Conclusion
Ce chapitre portait sur les raisons de départ et les
logiques d'installation des réfugiés au Cameroun en
général et dans la localité de Gado-Badzéré
en particulier. Les réfugiés centrafricains qui ont fui leur pays
pour se réfugier à Gado, semblent s'être installés
pour des raisons humanitaires. Ces motivations ne tiennent pas compte des
aspirations spécifiques, de la vraie valeur des réfugiés.
Certains refusent d'être reconnus comme réfugiés et
s'installent par eux-mêmes et à leur propre compte.
L'arrivée et l'installation des réfugiés centrafricains
dans la région de Gado Badzéré est le fruit d'un grand
dynamisme.
CHAPITRE II : LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES DE LA
PRÉSENCE DES RÉFUGIÉS A GADO-BADZERE ET L'ACCÈS AUX
TERRES
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Introduction
La localité de Gado-Badzéré depuis
l'arrivé massif des réfugiés, à connue et continue
de connaitre des mutations tant sur le plan socioéconomique que
démographique. Sur le plan socioéconomique, on remarque
l'émergence des nouveaux petits métiers en occurrence du commerce
pour la vente des produits agricoles. Les réfugiés de la
localité de Gado-Badzéré possèdent des terres sur
lesquelles ils cultivent les produits alimentaires afin de les écrouler
sur le marché. Outre le commerce, les réfugiés
possèdent des boutiques le plus souvent implantées sur les terres
qu'ils ont achetées. Ils justifient cette appartenance par la
présentation d'un titre foncier. Il sera important pour nous,
d'étudier dans un premier temps les dynamiques de la présence des
réfugiés dans la localité de Gado-Badzéré
(Section1) et en suite, les textes qui encadrent
l'accès des réfugiés à la terre (Section
2).
SECTION 1 : LES CHANGEMENTS DUS A LA PRESENCE DES
REFUGIES DANS LA LOCALITE DE GADO
Dans la localité de Gado, l'arrivée massive des
réfugiés à transformer la zone d'abord au niveau de sa
population, qui s'est vu augmenté de façon anarchique
(Paragraphe 1) et a aussi eu des répercussions sur le
plan socio et économique (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Les changements démographiques et
environnementaux
Le mouvement migratoire des réfugiés dans la
zone de Gado a eu des conséquences démographique (A)
et environnementale (B).
A. Dynamiques de la population
On distingue l'émergence de deux catégories de
population. La première catégorie comprend les humanitaires et
les réfugiés. Depuis le début de la guerre en
République centrafricaine, nous avons assisté à un afflux
massif de citoyens centrafricains dans la région de Gado. Il s'agit
d'une catégorie de personnes qui modifient considérablement la
démographie de leur région d'accueil. Selon le Haut-Commissariat
des Nations Unies pour les réfugiés
37
(HCR), on dénombre 24 581 en 2018, 28 181 en 2021 et 29
164 en janvier 202253. Par conséquent, ces données
fournies par le HCR montrent que la population de Gado augmente
considérablement chaque année. Les gouvernements locaux et les
institutions publiques ont pris des mesures appropriées afin de pallier
aux problèmes de surnombre des réfugiés. Ainsi, un nouveau
camp a été créé à Gado1 et Gado 2. De
nouveaux sites ont vu le jour à Gado à la suite des mesures
prises par les organismes gouvernementaux pour accroître la
capacité.
Deuxièmement, l'arrivée des humanitaires
à Gado est due à diverses crises, notamment en Afrique centrale.
Leur travail est de protéger et d'aider les réfugiés. Cela
affecte la démographie du lieu d'intervention. Avec l'arrivée des
réfugiés, de nouveaux changements se sont produits dans le
village de Gado. Vous ne pouvez pas parcourir la ville sans rencontrer ces
réfugiés de divers nationalités et d'horizons
différents.
En outre, les autres catégories de population outre les
humanitaires et les réfugiés, nous avons les forces de
sécurité et de Défense.
Ils garantissent la sécurité des biens et des
personnes et la protection des frontières. L'arrivée de
réfugiés centrafricains lors de nombreuses attaques
ultérieures a permis aux forces de défense et de
sécurité d'arriver dans la localité de Gado. En plus des
forces de défense déjà en place, d'autres sont venues les
renforcer. La présence de ces forces de défense, a modifié
la configuration sécuritaire. En outre, elles sont chargées de
protéger les personnes et les biens et sont prêtes à
réagir en cas d'attaque potentielle. Dès lors, vous remarquerez
des soldats armés stationnés dans le centre-ville de
Gado-Badzéré. La douane a également été
renforcée. Le nombre de policiers et de militaires a
considérablement augmenté, par conséquent, la population
de Gado s'est vue augmentée.
B. Les dynamiques environnementales
Des camps de réfugiés sont créés
sur des espaces vides. Ce sont eux qui amènent la transformation car
dès l'arrivée des réfugiés, les organisations et
les administrations cherchent des terrains pour héberger ces
réfugiés. Par conséquent, ils auront besoin de
matériaux comme le bois, pour construire des huttes ou des maisons de
fortune. De plus, les réfugiés auront besoin de terres agricoles
ou de champs non loin de là où ils vivent déjà.
53 Data.unhcr.org/
38
Généralement, il s'agit de terres en
jachère et des forêts qui ont été
défrichées à cet effet54. Pour cette raison,
certaines activités sont réalisées pendant leur
séjour dans la zone d'accueil. A Gado, par exemple, lorsqu'un site est
choisi, les réfugiés doivent d'abord défricher pour
installer leur abri. Au fil du temps, cette activité s'est
élargie dans le but de créer des voies d'accès,
d'instaurer un environnement sain et de favoriser l'implantation
d'activités agricoles. L'agriculture est une activité de
subsistance exercée par les hommes et les femmes. Dans ce cas, les
surfaces utilisées sont de petite taille. Mais elle peut aussi
être commercialisée et pratiquée sur des surfaces un peu
plus grandes. L'arrivée de réfugiés à Gado a
entraîné une pression accrue sur la terre.
Les modifications du couvert végétal dans la
zone d'accueil sont le résultat le plus visible de la présence de
réfugiés. Selon Richard Black, les réfugiés sont
des pollueurs, car la déforestation dans la zone d'étude a
entraîné la pollution. En d'autre, la superficie cultivée a
été augmentée par les activités agricoles,
où la plupart des matières premières sont obtenues
à partir de la forêt. De plus, les résidents prennent du
bois pour cuisiner.
Par ailleurs, les modifications du couvert
végétal d'une zone d'accueil sont sans doute le résultat
le plus visible de la présence de réfugiés. S'appuyant sur
les connaissances concernant les changements environnementaux dans les
régions du tiers monde touchées par des flux massifs de
réfugiés, Richard Black estime que l'arrivée massive de
ces réfugiés dans une localité s'accompagne de
fluctuations de la végétation, des terres, etc. Selon lui, les
réfugiés sont des pollueurs locaux. La déforestation dans
la zone d'étude a entraîné une pollution locale plus grave.
La présence d'animaux appartenant au groupe des réfugiés
centrafricains a augmenté la surface de pâturage. La superficie
cultivée est également augmentée grâce aux
activités agricoles, où la plupart des équipements
agricoles sont obtenus à partir de la forêt. De plus, les
populations collectent du bois de chauffe pour la cuisine. C'est ainsi que la
forêt qui existait là où a été construit le
camp de réfugiés de Gado a été détruit.
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