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La place de la politique culturelle dans le projet d'émergence du Cameroun à  l'horizon 2035. Contribution à  une analyse des politiques publiques.


par Arouna Pountougnigni Mfenjou
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie  2018
  

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4-Politique culturelle et émergence des nations

Depuis une quinzaine d'année, l'Unesco s'attache à démontrer le rôle de la culture via la PC en tant qu'un vecteur de développement économique et social des sociétés à ces Etats membres. Cette organisation a mis sur pied des initiatives afin d'intégrer la culture dans l'agenda international du développement notamment en 2010 lors du sommet mondial sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement. L'Unesco démontre de manière irréfutable l'apport de la culture au développement économique et social et humain des sociétés. Cette institution vise à montrer à ces Etats membres le bien-fondé de la contribution de la culture afin de favoriser l'élaboration des politiques publiques en matière de la culture dans le souci d'oeuvrer pour le développement de filières d'ICs et créatives. C'est ainsi que, comme le souligne fort pertinemment Suzanne ALMEIDA-KLEIN, le développement qui est la finalité de tout processus d'émergence, « s?attache au progrès économique, social et humain »176des individus.

4.1-Sur le plan économique

Toutes les initiatives prisent par les pouvoirs publics ont pour finalité l'amélioration substantielle des conditions de vie de leurs compatriotes. Dès lors, pour atteindre cette finalité, plusieurs initiatives ainsi que plusieurs secteurs sont mis à contribution. C'est dans ce sens que les pays comme le Nigéria, la France, les Etats unies ; grâce aux politiques publiques clairement pensées en matière de leur culture, se sont appuyés sur leurs cultures pour accroitre leurs PI3.

Dans ces pays, la contribution de la culture au PI3 est considérable. Elle contribue à la croissance économique et à la production des richesses. Parlant de l'apport de la culture à

176Suzanne ALMEIDA-KLEIN, La dimension culturelle du développement. Vers une approche pratique, Paris, Unesco, 1994, p.126.

l'économie de certains pays de l'Afrique de l'ouest, le journal intégration de Thierry NDONG,

dans un article publié sur son site internet nous faisait comprendre que :

Les expériences d'autres pays en Afrique subsaharienne montrent que la culture peut faire beaucoup mieux en termes de contribution à la création des richesses. Un an avant, la valeur ajoutée dégagée par les filières culturelles au Burkina Faso par exemple, était estimée à environ 80 milliards FCFA soit 2,02% du PIB avec plus de 160 mille emplois directs (soit 1,78% des actifs occupés) selon les autorités du pays. En 2013, année où le Nigéria est devenu la première puissance économique d'Afrique, l'industrie du divertissement («Nollywood» notamment) pesait de 8,7 % du PIB selon un communiqué officiel de l'administration fédérale.177

Dans l'optique de montrer le lien existant entre la culture et le développement des

nations, Maurice Sévérin EDOA BIKOULA dans une étude portant sur la culture et l'intégration comme moteurs du développement, nous fait observé que la culture a des répercussions économiques sur le développement d'un pays. Ces répercussions, d'après l'auteur, peuvent être analysées sur deux pôles à savoir sa participation à l'augmentation du taux de croissance du PIB et de la valeur ajoutée brute et à la création d'emploi. Se faisant plus clair, il soutient que :

La participation de la culture à l'augmentation du taux de croissance du produit intérieur brut et de la valeur ajoutée brute et même à la création d'emplois se fait de manière indirecte en ce sens que la culture agit par effet d'entrainement en se répercutant sur des secteurs non culturels. Ceci se réalise par le tourisme, par exemple.178

Les ICs sont pourvoyeuses d'emploi dans la mesure où, nous dit l'auteur, elles

engendrent les emplois liés aux travaux de réhabilitation voire d'entretien du patrimoine culturel et touristique d'un pays. Dans le Rapport sur l'économie créative de 2013, il ressort que la culture et la créativité sont reconnues pour la valeur économique générée par les industries culturelles et créatives en termes de création d'emplois, ainsi que pour la manière dont elles stimulent l'émergence de nouvelles idées ou technologies créatives. Henri TEDONGMO TEKO, dans une analyse sur l'apport du secteur culturel à la croissance économique des Etats, fait le constat suivant lequel la culture est un immense réservoir dont

177www.journalintegration.com /index.php/panorama/item/394.culture-le-combat-fratricide -de-mouelle-kombi consulté le 25février 2016 à 21h45

178 Maurice Sévérin EDOA BIKOULA, « Culture et intégration comme moteur de développement » in Culture, intégration et développement, Paris, Organisation internationale de la Francophonie, 2014, p.18.

l'exploitation contribue efficacement à la croissance économique. En citant Chirita et al, il nous fait comprendre que : « ces dernières années, il est devenu de plus en plus évident que le secteur des arts et de la culture a joué un rôle économique et social important. Il a contribué de manière substantielle au PIB, à la croissance et à l'emploi ».179

Dans les pays regorgeant d'énormes ICs comme le Liban, les Etats Unies, le Nigéria etc. les métiers générés par le secteur culturel sont énormes. Les métiers culturels renvoient à cet effet aux métiers générés par les ICs comme les métiers de guide touristique, de gestionnaire de patrimoine d'un musée etc. En France par exemple, les ICs employaient en 2003, plus de 249800 salariés d'après le Rapport sur l'économie créative de 2003. Dans le guide pour l'évaluation de la contribution économique des industries du droit d'auteur, il ressort clairement que l'apport économique des industries de droit d'auteur et à l'économie est important. Il est d'autant plus important dans la mesure où, d'après ce guide,

Dans l'économie mondiale, la protection du droit d'auteur est à l'origine d'industries à part entière, telles que l'industrie musicale, l'édition, le cinéma, la radiodiffusion et les logiciels, et influe également le nombre d'activités commerciales. Le droit auteur est un moteur de croissance économique, qui crée des emplois et stimule les échanges.180

Dans le même sillage, Meriem MEHADJI nous fait comprendre que les ICs libanaises

sont les plus économiquement actives dans le monde arabe car leurs contributions au PIB est importantes d'une part, et d'autre part, elles sont des gisements d'emploi dans la mesure où elles emploient un nombre important d'individus. Dans les pays arabes, poursuit-elle, les ICs occupent une place importante dans les programmes et les politiques de développement qui ont des visés économiques afin de contribuer au bien-être de la population. Leurs financements sont l'oeuvre du secteur privé encouragé par les pouvoirs publics qui dynamisent le secteur privé à travers l'exonération de la taxe d'importation sur les équipements nécessaire aux tournages, ainsi que la taxe sur les valeurs ajoutées sur les productions cinématographiques tunisiennes en occurrence.

Ainsi, les ICs en Tunisie sont incluent dans le programme national donc le souci majeur consiste à encourager le secteur privé à investir dans le secteur de l'industrialisation de la culture à travers le financement des productions cinématographiques, la musique, la danse, les centres culturels, les foires culturelles etc.

179Henri TEDONGMO TEKO, Réussir l'entrepreneuriat...Op. Cit, pp.29-30.

180Organisation mondiale de la propriété intellectuelle, Guide pour l'évaluation de la contribution économique des industries culturelles du droit d'auteur, Genève, OMPI, 2003, p.2.

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Lors d'un entretien avec Archil TCHINDA par ailleurs chef service de la cinématographie et de l'audiovisuel à la direction de la cinématographie et des productions audiovisuelles au MINAC, parlant de l'apport de la culture à l'émergence des nations, il nous faisait comprendre que :

La culture, à travers les industries culturelles d'un pays contribuent à

l'amélioration de la compétitivité de ce pays en matière de commerce extérieur. Les industries culturelles revitalisent l'image de marque des lieux créatifs et favorise l'afflux des touristes et même des investissements étrangers dans un contexte où la compétitivité est incontestablement liée à l'attractivité que les productions musicales ou cinématographiques en occurrence véhiculent.181 Maurice Séverin EDOA BIKOULA observe dans le même sillage que les ICs occupent

une place importante dans le commerce extérieur d'un pays. Le secteur culturel dans les pays comme le Nigéria, la France, les Etats Unies etc. constitue un gisement d'emploi car il emploi non seulement une quantité considérable d'individu, mais contribue également au PIB de ces Etats. C'est un secteur organisé qui fait partie des priorités des politiques de développement. C'est grâce à l'ICs notamment l'industrie cinématographique que le Nigéria a pu se hisser sur l'échiquier africain en 2013, comme première puissance économique du continent devant l'Afrique du Sud.

