I.2.1.4. Historique et but de la création du
PNM
Avant la colonisation, le site du PNM actuel était une
zone naturelle gérée par les chefs traditionnels.
L'administration coloniale française classa cette zone en réserve
de faune en 1951, dénommée Réserve de Faune de Manda, car
elle débutait au village de Manda, sa superficie était alors de
104 000 ha. Elle devint une Réserve Territoriale en 1953, avec une
augmentation de sa superficie à 108 000 ha. Le 19 mars 1965, le
décret présidentiel n°56/EFC/1965, l'a érigée
en parc national « pour la propagation, la protection et la conservation
de la vie animale et végétale dans un intérêt
scientifique et éducatif » (Ouya, op.cit). Le
décret n° 56/EFC/1965 a été suivi en 1966 d'un
déguerpissement quasi-total des villages qui se trouvaient à
l'intérieur de l'AP (Koutou et Djoli y sont toutefois partiellement
restés). Parmi les villages déguerpis, on peut citer: Doguigui,
Doboro, Maïbouyou, Missi, Yanga, Mbaïnaka, Koro, Kemkian, Massa,
Gori, Kara, Ngargoli etc. Certains de ces villages ont aujourd'hui disparu
(comme Nda), d'autres ont changé de nom (Anonyme, 2011 a).
Le PNM proprement dit a été créé
sur le site de l'ancienne réserve le 19 Mars 1965 (décret
n°56/EFPC) afin de préserver la biodiversité typique de la
zone soudanienne, et plus spécifiquement :
« Ce parc national est constitué en vue de la
propagation, de la protection et de la conservation de la vie animale sauvage,
et de la végétation sauvage dans un intérêt
scientifique et éducatif au profit, à l'avantage et pour la
récréation du public » (art.2). Ses limites d'alors ont
étés modifiées par le décret n°243/PR/EFPC/PNR
du 23 Octobre 1967, portant la superficie à 114 000 ha par l'adjonction
d'une zone de collines rocheuses au Nord du parc dans le canton Niellem. La
végétation du PNM fait partie du biome « savanes et
forêts
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claires soudaniennes » classé en danger par le WWF
et figurant parmi les 200 écorégions essentielles au monde pour
la conservation de la biodiversité globale (Worgue, 2012).
I.2.1.5. Services écosystémiques du
PNM
Les services fournis par les écosystèmes peuvent
être le maintien de la quantité et de la qualité de l'eau,
la fourniture de ressources issues de la biodiversité pour
l'alimentation, le carburant ou les médicaments, la séquestration
du carbone, la beauté du paysage et l'élevage d'espèces
sauvages favorisant le tourisme et l'écotourisme, et bien d'autres
choses. Les services fournis par les écosystèmes peuvent exister
à une échelle quelconque, depuis le niveau local ou national et
jusqu'au niveau international (Rane et Peter, 2009).
Selon le Millenium Ecosystem Assesment (2005) les services
écosystémiques sont répartis en trois grands groupes,
à savoir :
- les services d'approvisionnement,
- les services de régulation,
- les services à caractère socio-culturelles.
Les services écosystémiques offerts par le PNM,
le sont non seulement aux habitants de la périphérie, mais
également de manière plus large à la population
régionale, et jusqu'à la capitale N'Djamena située au bord
du Chari (Anonyme, 2011 a).
Tableau I: Services environnementaux du PNM
Groupe de service
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Service environnemental
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Services
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- Plantes médicinales
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d'approvisionnement
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- bois de chauffe (bois mort)
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- braconnage
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- pêche clandestine
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- produits forestiers non-ligneux
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- pharmacopée
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- fourniture d'eau à usage agricole et domestique
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- réservoir du vivant
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services de régulation
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- Atténuation de l'effet des sécheresses
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- Fonctionnement de l'écosystème naturel
d'inondation du
fleuve Chari, confluence des bassins versants du Chari (du
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Bahr Sara, du Bahr Salamat)
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- Régulation de l'érosion et des coulées de
boues
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- zone humide (habitat d'oiseaux aquatiques), rechargement
des nappes phréatiques et prévention des
inondations
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- zone de mise en défens pour les poissons du Chari et
Bahr
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Sara
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- purification et maintien de la qualité de l'air
- régulation du climat au niveau local, régional et
global
(stockage de carbone)
- préservation des berges du Chari et lutte contre
l'érosion des sols par la persistance de la
végétation
|
services
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socio-
|
- Sites sacrés (mares, forêts sacrées, sites
d'initiation,...)
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culturelles
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- témoin scientifique de la végétation
soudanienne d'origine
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(non modifiée)
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- Cultes traditionnels
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- Maintien de la qualité de l'environnement olfactif et
sonore
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- Chasse sportive et pêche de loisir en eau douce
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- Support de recherche représentatif de la flore
soudanienne et
sahélo-soudanienne
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- Développement des savoirs éducatifs et
excursions
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