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Pratiques agricoles et dégradation des sols dans la commune de Nikki


par Adimi Alamou Achille GUIDIGBI
Université de Parakou - Master Professionnel en Géographie (Option : SIG et Dynamique Environnementale) 2020
  

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3.2 Discussion

La recherche effectuée sur les pratiques agricoles et la dégradation des sols dans la commune de Nikki a permis de conclure que les pratiques culturales ne sont pas sans incidence sur les sols. Il ressort que la dégradation des sols est caractérisée par la modification de la morphologie structurale des sols, la mort des microorganismes des sols et la mobilité des éléments chimiques des sols causée par les pratiques agricoles. Elle se résume aux facteurs responsables comme : l'utilisation excessive des intrants chimiques dans la production agricole, les activités humaines liées à la production agricole (abattage et incinération des arbres, labours parallèles à la pente), les pratiques fantaisistes de la jachère. Les causes liées aux activités humaines, sont techniques, sociales, économiques et politiques (P. Brabant (2012, p.39). Toutes ces pratiques ont des conséquences tant sur les éléments nutritifs des sols que sur la texture des sols. Parmi autres, on peut citer : la pollution de l'eau et de l'air, l'érosion sous diverses formes, la baisse du rendement agricole et l'appauvrissement des sols. La diminution des rendements des récoltes peut être indicative de la dégradation des terres, mais ce n'est pas la seule explication possible des rendements décroissants. Même si les rendements augmentent, la dégradation des terres peut également se produire, mais ses effets peuvent être masqués par les pratiques de gestion adoptées par l'exploitant agricole, telles que l'utilisation de plus grandes quantités d'engrais. En effet, ce masquage de la dégradation des terres par l'utilisation de plus en plus grande quantité d'engrais est considéré par certains auteurs comme étant la conséquence la plus grave de la dégradation des terres indiquant que les futurs rendements s'effondreront quand les exploitants agricoles ne seront plus en mesure d'acheter les engrais (E. D. Akpinfa & al. (2017, p.363). Signalons également que les causes de la baisse des rendements agricoles sont celles qui émanent des activités de l'élevage, de l'agriculture, de la chasse et de la déforestation à travers les sous-activités qui se développent autour d'elles et qui

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constituent des sources d'impacts qui influencent le fonctionnement du sol. L'identification des sources d'impacts effectuée à partir de la liste de contrôle de BISSET (1987) a permis de déterminer qu'en dehors de l'agriculture, les activités comme l'élevage, la chasse et la déforestation participent aussi à la dégradation des sols dans la commune de Nikki. Ces sources d'impacts touchent négativement les indicateurs de l'état des sols tandis que ceux du milieu humain son moins touchés en dehors de la santé des agriculteurs. L'analyse et l'évaluation des caractéristiques de croissance d'une culture de la LADA-L (2007) a permis de déterminer que les facteurs de récoltes à savoir (variété de la culture, la manière d'ensemencer les plantes, la présence des signes d'infestation, la distance entre les rangs des cultures, le comportement des animaux face aux cultures, et le traitement du champ) et les facteurs de dégradation (exposition ou non des parties des champs au vent, présences des parties des champs en pente, existence de différences dans la profondeur du sol ou des accumulations derrières des murets ou haies) participent non seulement à la baisse des rendements agricoles mais aussi à la dégradation des sols cultivables.

L'analyses des paramètres physico-chimiques du sol dont le nombre du Potentiel hydrogène (pH), la Capacité d'Échange des Cationique (CEC), le stock du Carbone Organique (CO), la quantité du Nitrogène (N) et le niveau de fertilité des sols a permis de déterminer le niveau de dégradation des sols dans la commune de Nikki. Les résultats révèlent que tous les différents types de sols de la commune de Nikki sont acides car leur teneur en pH est inférieur à 7. Le taux d'acidité de ces sols varie de légèrement acides à fortement acides. Cette acidité se traduit par la concentration de l'eau en ions H+ dans le sol. Ceci entrave la séquestration du CO et l'activité des microorganismes. Cette acidité traduit également la faible CEC dans les sols. Ceci signifie que les sols de la zone d'étude sont acides et peu favorables à la production agricole. L'acidité de ces sols constitue un handicap pour les éléments nutritifs des sols et ralentir l'évolution des plantes qui prennent leurs substances sous le sol pour leur développement. Pour une bonne production agricole dans ce cas, il faut corriger ce taux en utilisant les amendements et le compost qui peut permettre l'accroissement de la Capacité d'Echange Cationique des sols et des organismes vivants du sol de se développer. Mais comme le révèlent les résultats de cette étude ; 28,16 % des sols de la commune de

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Nikki ont une faible Capacité d'Echange Cationique (CEC) ; 35,27 % ont un taux moyen de CEC ; 26,37 % ont une forte CEC et enfin 10,20 % ont une très forte CEC. Les taux élevé du CEC variant entre faible et moyen signifie que les sols de Nikki ont une capacité moyenne de rétention ou d'emmagasinement des éléments nutritifs dans les sols.

