I.2.5. Point sur la REDD+
Adoptée par la COP16 de la CCNUCC, la REDD+ comprend
des approches politiques et les incitations positives sur les questions
relatives à la réduction des émissions dues à la
déforestation et la dégradation des forêts dans les pays en
développement.
Le mécanisme REDD+ prévoit des compensations
financières pour les pays qui réduisent la déforestation
et la dégradation des forêts, et qui évitent les
émissions de gaz à effet de serre associées (Fayolle et
al., 2010).
L'idée est apparemment simple et séduisante :
financer la non-déforestation en octroyant aux pays concernés une
compensation financière calculée notamment sur les services
rendus par la forêt parmi lesquels bien évidemment
l'économie que représente le non déstockage du carbone
(Joël et Laurent, 2010).
A l'origine de l'augmentation de la température global,
il y a les GES, en premier l'élément carbone (C). C'est en cela,
que Houghton (1995) estime que les émissions correspondant au changement
de l'utilisation du sol (déboisement et augmentation des pâturages
et des terres cultivées) ont émis dans l'atmosphère un
dégagement net de 25 Pg C soit 25.106 tonnes de carbone entre 1850
à 1990. Puisque la conservation des forêts est reconnue comme une
solution de choix pour réduire les émissions de GES et augmenter
leur séquestration, la naissance d'un marché de carbone va voir
le jour, à la clé deux concepts essentiels dont :
l'évaluation du carbone séquestré et la méthode
allométrique de quantification de l'élément C.
La REDD+, en tant qu'idée, a tout d'une
réussite. Elle a suscité un grand enthousiasme quant aux
possibilités qu'elle offre de lancer le travail d'atténuation du
changement climatique de façon rapide et peu coûteuse. Nulle autre
idée pour sauver les forêts tropicales de la planète n'a
engendré un enthousiasme et un engagement de fonds comparables à
ceux suscités par la REDD+ (CIFOR, 2012).
La mise en oeuvre de la REDD+ comporte trois phases
(préparation, réformes des politiques générales et
action basée sur les résultats). De même les recherches sur
la REDD+ avancent sur trois générations (CIFOR, op.
cit). La première porte: sur la conception de la REDD+ et
capitalise les enseignements à dégager des expériences
associées passées. Elle se penche sur le contexte institutionnel
et comment gérer certains défis particuliers comme la fuite,
l'additionnalité et la permanence, et les politiques précises. La
deuxième génération quant à elle aborde: les
contours économiques, politiques et la mise en oeuvre de la REDD+. Elle
tente de répondre aux aspects qui entravent ou permettent les
décisions sur les politiques et projets de REDD+ ainsi que leur mise en
oeuvre. La troisième génération évalue: l'impact
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de la REDD+ sur le carbone forestier et les moyens de
subsistance locaux. Elle aborde aussi les mécanismes de mesures des
résultats de la REDD+. En effet ces trois générations de
recherches se succèdent et suivent la mise en oeuvre de la REDD+
elle?même (CIFOR, op. cit).
En Afrique centrale, c'est-à-dire dans les tropiques,
très peu d'études ont étés menées sur
l'évaluation du carbone séquestré. Le constat est plus
alarmant pour les pays de la zone tropicale sèche, qui sont plus
préoccupés à combattre la sécheresse et son
corollaire (Ngomanda et al, 2013). Néanmoins les pays
forestiers du Bassin du Congo réuni au sein de la COMIFAC font
d'énormes progrès dans ce sens. C'est ainsi qu'en dehors du
derniers atelier scientifique sur les équations allométriques
tenu à Yaoundé en Avril 2013, il faut citer les travaux de :
Ibrahima et al. (2002), Zapfack (2005), Amougou (2009), Djomo (2010),
Ngomanda et al. (2013). Ces auteurs à l'unanimité
soutiennent que la capacité de séquestration d'un milieu
dépend du type d'utilisation dont il fait l'objet et de sa
diversité spécifique.
I.2.5.1. Application de la REDD+ au Tchad
Au Tchad très peu de données contribuant
à la matérialisation du processus REDD+ ont étés
collectées en dehors du dernier inventaire des GES de 1993 (CCNUCC, 2001
cit. Eco-ressources , 2012), du rapport sur l'analyse des mesures
d'atténuation appropriées au niveau national (NAMA) dans le cadre
d'un programme des Nations Unies (UN-REDD+) (Eco-ressources, op. cit.)
et de l'atelier sur la faisabilité du REDD+ d'Avril 2013 en
collaboration avec la FAO (Anonyme, 2013). L'étude la plus
récente en date est la proposition R-PP du Tchad finalisé en Juin
2014. Cela n'est pas étonnant lorsqu'il est observé que les
écosystèmes ouverts tels que les steppes, prairies et les savanes
ont souvent étés négligés dans l'évaluation
globale du Cycle de Carbone à cause soit disant de leur faible
capacité à séquestrer le Carbone (Ngomanda et
al., 2013). Il est cependant nécessaire d'estimer les stocks de
carbone pour déterminer les émissions nettes liées aux
savanes. Ces estimations étant obtenues et combinées à
l'étendue de la superficie déboisée ou
dégradée permettra de connaitre les mesures de densité du
carbone.
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