CONCLUSION GENERALE
L'analyse du processus de sélection et d'acquisition de
terres pour l'installation des camps de réfugiés au Cameroun a
également laissé entrevoir le rôle primordial des
autorités administratives et traditionnelles dans l'identification des
terres et les extensions, la faible implication de l'administration
foncière et la non-considération des usages antérieurs des
terres par les communautés hôtes. On peut également noter
une consultation insuffisante des communautés hôtes et un faible
accès à l'information sur les potentiels impacts des camps. Ceci
ne leur permet pas de donner leur Consentement Libre, Informé et
Préalable, et de participer à la recherche des solutions pour
l'intégration durable des refugies. De manière
générale, les communautés hôtes ont
bénéficié d'un certain nombre d'infrastructures sociales
du fait de la présence des réfugiés. C'est dans cette
optique que tout au long de notre étude, nous avons essayé de
répondre à la problématique suivante : En quoi
l'arrivée massive des réfugiés favorise-t-elle la
création des camps, devant abriter les réfugiés ?
De cette question principale, découlent trois questions
secondaires à notre étude, celles de savoir en premier les
logiques d'installation des réfugiés à
Gado-Badzéré et les normes édictées par l'Etat du
Cameroun dans l'encadrement des réfugiés réglementant les
questions foncières ? Deuxièmement, Comment s'opère le
choix des lieux devant servir de camps de réfugiés et les
mécanismes d'accès aux terres par les réfugiés
au-delà des camps ? en fin, Quelles mesures l'Etat et le HCR doivent
prendre pour que les réfugiés au même titre que les
communautés hôtes puissent jouir de leurs droits fonciers ? Nous
avons émis l'hypothèse principale selon laquelle le flux
migratoire des réfugiés vers Gado-Badzéré, favorise
la création des camps qui s'opère suivant un cadre juridique
assez rigoureux et des critères bien définis, afin d'abriter les
réfugiés, une fois accueillies dans la zone de Gado.
Comme hypothèses secondaires nous disons qu'il il
existe des instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs à
la protection des réfugiés une fois arrivée dans une zone
d'accueil pour des raisons sécuritaires et les normes
édictées par l'Etat du Cameroun réglementant les questions
foncières. Aussi, le processus d'attribution des terres pour
l'installation des réfugiés dans et en dehors des camps
s'opère selon des procédures et critères destinés
à garantir leur sécurité, leur accessibilité et les
droits fonciers attachés aux sites d'installation. Pour finir, L'Etat et
le HCR doivent prendre des mesures en faveur des communautés hôtes
et des réfugiés pour qu'ils jouissent chacun de leur droit
foncier.
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Tout au long de notre étude, nous nous sommes
fixés pour objectif de démontrer comment les mouvements
migratoires sont facteur de création des sites devant abriter les
refugies. Dans l'optique d'atteindre cet objectif, nous avons utilisé
dans un premier temps, la théorie du transnationalisme de Luc SINDJOUN
qui pense que de manière directe ou indirecte, les
réfugiés à travers les flux nationaux, subvertissent le
principe de souveraineté et affectent les zones d'accueil de diverses
manières et ensuite la théorie de l'institutionnalisme qui est
l'une des théories phare de notre travail car elle met en
évidence la participation des institutions internationales et nationales
au bon fonctionnement du système internationale. Le comportement de
chaque acteur du système international est d'avantage influencé
par des conditions structurelles. L'approche
hypothético-déductive comme méthode de travail nous a
soutenue tout au long de notre étude afin de vérifier nos
hypothèses.
A travers les recherches effectuées dans le cadre de
notre étude, nous avons en premier temps, identifié les mobiles
d'installations des réfugiés centrafricains à
Gado-Badzéré, (les facteurs de départ et les raisons du
choix de la destination de Gado-Badzéré). Nous y avons
identifié les dispositifs juridiques et institutionnels d'accueil des
réfugiés à Gado-Badzéré sur le plan
international, et nationales qui sont entre outre, la Convention des Nations
Unies relative au statut des réfugiés adoptée à
Genève le 28 Juillet 1951, la Déclaration des Nations Unies sur
l'asile territorial, La Convention de l'OUA régissant les aspects
propres aux problèmes des réfugiés en Afrique de 1969 et
la Déclaration Universelle des droits de l'homme de 1948 etc.
Pour le second, nous avons ressorti le processus de
sélection et d'acquisition des terres pour installer et abriter les
réfugiés et les différents modes d'acquisition des terres
par les réfugiés au de-là des camps. Il ressort de notre
étude que les différents processus de sélections des sites
et d'acquisition des terres pour installer les refugies sont entre outre : Le
niveau d'éloignement de la frontière avec le pays d'origine pour
éviter qu'il n'y ait un mouvement pendulaire entre le pays d'accueil et
le pays d'origine (plus de 25 Kilomètres de la frontière) ; La
sécurité des personnes affectées ; La disponibilité
de la terre et la possibilité d'extension; La viabilité du
terrain ; La topographie ; L'accessibilité du terrain aux services
sociaux de base y compris l'infrastructure routière et l'accès
à l'eau ; Le degré d'hospitalité des communautés
d'accueil.
Tout au long de notre étude, nous avons
été confrontées à plusieurs difficultés,
notamment la non prise en considération des institutions dans la
réponse à nos demandes d'interviews, ainsi que la rareté
de certaines informations liées à notre étude. De
même, il nous
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a été demandé, de garder la
confidentialité des personnes qui nous ont aidés dans le
processus de collecte des données via le guide d'entretien. Toutefois,
notre recherche n'a porté que sur une région
délimitée, celle de l'Est Cameroun dans la localité de
Gado-Badzéré. La question pourrait être tout autre en ce
qui concerne d'autres région du Cameroun. Ainsi, le travail que nous
avons réalisé pourrait être poursuivi et approfondi sous
différents aspects en l'étendant au niveau national.
BIBLIOGRAPHIE
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I. OUVRAGES
A. OUVRAGE GENERAUX
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2- BARA BOUKARE KHALIL, problématique
foncière et décentralisation : l'accès à la
terre en zones urbaines et rurales, sous la direction de M. BENON T.
Pascal, Mémoire ENAM, section Administration Générale,
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3- CAMBREZY LUC, territoire et dimension
géopolitique de l'accueil des réfugiés : les colonies
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5- HCR, Protection des
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6- MINFEGUE, « S'engager quand on est
réfugié centrafricain à Garoua-Boulai (Cameroun). »
Carnets de géographes, 2019.
7-
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ODELAG, « La protection et la
défense des droits fonciers des déplacés et
réfugiés », in Observatoire de l'Action Gouvernementale,
2006, p.7
8- OIM, Cameroun, Extrême-Nord : Rapport
sur les déplacements, Round 20, du 25 Novembre au 06 Décembre
2019.
9- ZOGNONG DIEUDONNE, « le Cameroun, une
destination privilégiée pour les réfugiés »,
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II. ARTICLES DE REVUE SCIENTIFIQUES ET CONTRIBUTION
D'OUVRAGE
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