Concernant le taux du Nitrogène (N), il ressort que 11,85 % des sols ont un très faible taux du Nitrogène ; 20,96 % ont un faible taux du Nitrogène ; 58,38 % ont un taux moyen du Nitrogène et 8,80 % ont un fort taux du Nitrogène. La faible proportion du fort taux du Nitrogène dans la commune traduit la disponibilité d'une quantité moyenne des éléments nutritifs et minéraux pouvant participer à la croissance des plantes, à l'amélioration des rendements et à la qualité de production agricole. Concernant le stock du Carbone Organique dans les sols, les résultats révèlent que 6,17 % des sols de Nikki stockent un très faible taux du CO ; 10,06 % stockent un faible taux du CO ; 8,08 % stockent un taux moyen du CO et 75, 70 % stockent un fort taux du CO. La forte proportion des sols au niveau du fort taux de stock du CO enregistré détermine l'équilibre existant entre la minéralisation et l'apport des amendes des végétaux, des débris et les résidus issus des activités agricoles dans les sols. Ce processus permet de maximiser un stock important de matières organiques qui améliorent la fertilité des sols pour la production agricole. On peut alors conclure que le faible taux du CO des sols est dû à l'absence des activités agricoles sur ces sols. Quant au fort taux de séquestration enregistré, il traduit la fréquence de la production agricole sur ces sols. Ces sols bénéficient de la décomposition des résidus des récoltes, des débris des végétaux qui accroissent le stock de matière organique. Allant dans la même logique, FAO (2017, p. 7) affirme que, la séquestration du COS est un mécanisme par lequel le carbone atmosphérique est fixé et stocké dans le sol grâce aux plantes ou aux résidus organiques. A partir du CO2, la séquestration du COS comporte trois étapes: 1) prélèvement de CO2 dans l'atmosphère via la photosynthèse des végétaux, 2) transfert de carbone du CO2 en biomasse végétale et 3) transfert du carbone de la biomasse végétale vers le sol dans lequel il est stocké sous forme de COS dans le réservoir le plus instable. Ce réservoir est caractérisé par le plus fort taux de renouvellement (de quelques jours à quelques années) et est composé de résidus de plantes récemment incorporés et est rapidement

décomposable par la faune du sol, ce qui génère souvent des émissions de CO2 en retour dans l'atmosphère. Mais, Il faut qu'on comprenne comme l'explique Nature Québec (2009, p.12) que, l'accumulation de carbone se fait principalement : lors de la photosynthèse des plantes, des arbustes et des arbres. En effet, lors de leur croissance, ils captent le CO2 et accumulent le carbone dans leur biomasse; lors de la restitution au sol de la matière organique. Cette restitution s'effectue lorsque les résidus de culture et les racines retournent au sol après la récolte, sous forme de matière organique. Cette dernière contribue ainsi à l'accumulation du carbone dans le sol; lors de l'application des fumiers. Ceux-ci augmentent la quantité de carbone dans les sols. Les variables écologiques ainsi que les propriétés physiques et chimiques des sols peuvent avoir une influence sur les accumulations de carbone organique (CO) dans les sols. La grande variabilité spatiale des stocks de C peut être attribuable à ces variables (J. L. Banville, 2009, p.84). Donc il faut retenir comme le démontre la FAO (2017, P.12), que d'une part, la biodiversité du sol contribue grandement à la formation de MOS à partir de la litière organique, contribuant ainsi à l'augmentation du contenu en COS. D'autre part, la quantité et la qualité de MOS (par conséquent de la COS) détermine le nombre et l'activité du biotope du sol qui interagit avec les racines des végétaux.

