2.2- Le MINAC et son budget : mission impossible
Fruit des états généraux de la culture
tenu au palais des congrès de Yaoundé du 23 au 26 août
1991, ces états généraux ont consacrés la
création de tout un ministère en charge de la culture car,
faut-il le rappeler, le ministère de la culture a été
pendant de longue année une direction du ministère de
l'information et de la culture. C'est ainsi qu'à la faveur du
décret n° 92/245 du 2 décembre 1992, fut créé
le premier ministère de la culture avec comme mission première
l'élaboration et la mise en oeuvre d'une politique en matière des
questions culturelles.
En 2005, et à la faveur d'un décret du
président de la république, les nouvelles dispositions furent
assignées à ce ministère toujours dans une dynamique de
protection et de promotion de la culture camerounaise. D'après le
décret no 2012/381 du 14 septembre 2012 portant organisation
du ministère des arts et de la culture, le MINAC est responsable
d'après l'article 2 de ce décret, de l'élaboration et de
la mise en oeuvre de la politique du gouvernement en matière de
promotion et de développement artistique et culturel. A ce titre, il est
chargé entre autre :
? du développement et de la diffusion des arts et de la
culture nationale ;
220Entretien mené le 27/09/2017 à 13h43
au MINAC
115
y' de la préservation des sites et monuments historiques
;
y' de la protection, de la conservation, de l'enrichissement
et de la promotion du patrimoine culturel, artistique et
cinématographique ;
y' de la promotion et de la création artistique et
culturelle ;
y' de la promotion et de la création artistique et
culturelle ;
y' de la promotion et du suivi de la diffusion des oeuvres
d'art et cinématographique, en relation avec les administrations
concernées ;
y' des musées, des bibliothèques, des
cinémathèques, des médiathèques et des archives
nationales ;
y' de la promotion de la cinématographie et des arts
dramatiques ; y' de la promotion et de la supervision des grands
évènements culturels ;
y' du suivi des activités des structures nationales de
gestion collective du droit d'auteur et des droits voisins du droit
d'auteur.
Au-delà de ces missions, le MINAC assure la liaison
entre le gouvernement et les organisations internationaux oeuvrant dans les
domaines de l'art et de la culture notamment l'Unesco, l'OAPI, l'OMPI etc. Il
exerce également la tutelle du palais des congrès, les archives
nationales, assure la liaison entre les pouvoirs publics et les organismes de
gestion collective des droits d'auteur et des droits voisins. Il est
également l'interface entre les pouvoirs publics camerounais et les
organisations internationales comme l'Unesco.
Cependant, bien qu'ayant des stratégies et des visions
contestables comme l'existence en territoire national des CCC et d'un
musée national sans aucune contenance car on ne sait pas si c'est un
musée d'art classique, moderne ou contemporain, le MINAC au regard des
missions qui lui sont assignées, a quasiment le plus petit budget depuis
son existence. C'était encore malheureusement le cas lors de l'exercice
budgétaire 2017 où il avait le plus petit budget. Le tableau
ci-dessous illustre bien la faible dotation budgétaire de ce
ministère.
116
Tableau 4 : le budget du MINAC
entre 2000 et 2018
Année budgétaire
|
Dotation budgétaire
|
2000
|
986 000 000 FCFA
|
2003
|
1 769 000 000 FCFA
|
2004
|
1 748 057 000 FCFA
|
2005
|
2 529 000 000 FCFA
|
2007
|
2 549 209 479 FCFA
|
2011
|
5 252 000 000 FCFA
|
2012
|
3 232 000 000 FCFA
|
2014
|
4 059 000 000 FCFA
|
2015
|
4 072 000 000 FCFA
|
2016
|
4 059 000 000 FCFA
|
2017
|
3 813 000 000 FCFA
|
2018
|
4 417 000 000 FCFA
|
Source : adapté à
partir des lois de finance du Cameroun
Il ressort clairement de ce tableau que, depuis l'an 2000, le
budget du MINAC n'a jamais excédé cinq milliard de franc CFA. Un
budget aussi dérisoire comme celui du MINAC ne saurait faciliter la
réalisation des projets engagés par ce ministère. En 2017
par exemple, ce ministère avait pour ambition d'implanter ces
délégations départementales fonctionnelles dans toute
l'étendue du territoire mais, au regard de son faible enveloppe
budgétaire, ses ambitions sont restées des voeux pieux, une
utopie. C'est dans ce sens que ce ministère au lieu d'assumer pleinement
ses missions d'acteurs du secteur culturel est souvent réduit à
une mission d'agent. C'est-à-dire a celui de simple participant aux
activités culturelles comme Canal d?or.
Parlant du budget du MINAC, tous les responsables de ce
ministère rencontrés dans le cadre de cette étude nous
font observés que la ressource financière constitue l'une des
difficultés majeures que ce ministère rencontre dans le cadre de
son déploiement. Plus précisément, les ambitions du MINAC
demeurent juste des ambitions dans la mesure où les ambitions sont
clairement élaborées comme l'ouverture de ces
délégations départementales sur les 58 départements
que compte le Cameroun. Mais, ces ambitions ne sont guère
implémentées à cause des moyens financiers qui manquent le
plus. Dans un entretien avec le directeur du
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patrimoine du MINAC, il affirmait péremptoirement qu' :
« avec 4milliards de francs, on ne peut pas être à la
mesure de nos ambitions sa c'est clair ».221
Le paradoxe des lois de finances du Cameroun est tel que, le
MINTOUL qui utilise essentiellement les produits culturels, a toujours un
budget élevé plus que le MINAC. A titre illustratif, en 2015,
pendant que le MINAC avait un budget de 4 milliards franc CFA, le MINTOUL avait
quant à lui un budget de 9 milliards franc CFA. Ce fut également
le cas en 2016 où le budget du MINAC s'élevait à 4
milliards franc CFA tandis que le MINTOUL avait un budget de 19 milliards franc
CFA. En 2017, pendant que le MINAC avait un budget de 3 milliards franc CFA, le
MINTOUL quant à lui avait un budget de 9 milliards de franc CFA.
Néanmoins, malgré le peu d'intérêt
accordé au secteur culturel dans les politiques de développement
implémentées au Cameroun depuis les années 1960
jusqu'à ce jour, le secteur culturel au Cameroun est un secteur
dynamique comme nous le verrons dans les lignes suivantes.
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