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La place de la politique culturelle dans le projet d'émergence du Cameroun à  l'horizon 2035. Contribution à  une analyse des politiques publiques.


par Arouna Pountougnigni Mfenjou
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie  2018
  

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3- La culture sans politique au Cameroun

Bien qu'il soit difficile voire impossible d'admettre de nos jours l'existence des peuples sans culture comme l'aurait prétendu l'occident qui se voyait doté d'une mission civilisatrice, chaque peuple est doté d'une culture. Cette culture est une marque d'identité d'un peuple. C'est elle qui différencie les peuples. Elle est donc d'après Henri TEDONGMO TEKO « ce qui est propre à chaque groupe social et diffère d'un groupe social à un autre ».222Chaque société humaine est dotée d'un art et d'une culture. Elle est la somme des solutions qu'invente ce peuple face aux problèmes qu'il rencontre.

Le Cameroun tout comme les autres pays du monde, est doté d'une culture. Et dans cette perspective, nous convenons à la suite de Jean-Pierre WARNIER qu' « il n'existe aucune société au monde qui ne possède sa propre culture. C'est en cela que toute culture est socialisée ».223Il est important de souligner que lorsque nous parlons de culture, il s'agit des expressions culturelles qui sont diamétralement opposées aux expressions ornementales, c'est-à dire folklorique. Il ne s'agit pas de ses expressions folkloriques qu'on retrouve dans les aéroports lors de l'accueil d'un chef d'Etat étranger, des hautes personnalités étrangères par exemple. Ces expressions folkloriques voire cette folklorisation de la culture sont également

221 Entretien mené le 11/09/2017 à 11h40 au MINAC

222 Henri TEDONGMO TEKO, Sociologie de l'entrepreneuriat...Op. Cit, p.72.

223 Jean-Pierre WARNIER, La mondialisation de la culture, Paris La Découverte, 2007 4 e éditions, p.7.

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perceptible lors des manifestations protocolaires. La culture n'est pas ce folklore voire ces expressions folkloriques.

La culture est plutôt d'après le président Paul BIYA, une conjonction de valeurs humaines, morales, esthétiques, sociales par lesquelles les citoyens camerounais s'identifient ; « elle n'est donc ni le folklore des aéroports, ni les exhibitions ponctuelles des cérémonies protocolaires ».224Cette culture qui a longtemps souffert de sa folklorisation d'après lui, et qui souffre toujours d'ailleurs de cette folklorisation, nécessite la mise sur pied d'une nouvelle orientation en matière de promotion culturelle qui aura pour grande ambition de restituer sa dignité et sa fierté à l'ensemble du peuple camerounais. Il est donc paradoxale que cette prise de conscience de la folklorisation de la culture par le président Paul BIYA depuis 1987 demeure d'actualité dans la mesure où, la seule perception qu'ont certains de nos dirigeants de la culture, soit ce folklore qu'on observe lors des cérémonies qui meublent souvent les manifestations publiques.

La culture camerounaise a sa spécificité, sa singularité ainsi que sa typicité. Elle est dynamique car suivant l'ère du temps. Ce foisonnement de la culture camerounaise est corolairement liée à la multiplicité ethnique et culturelle de ce pays. Et c'est sans doute la raison pour laquelle Dominique AUZIAS, Jean-Paul LABOURDETTE et al, parlant du Cameroun diront :

Il est des voyages qui marquent. Des pays dont les couleurs imprègnent et ensorcellent, le Cameroun est de ceux-là. Les langues locales se mêlent au français, et à l'anglais ; l'animisme se conjugue à loisir avec l'islam et le christianisme, pour former un peuple des plus fascinants du monde. Un « concentré d'Afrique », « Toute l'Afrique dans un seul pays », « L'Afrique en miniature », clament souvent les slogans du ministère du Tourisme ou des tour-opérateurs.225

Mais, au demeurant, pour mieux analyser la culture de cette Afrique en miniature, ce

concentré d'Afrique dans un pays, une meilleure intelligibilité de la culture de ce pays nous impose à un exercice empirique, c'est-à dire axer notre réflexion sur l'ethnographie de la culture au sein de notre environnement social.

224Paul BIYA, Op. Cit, p.110.

225Le Magazine Le petit futé Cameroun 2013-2014, Paris, 6e édition

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3.1- L'ethnographie de la culture

Bien qu'il ne soit pas une priorité dans les politiques de développement, le secteur culturel est un secteur en effervescence, en perpétuel mouvement voire changement. Les événements à caractère culturel que nous évoquerons abondamment plus bas constituent des marqueurs et même le baromètre de la diversité culturelle de cette Afrique en miniature. Ainsi, lors de notre entretien avec le Professeur Christophe MBIDA MINDZIE, il nous faisait observé qu'un regard posé sur la culture camerounaise nous amène à observés celle-ci de deux manières.

Premièrement, comme citoyen qui vit la culture au quotidien, la culture camerounaise est forte, elle est diversifiée, elle est riche et elle regorge d'énormes potentialités. Lorsqu'on se balade à travers le Cameroun, l'on observe une multitude d'expressions culturelles vivantes qui

sont perceptibles à travers les langues locales, le style architectural des chefferies
traditionnelles à l'Ouest Cameroun en occurrence. L'on se rend aussi compte que le Cameroun est doté des atouts touristiques comme le palais des rois Bamoun de Foumban, le musée aquatique de Kribi, le musée de la chefferie de Bafoussam, le musée de civilisation de Dschang, le parc national de Waza, le Mont Cameroun, les chutes de la Lobbé etc. A travers cette observation du déploiement de la culture camerounaise, nous pouvons visiblement nous rendre compte que malgré le phénomène de mondialisation culturelle qui tend vers une uniformisation culturelle, les camerounais restent quand même tant bien que mal ancrés dans leur culture.

Deuxièmement, l'on observe qu'au Cameroun, l'énorme potentialité culturelle est malheureusement sous-utilisée, sous-exploitée. C'est une culture qui est valorisée par les détenteurs, les légataires, c'est-à dire les communautés locales mais qui au niveau étatique, est visiblement considérée comme un outil de distraction. Cette valorisation se fait à travers les festivals patrimoniaux qui sont organisés même si c'est à travers le bricolage productif, mais qui sont révélateurs de la valeur que ces communautés donnent à leurs cultures.

Ainsi, lorsque nous parlons de bricolage, il s'agit pour nous de montrer comment les communautés locales qui font partis de ce que Jean-Marc ELA appelle pertinemment le monde d?en bas qui n'ont souvent aucune maitrise, aucune compétence dans l'organisation des festivals, se réunissent et à travers le bricolage parvient à promouvoir leurs cultures. Le bricolage dans le cadre de cette étude trouve toute sa pertinence avec le sociologue et théologien africain en boubou Jean-Marc ELA lorsqu'il dit :

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Quand je parle de bricolage, je pense à tous ces savoirs produits par la société pour relever les défis de son environnement(...) Si l'on veut cerner notre réalité, il faudra rencontrer l'Afrique là où elle s'invente, à partir de ces bricolages qui forment en quelque sorte le tissu de notre vie sociale ».226

Le dynamisme de la culture camerounaise est également perceptible à travers les artistes musiciens qui contribuent au rayonnement artistique et culturel de ce pays au niveau international d'une part, et d'autre part, à travers les festivals patrimoniaux.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon