PARAGRAPHE 1 : Le régime des terres au
Cameroun
Parlant du régime des terres au Cameroun, il serait
important pour nous de Présentation des différentes
catégories de terres au Cameroun (A) en suite de
montrer Procédure d'obtention des terres selon le droit étatique
(B).
A. Présentation des différentes
catégories de terres au Cameroun
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Au Cameroun, deux modes de gestion de terres coexistent,
notamment le Droit statutaire et la coutume. La juxtaposition de
l'administration publique sur les institutions traditionnelles de gestion
foncière engendre une pluralité de sources de droit. Le
système du droit étatique est construit sur les ordonnances de
197455, et leurs textes d'application. Il classe les terres en trois
grandes catégories :
Le domaine public, constitué de terres non
appropriables. Il est géré par l'État. Il comporte, entre
autres espaces pertinents pour l'analyse de la situation foncière dans
la zone d'étude, « les marécages, à l'exception des
plantations aménagées »56.
Le domaine privé, composé des terres
immatriculées au nom de personnes morales de droit public (Etat,
collectivités territoriales décentralisées par exemple) ou
de droit privé (compagnies privées, associations par exemple), ou
au nom de personnes physiques.
Le domaine national, constitué de terres ne relevant
d'aucune des deux catégories précédentes. Il
représente environ 85% du territoire national, et la plupart des zones
rurales en font partie. L'ordonnance N°74-1 fixant le régime classe
le domaine national en deux catégories :
Le domaine national de première catégorie,
comprenant « Les terrains d'habitation, les terres de culture, de
plantation, de pâturage et de parcours dont l'occupation se traduit par
une emprise évidente de l'homme sur la terre et une mise en valeur
probante »57
Le domaine national de deuxième catégorie,
composé de terres libres de toute occupation effective58.
Traditionnellement, chaque village possède des terres
qu'il revendique comme propriété commune. Au sein de ce terroir,
on distingue les terres de propriété traditionnelle, qui sont la
propriété privée d'un individu ou d'une famille qui ont en
communs une sorte d'espace protégé dans le village et qui permet
d'exercer des activités exclusives parmi les membres de la
communauté (ex. chasse, cueillette de produits forestiers,
pâturage). C'est sur ces terres collectives que se développent les
dépenses privées des membres de la communauté, par
55Il s'agit des ordonnances N°74-1 du 6
juillet 1974 fixant le régime foncier et N074-2 du 6 juillet 1974 fixant
le régime domanial. Il existe une multitude de lois et de textes
réglementaires complétant ce dispositif. Voir MINDCAF, Recueil
des textes sur le régime foncier et domanial au Cameroun,
Yaoundé, 2012.
56Voir l'article 3 de l'ordonnance N°74-2 du 6
juillet 1974 fixant le régime domanial.
57 Article 15 de l'ordonnance N°74-1 fixant le régime
domanial.
58 Voir l'article 15 de l'ordonnance N°74-1
fixant le régime domanial.
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exemple pour créer de nouvelles fermes. Un terroir
traditionnel dans un village classique se compose généralement de
trois éléments :
Les lieux d'habitation sont souvent situés le long des
pistes. Ils relèvent de la propriété privée
traditionnelle de personnes/familles bien identifiées. Les plantations,
relèvent de la propriété privée de
personnes/familles bien identifiées ; les terres communes,
relèvent de la propriété collective du village. Elles sont
gérées suivant des règles connues et acceptées des
membres de la communauté, qui dispose du pouvoir d'exclure de ces
espaces toute personne n'appartenant pas à la communauté. Le
village a également le pouvoir d'accueillir toute personne
extérieure à la communauté, et lui fixe des règles
dont le respect garantit la cohabitation harmonieuse avec les membres de la
communauté. Ces terres communes correspondent aux terres du domaine
national de deuxième catégorie, dans la nomenclature
étatique. C'est aussi l'une des principales pommes de discorde en
matière de gestion foncière : l'Etat estime qu'elles sont «
libres de toute occupation effective », alors qu'elles font partie
intégrante du système de production des communautés, qui
estiment par ailleurs qu'elles leur appartiennent.
Les lieux d'habitation et les plantations sont
généralement cessibles (par don, prêt, location ou vente)
et peuvent être transmit sous forme d'héritage. Les ventes, dons
et locations à des personnes voisines venant des autres villages ou pays
font généralement l'objet d'une validation par le chef, parce
qu'ils autorisent l'entrée « d'étrangers » au sein de
la communauté, ce qui n'est pas interdit par la tradition et reste
très réglementé.
Le territoire traditionnel est généralement bien
connu, même si parfois les limites avec les autres villages ne sont pas
très précises, surtout loin des localités
habitées.
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