Le Nigéria en Afrique subsaharienne, se présente incontestablement comme étant une force culturelle. Son industrie de la musique, du cinéma, de la mode etc. les démontrent à suffisance. Le gouvernement nigérian, conscient de l'épuisement des ressources pétrolifères qui constituaient naguère le pilier fondamental de son économie, s'est lancé depuis un certain temps à l'assaut des industries créatives que représente le secteur culturel.

Les industries créatives qui ont vues le jour en Australie en 1994 avec l'adoption de la Nation créative qui est une combinaison entre l'art et la culture ainsi que les nouvelles technologies de l'information et de la communication, sont des industries basées sur l'innovation et la créativité. Ces dernières constituent un élément fondamental dans la diversification de l'économie nigériane dans la mesure où, elles constituent un levier important à sa croissance économique ses dernières années malgré les fluctuations des couts pétroliers. C'est fort opportunément par là qu'ALHAJI LAI Mohammed, par ailleurs ministre de l'information et de la culture dira lors la rencontre entre le gouvernement nigérian, l'Unesco, les acteurs de la société civile et les artistes tenue du 9 au 11 mai 2017 au Nigéria que :

181Entretien menée le 13/10/2017 à 11h03 à la direction de la cinématographie

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Vous pouvez imaginer la diversité de la culture et combien cette convention est importante (pour le Nigéria). Le pays a une grande économie et ses secteurs cinématographiques et de la mode en pleine expansion sont devenus d'importants exportateurs de biens et services créatifs. Le secteur représentait environ 1,3% du

PIB du pays. C'est pourquoi le gouvernement actuel s'est engagé à faire de

l'industrie créative une alternative au pétrole.182

En Afrique du Sud par exemple, la production audiovisuelle dans les années 1990 était estimée à 1,3 milliard de rands et constituait l'activité principale de plus de 550 sociétés d'après une étude sur les ICs des pays du sud réalisée par Francisco D'ALMEIDA et Marie LISE ALLEMAN sous l'égide de l'Organisation internationale de la Francophonie. Le secteur de l'art musical de ce pays à cette époque employait plus de 6 000 personnes en Jamaïque et plus de 12 000 personnes en Afrique du sud.

Au cours de notre entretien avec le secrétaire administratif et technique du CASSPC du MINAC Jean Jacob NYOBE par ailleurs expert de l'Unesco en matière d'élaboration de PC, il nous faisait observé que l'industrie cinématographique du Nigéria à elle seule, plus connue sous le nom de Nollywood, emploie quasiment le quart de la jeunesse de ce pays et a une production cinématographique de plus de 2000 films par an.183

Ainsi, depuis plus de deux décennies, l'industrie cinématographique nigérienne d'après Robert ORYA, PDG de l'entreprise d'État Nigeria Export, représente 5,2 % de la croissance du continent en 2014, alors que l'ensemble de l'industrie a généré cette année-là des revenus de 590 millions de dollars US. Les recettes de cette industrie en deux décennies, sont chiffrées à 7,2 milliards de dollars US, soit 1,4 % du PIB du Nigéria, d'après une étude de l'Oxford Business Group. Le Nigéria est la première économie d'Afrique et son industrie du cinéma occupe le second rang en tant qu'employeur au pays, suivant de près celui de l'agriculture et embauche 1 million de personnes au total, si l'on compte les branches de la distribution et de l'exploitation.184

Cette montée fulgurante de l'industrie cinématographique nigériane a été rendu possible par les mesures entreprises par les pouvoirs publics nigérians. En effet, depuis janvier 2015, le gouvernement nigérian a mis sur pied un projet dénommé projet ACT Nollywood donc l'ambition est de stimuler la création d'un Fond d'innovation et de distribution afin de mieux

182 http:/ fr.unesco.org/creativity/news/capacite-creative-au-nigeria-plein-essor-de-nollywood consulté le 9 aout 2017 à 13h37

183 Entretien mené le 27/09/2017 à 13h50 au MINAC

184 Ces informations ont été obtenues sur le site :www.apculturesplus.eu/?q=fr/content/nollywood-en-plein-essor-l%E2%80%99industrie-ci%C3A9matographique-du-ni%C3A9ria-donne-un-%C3%A9lan-in%C3%A9niable-0consulté le 09/08/2017 à 12h14

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favoriser la distribution des films et de lutter contre la piraterie qui tue par ailleurs les oeuvres de l'esprit.

