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La place de la politique culturelle dans le projet d'émergence du Cameroun à  l'horizon 2035. Contribution à  une analyse des politiques publiques.


par Arouna Pountougnigni Mfenjou
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie  2018
  

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2.2- Le MINAC et son budget : mission impossible

Fruit des états généraux de la culture tenu au palais des congrès de Yaoundé du 23 au 26 août 1991, ces états généraux ont consacrés la création de tout un ministère en charge de la culture car, faut-il le rappeler, le ministère de la culture a été pendant de longue année une direction du ministère de l'information et de la culture. C'est ainsi qu'à la faveur du décret n° 92/245 du 2 décembre 1992, fut créé le premier ministère de la culture avec comme mission première l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique en matière des questions culturelles.

En 2005, et à la faveur d'un décret du président de la république, les nouvelles dispositions furent assignées à ce ministère toujours dans une dynamique de protection et de promotion de la culture camerounaise. D'après le décret no 2012/381 du 14 septembre 2012 portant organisation du ministère des arts et de la culture, le MINAC est responsable d'après l'article 2 de ce décret, de l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière de promotion et de développement artistique et culturel. A ce titre, il est chargé entre autre :

? du développement et de la diffusion des arts et de la culture nationale ;

220Entretien mené le 27/09/2017 à 13h43 au MINAC

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y' de la préservation des sites et monuments historiques ;

y' de la protection, de la conservation, de l'enrichissement et de la promotion du patrimoine culturel, artistique et cinématographique ;

y' de la promotion et de la création artistique et culturelle ;

y' de la promotion et de la création artistique et culturelle ;

y' de la promotion et du suivi de la diffusion des oeuvres d'art et cinématographique, en relation avec les administrations concernées ;

y' des musées, des bibliothèques, des cinémathèques, des médiathèques et des archives nationales ;

y' de la promotion de la cinématographie et des arts dramatiques ; y' de la promotion et de la supervision des grands évènements culturels ;

y' du suivi des activités des structures nationales de gestion collective du droit d'auteur et des droits voisins du droit d'auteur.

Au-delà de ces missions, le MINAC assure la liaison entre le gouvernement et les organisations internationaux oeuvrant dans les domaines de l'art et de la culture notamment l'Unesco, l'OAPI, l'OMPI etc. Il exerce également la tutelle du palais des congrès, les archives nationales, assure la liaison entre les pouvoirs publics et les organismes de gestion collective des droits d'auteur et des droits voisins. Il est également l'interface entre les pouvoirs publics camerounais et les organisations internationales comme l'Unesco.

Cependant, bien qu'ayant des stratégies et des visions contestables comme l'existence en territoire national des CCC et d'un musée national sans aucune contenance car on ne sait pas si c'est un musée d'art classique, moderne ou contemporain, le MINAC au regard des missions qui lui sont assignées, a quasiment le plus petit budget depuis son existence. C'était encore malheureusement le cas lors de l'exercice budgétaire 2017 où il avait le plus petit budget. Le tableau ci-dessous illustre bien la faible dotation budgétaire de ce ministère.

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Tableau 4 : le budget du MINAC entre 2000 et 2018

Année budgétaire

Dotation budgétaire

2000

986 000 000 FCFA

2003

1 769 000 000 FCFA

2004

1 748 057 000 FCFA

2005

2 529 000 000 FCFA

2007

2 549 209 479 FCFA

2011

5 252 000 000 FCFA

2012

3 232 000 000 FCFA

2014

4 059 000 000 FCFA

2015

4 072 000 000 FCFA

2016

4 059 000 000 FCFA

2017

3 813 000 000 FCFA

2018

4 417 000 000 FCFA

Source : adapté à partir des lois de finance du Cameroun

Il ressort clairement de ce tableau que, depuis l'an 2000, le budget du MINAC n'a jamais excédé cinq milliard de franc CFA. Un budget aussi dérisoire comme celui du MINAC ne saurait faciliter la réalisation des projets engagés par ce ministère. En 2017 par exemple, ce ministère avait pour ambition d'implanter ces délégations départementales fonctionnelles dans toute l'étendue du territoire mais, au regard de son faible enveloppe budgétaire, ses ambitions sont restées des voeux pieux, une utopie. C'est dans ce sens que ce ministère au lieu d'assumer pleinement ses missions d'acteurs du secteur culturel est souvent réduit à une mission d'agent. C'est-à-dire a celui de simple participant aux activités culturelles comme Canal d?or.

Parlant du budget du MINAC, tous les responsables de ce ministère rencontrés dans le cadre de cette étude nous font observés que la ressource financière constitue l'une des difficultés majeures que ce ministère rencontre dans le cadre de son déploiement. Plus précisément, les ambitions du MINAC demeurent juste des ambitions dans la mesure où les ambitions sont clairement élaborées comme l'ouverture de ces délégations départementales sur les 58 départements que compte le Cameroun. Mais, ces ambitions ne sont guère implémentées à cause des moyens financiers qui manquent le plus. Dans un entretien avec le directeur du

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patrimoine du MINAC, il affirmait péremptoirement qu' : « avec 4milliards de francs, on ne peut pas être à la mesure de nos ambitions sa c'est clair ».221

Le paradoxe des lois de finances du Cameroun est tel que, le MINTOUL qui utilise essentiellement les produits culturels, a toujours un budget élevé plus que le MINAC. A titre illustratif, en 2015, pendant que le MINAC avait un budget de 4 milliards franc CFA, le MINTOUL avait quant à lui un budget de 9 milliards franc CFA. Ce fut également le cas en 2016 où le budget du MINAC s'élevait à 4 milliards franc CFA tandis que le MINTOUL avait un budget de 19 milliards franc CFA. En 2017, pendant que le MINAC avait un budget de 3 milliards franc CFA, le MINTOUL quant à lui avait un budget de 9 milliards de franc CFA.

Néanmoins, malgré le peu d'intérêt accordé au secteur culturel dans les politiques de développement implémentées au Cameroun depuis les années 1960 jusqu'à ce jour, le secteur culturel au Cameroun est un secteur dynamique comme nous le verrons dans les lignes suivantes.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault