4.4-Les missions d'une politique culturelle
4.4.1-La politique culturelle comme stratégie
d'assimilation des peuples
La réflexion matérialisée ici vise à
montrer comment la PC a servi d'instrument d'assimilation des individus par
certains Etats du monde à une certaine période de l'histoire.
L'Etat français au XIXe a expérimenté une PC donc
l'ambition s'articulait autour de l'assimilation des étrangers. Denys
CUCHE observe pertinemment à ce sujet que : L'Etat-nation
français, confronté dans le dernier tiers du XIXe siècle
au développement rapide de l'immigration étrangère,
adoptait une politique culturelle
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résolument assimilationniste de ces populations,
conformément au modèle centraliste qui avait déjà
produit ses effets sur les cultures régionales du
pays.159
Dans la même dynamique, le sénégalais Papa
Ibrahima SECK nous fait savoir que, la
stratégie culturelle de la France en Afrique lors de la
colonisation, consistait à imposer son modèle d'école
laïque pour mieux assimiler ces derniers car ce modèle rendrait la
canalisation et l'assimilation des africains facile à la
métropole. Il analyse cette politique d'assimilation sur deux aspects
:
Le premier aspect est d'ordre spatio-économique :
en fait, dès lors qu'un pays est conquis, il est réputé
illico presto territoire colonial français [...] le second aspect de ce
paradoxe est d'ordre politico-culturel : en fait, les indigènes du pays
conquis ou occupé, devenu territoire français, ne sont
d'emblée reconnus Français car le statut de citoyen
français ainsi que la culture française sont
considérés par le colonisateur comme une dignité qu'il
faut mériter(...)160
4.4.2-La politique culturelle comme stratégie de
consolidation de l'unité nationale
Certains Etats du monde sont le plus souvent confrontés
aux problèmes de vivre ensemble ce qui a souvent pour corolaire les
affrontements inter ethnique. Face à ce problème, certains pays
se servent de leur culture pour pallier à ces préoccupations.
C'est dans ce sens qu'à travers la culture, le feu président
Ahmadou AHIDJO, avait fait de la culture le socle, le ciment de l'unité
nationale. Lors de son discours d'ouverture à la première session
du Conseil de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique
et technique du Conseil national des affaires culturelles ténue à
Yaoundé du 18 au 22 décembre 1974, il considérait que la
culture est :
Un moyen essentiel de cimentation et de consolidation de
l'unité nationale et comme instrument de développement et de
progrès. Elle doit aussi vous conduire à souligner, en
dernière analyse, son impact décisif dans l'affirmation de la
personnalité nationale, car la culture est, pour ainsi dire, la carte
d'identité d'une nation.161
A travers ce discours du premier président de la
République du Cameroun, il apparait clairement qu'à travers la
PC, l'unité nationale d'un Etat peut être consolidée voire
cimentée.
159Denys CUCHE, Op.
Cit, p.26.
160Papa Ibrahima
SECK, La stratégie culturelle de la France en Afrique,
Paris L'Harmattan, 1993, pp 51-52. 161J.C
BAHOKEN et Engelbert ATANGANA, Politique culturelle de la
...Op. Cit, p.25.
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Dans sa conception de la PC de la république du
Cameroun à venir, le président Paul BIYA pense que celle-ci doit
s'articuler autour de trois volets à savoir : le volet moral
qui consistera à former les camerounais autour des valeurs de paix
et de cohésion sociale ; le volet académique de cette PC
qui visera non plus à s'arrêter au diplôme pour exiger un
emploi mais à se servir de ce diplôme pour créer les
richesses ; le volet civique de la PC entend mettre un accent
particulier sur l'instruction des camerounais sur leurs droits et sur leurs
libertés ; le volet politique de cette PC visera à la
formation du peuple camerounais à la maitrise et à la
connaissance des idéologies qui divisent les hommes en particulier et le
monde en général ; le volet esthétique de cette
PC enfin, aura à coeur de vanter le patrimoine culturel camerounais dans
un contexte de mondialisation. Tous ces volets constitueront la thèse de
la politique culturelle qu'il développe dans son ouvrage. Concernant sa
thèse en matière de la PC, il nous fait comprendre que :
La thèse centrale de la nouvelle politique
culturelle qui est exposé ici se résume par le concept de
spiritualisme culturel, qu'il faut distinguer de l'idéalisme culturel
[...] Notre projet est donc de passer d'une culture inconsciemment vécue
à une culture librement pensée. Ma conviction est qu'une
politique culturelle, courageuse et conséquente, est le levier de cette
culture politique fructueuse que j'entends promouvoir pour asseoir la
démocratie camerounaise.162
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