégradation du potentiel
naturel et particulièrement du massif forestier du village de
Kouré.
La progression moyenne du front agricole dans la brousse
tigrée évaluée à partir d'images satellitaires et
de diverses études a été estimée à
près de 22 ha par an (Djibo 1997, cité par
Laminou).
4.3.4. Espèces menacés
Le massif forestier, a été décimé
au cours des dix dernières années. Selon les
enquêtés les plus âgés, un grand nombre
d'espèces qui jadis existaient à perte de vue autour du village,
ont complètement disparues. C'est le cas des espèces comme :
Ø « Zata »* dont
nous n'avons qu'un seul individu et cela grâce à un habitant du
village qui nous y a conduit en nous confirmant que c'est l'un des rares pieds
qui existe encore dans tous Kouré. Cette plante est convoitée
avec acuité à cause de ses vertus médicinales, même
les rares derniers pieds qui subsistent font l'objet de
prélèvement d'organes (racines, écorces, feuilles) par les
tradi-praticiens ;
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Photo n°11: un pied de zata Photo n°12 : des
feuilles de Zata
(Kouré, les 1er et 2 janvier 2013)
Ø « N'koko » qui
est l'un des aliments favoris de la Girafe de Kouré. Elle est de plus en
plus rare à cause de plusieurs raisons liées au climat et aux
actions humaines (feu de brousse, coupe abusive, etc.) ;
Ø « Zam-touri » de
son nom scientifique Prosopis africana est une espèce en voie
de disparition dans cette localité.
Les villageois reconnaissent qu'elle possède un bois
résistant et prompte à l'utilisation dans plusieurs domaines :
fabrication de mortiers, pilon, confection de greniers, hangars, sommier de
lit, pilier de case, etc.;
Ø « Kulu-kulu »*,
elle est aussi une espèce de très grande valeur pour les
villageois. Ils la consomment pendant la période de soudure, lorsque les
greniers sont vides. Son utilisation extensive est à l'origine de sa
disparition dans la localité.
NB : * indique que le nom
scientifique est méconnu de nous.
A part les espèces citées ci-haut, de nombreuses
espèces ont peu à peu disparus au fil des années et
d'autres sont de plus en plus menacées de disparition. Cela à
cause de l'exploitation abusive du potentiel forestier de la localité.
Celle-ci s'accentue depuis la fermeture du MRC.
D'après nos enquêtes, beaucoup de villageois
affirment qu'avant l'avènement du MRC ils ne s'adonnaient pas à
la coupe du « bois vert ». Seul le « bois mort »
était extrait du massif forestier et des unités d'occupation, car
pour eux la coupe du « bois vert » constitue un «
sacrilège ». Aujourd'hui encore les agriculteurs continuent de
garder délibérément dans les champs une grande partie des
tiges de céréales après les récoltes, afin de
fertiliser le sol et de permettre aux animaux qui s'en nourrissent de
contribuer à la fertilisation des sols par leurs excréments.
L'autre partie sert à la construction des clôtures, hangars et
salles de Classes dans les écoles.
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