L'absence de labour augmenterait le stockage de C par une moindre minéralisation des matières organiques due à leur meilleure protection physique dans les agrégats du sol (qui ne sont plus détruits par le labour, ni exposés à la pluie lorsque le sol est nu), et à des conditions plus froides et humides dans la couche de surface du sol (C. Chenu & aI., 2014, p.26). Néanmoins, l'apport du fumier réduit l'érosion, probablement à cause de la création du complexe organominéral qui stabilise les agrégats et protège le sol contre la battance. Mais cette technique n'a pas pu être adoptée par les paysans qui, n'étant pas dans une zone d'élevage, l'ont trouvée trop contraignante malgré tous les efforts de la vulgarisation (A. Azontonde, 1993, p. 223). Selon (I. Amonmidé, 2019 p. 1857), les très bas taux de matière organique peuvent être corrigés à travers la bonne valorisation des résidus de récolte et la production locale de la matière organique qui est le socle de l'amélioration et du maintien du niveau de la fertilité des sols, et par conséquent de l'amélioration des rendements des cultures qui est le gage d'une sécurité alimentaire sûre. C'est pourquoi D. Arrouays & al, (2003, p.349) argumentait en disant

qu'il n'existe pas à l'heure actuelle de mesure indirecte fiable des stocks de C des sols. Toute estimation doit reposer sur des mesures ponctuelles, réalisées sur des prélèvements de sol. Les changements de stocks de matière organique dans les sols sont difficiles à mesurer à cause de leur forte variabilité de répartition dans les trois directions du volume «sol», ainsi qu'à cause de l'ordre de grandeur des stocks, qui est en règle générale nettement supérieur à celui des variations mesurables sur un pas de temps court. Il faut également noter que concernant le niveau de fertilité des sols dans la commune de Nikki, 5,22 % des sols ont un faible niveau de fertilité ; 57,50 % ont un niveau de fertilité moyenne et 37,28 % ont un fort niveau de fertilité. Les fortes proportions du fort et moyen niveau de fertilité des sols traduisent la densité des activités agricoles dans le milieu avec les pratiques culturales basées sur la polyculture car le niveau de fertilité des sols varie d'une spéculation à une autre. Cependant, de nombreuses caractéristiques physico-chimiques des sols (teneurs en C, N, argile, bases échangeables, niveau de CEC, pH) peuvent servir d'indicateur de fertilité des sols. Mais tous ne renseignent pas sur les processus en cause dans l'évolution de la fertilité des sols (H. Guibert, 1999, p.114). Mais Schnitzer & Skinner (1969) cité par O. Samake (2017 p.22) affirment que, la capacité élevée d'échange cationique de la matière organique implique une plus grande capacité de rétention des sols pour le calcium, ce qui entraîne une dissolution supérieure du phosphate naturel. Les fractions humiques de la matière organique forment des complexes avec le calcium, qui peuvent également réduire la concentration de calcium en solution, entraînant ainsi une solubilisation accrue des phosphates naturels.

L'analyse des paramètres physico-chimiques du sol a permis de déterminer le niveau de fertilité des sols de la zone d'étude. Du coup, on peut retenir que les différentes dégradations des sols observées dans la commune de Nikki dépendent de l'activité biologique de paramètres physico-chimiques des sols, des systèmes de production adoptées et de la dominance des champs de cultures dans le milieu. Pour K. Traore & A. M. Toe (2008, p. 59) par exemple, le système de production de l'igname tel qu'il est pratiqué aujourd'hui, est hérité des pratiques ancestrales: le défrichement précoce (entre novembre et janvier de l'année précédente) consiste à sarcler les hautes herbes et à couper les arbustes que l'on entasse autour des grands arbres; les herbes qui restent sur

place couvrent le sol jusqu'à la période de buttage qui intervient entre décembre et avril. Il faut alors réorienter les techniques de cultures vers une agriculture de conservation et de bonne pratique durables. Cependant il est intéressant d'indiquer que ces techniques, surtout le semis direct, se distinguent par une compacité plus élevée que le travail conventionnel. L'augmentation de la compacité en semis direct est due au fait que le non travail du sol permet de stabiliser le sol contrairement au travail conventionnel qui le perturbe continuellement (R. Boudiar, 2013, p.76).

Pour prévenir ou réduire les dégradations des sols dans la commune de Nikki, il est essentiel d'orienter les pratiques agricoles vers une agriculture traditionnelle peu mécanisée baser sur l'utilisation de la bourse animale, de l'humus et de fumure, l'utilisation des résidus des récoltes, la rotation des cultures, la sauvegarde de l'environnement par la protection des arbres et la variation des cultures annuellement ou vers une agriculture biologique qui adopte les systèmes agroforestiers, qui utilise moins d'engrais, diversifie les cultures et spécifie les cultures selon le milieu.

Les pratiques agricoles dans la commune de Nikki pour sa durabilité nécessitent l'application des pratiques et mesures de conservation et de gestion durable des sols agricoles.

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