Le gouvernement du Nigéria a également mis sur pied un organisme appelé Fonds pour la production cinématographique qui est chargé de la formation et du recyclage des acteurs de cinéma. Ce fond, faut-il le rappeler, est à mesure d'octroyer des subventions aux projets artistiques jugé économiquement rentable pouvant atteindre 50 000 dollars US. Nollywood est devenu ainsi l'avenir de l'économie nigériane avec un marché supérieur à 300 millions d'euro. Les films nigérians sont quasiment consommés dans tous les pays du continent.

Dans une étude réalisée par Philippe BOUQUILLION et Jean-Baptiste LE CORF portant sur les industries créatives et l?économie créative dans les rapports officiels européens en 2010, il ressort de cette étude qu'en Allemagne par exemple, les ICs et créatives regorgeaient en 2008 plus de 238 000 entreprises qui avaient réalisées un chiffre d'affaire de plus de 132 milliards d'euro et employaient plus de 763 000 personnes. En 2009 d'après la même étude, les ICs et créatives italiennes employaient plus de 2,5 millions de personnes. Ainsi, le poids économique des ICs dans les économies nationales des pays européens l'atteste le tableau suivant est important.

Tableau 3 : la contribution des ICs à l'économie de l'Allemagne, la Grande Bretagne, la Bulgarie et l'Italie en 2010

Pays

Contribution au PNB

Nombre d'emplois généré

Allemagne

2,6%

763 000

Bulgarie

2,8%

Non communiqué

Grande Bretagne

7,3%

3 000 000

Italie

9%

350 000 (0,4%)

Source: adapté à partir de Philippe BOUQUILLION et Jean-Baptiste LE CORF

En Espagne par exemple, le secteur culturel est l'un des moteurs importants de la croissance économique. Lors de notre entretien avec Madame Suzanne Pulchérie NNOMO ELA, elle nous faisait observé que ce pays avait très vite compris que l'art et la culture pouvait être le support du développement. L'économie culturelle dans ce pays nous dit-elle est une réalité. Chaque village en Espagne a son musée et les touristes qui y viennent contribuent considérablement à l'économie du pays. On retrouve dans ce pays plusieurs types de musée en occurrence le musée du café, le musée du chocolat etc. Le musée de la ville d'Alicante nous dit madame Suzanne Pulchérie NNOMO ELA contribue énormément à l'économie de cette ville et

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corolairement à l'économie de ce pays à travers les devises issues des sites touristiques qui sont éparpillés dans toute l'étendue de la ville.185

D'après une étude réalisée par le cabinet TERA consulting portant sur la contribution des industries créatives à l'économie de l'UE en termes de PIB et d'emploi, il ressort clairement qu'en 2011, les industries créatives représentaient une part importante du PIB (6,8%) et employait 6,5% de la population de l'Union Européenne. Dans une autre étude similaire réalisée en 2015 par le cabinet EY portant sur le poids de la culture sur l'économie mondiale, elle révèle que le secteur des ICs et créatives a généré des revenus supérieurs à celui des télécommunications au niveau mondial (2 250 milliards de dollars US contre 1 570 milliards de dollars pour le secteur des télécommunications). Ce secteur en 2015, employait plus de 29,5 millions de personnes.

Au regard de tout ce qui précède, il ressort qu'à travers la PC, la culture par le truchement des ICs, contribue considérablement à la croissance économique de même qu'elle constitue un gisement d'emploi pour les individus. Nous avons vu également que la PC constitue une condition sine qua non pour l'éclosion des ICs donc la contribution au PIB et la création d'emplois en sont l'élément conséquentiel. Bien que contribuant considérablement à l'émergence économique de certains pays tel que nous l'avons vu précédemment, il n'en demeure pas moins que la culture contribue également à l'émergence des nations sur le plan social.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry