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La place de la politique culturelle dans le projet d'émergence du Cameroun à  l'horizon 2035. Contribution à  une analyse des politiques publiques.


par Arouna Pountougnigni Mfenjou
Université de Yaoundé 1 - Master en sociologie  2018
  

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2.2.2-La culture comme une donnée universelle

La culture est universelle dans la mesure où on la retrouve dans toutes les sociétés humaines. L'adjectif universel que nous avons utilisé ici ne veut pas dire qu'il existe sur la planète terre une culture unique qu'on devrait importer comme des prêts à porter pour obliger les autres peuples à agir en fonction de cette culture. Mais, le caractère universel de la culture veut tout simplement dire que celle-ci est en dernier ressort, une « acquisition sociale, car l'homme est un animal créateur de culture. C'est dire que chaque peuple possède une culture qu'il cherche à transmettre, par voie de communication à la postérité ».142 Elle est d'autant plus universelle dans la mesure où, d'après Denys CUCHE, « l'Homme est essentiellement un être de culture »143ce qui nous amène dès lors à comprendre qu'il n'existe pas de peuple inculte dans le monde comme l'avait prétendue la mission coloniale. L'universalité de la culture ne signifie pas uniformisation des façons de penser, d'agir et de sentir mais plutôt le fait qu'il existe une mosaïque de culture dans le monde. Chaque culture a sa spécificité, sa singularité et sa typicité au point d'être un levier de changement social.

L'économiste camerounais Daniel ETOUNGA MANGUELLE considère la culture issue du programme d'ajustement culturel comme un élément fondamental du changement social qui culminera avec le processus d'amélioration des conditions de vie de la population. Il définit l'ajustement culturel comme étant « l'ardente nécessité de changer les mentalités pour favoriser le développement intégral et l'épanouissement de l'homme dans son milieu naturel ».144Pour lui, la culture africaine telle qu'elle est présentement, c'est-à dire une culture où les mentalités sont les plus rétrogrades, constitue la cause fondamentale de l'échec des projets et programmes de développement car, pense-t-il, « les traits dominants de la culture camerounaise, tels que décrits à la fin du règne du Président Ahidjo, sont aujourd'hui, à la fois

141Guy ROCHER, Introduction à la sociologie générale, (l'action sociale), Montréal, édition HMH, 1968, p.113. 142Ferdinand CHINDJI-KOULEU, Op.cit. p.375

143Denys CUCHE, Op. Cit, p.5

144Daniel ETOUNGA MANGUELE, Cameroun : une exception africaine ?, Yaoundé SHERPA, p.53.

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plus renforcés et hélas, plus rétrogrades ».145Concernant ce programme d'ajustement culturel,

il opère une précision terminologique lorsqu'il soutient :

Il ne s'agit à présent d'importer des phraséologies toutes faites et de servir à la

sauce gombo, au rythme de cris et danses des groupes d'animation. Mais il faut

au contraire aller au coeur de nos moeurs et coutumes, pour extirper la gangue qui

empêche nos sociétés de se mouvoir vers la modernité.146

Théodore MAYI-MATIP, dans le même sillage que Daniel ETOUNGA MANGUELE,

pense que la tradition (culture) est le socle granitique du développement. Pour que ce développement soit effectif, pense-t-il, il doit intégrer trois éléments fondamentaux à savoir l'enseignement et le recours aux langues (langues maternelles), la collaboration entre l'élite gouvernante et les hommes issus des cercles initiatiques et enfin les planificateurs du développement doivent faire de la culture l'épicentre même du développement. Se faisant plus clair, Théodore MAYI-MATIP nous fait comprendre que le développement des sociétés africaines s'articule autour de deux projets de société :

L'un propose le développement de l'Afrique par la destruction plus ou moins subtile des traditions africaines, en favorisant la disparition des langues africaines, l'importation des modèles culturels de développement étrangers et la consommation exclusive par les africains des produits culturels provenant d'autres civilisations [...]L'autre projet, opposé au premier, assigne deux impératifs au développement de l'Afrique moderne, à savoir, d'une part, l'intégration du développement à l'environnement de l'Afrique.147

A travers ces propos, Théodore MAYI-MATIP pense qu'un développement qui n'est pas

soutenu par les réalités locales (culture) d'une société donnée produit des individus

consommateurs et non des individus créatif voire productif. Cependant, plusieurs approches ont

été développées autour de la notion de culture.

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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway