1.2-Les fonctions de la culture
Dans toutes les sociétés humaines, la culture a
une fonction d'orientation dans la mesure où, elle est
l'élément qui oriente, guide les comportements des individus.
Chaque membre agit en se référant soit à sa culture
d'appartenance soit à sa culture de référence. De ce point
de vue, si un membre de la communauté ou du groupement a un comportement
qui s'écarte du comportement communément admis par sa culture, ce
dernier est considéré comme un déviant voire un
délinquant. C'est dans ce sens qu'une femme béti (ethnie
du Cameroun qu'on retrouve dans les régions du Centre, Sud et Est) qui
mange la vipère par exemple, sera davantage vue comme une
déviante par les membres de sa communauté car, d'après la
culture de cette ethnie, la femme n'est pas autorisée à manger la
vipère.
Dans le même sens, une femme de confession religieuse
musulmane qui s'habille en 'destroy'', pantalon
moulant, collant, mini-jupe etc. est davantage perçue aux yeux de ces
frères et soeurs musulmans comme une déviante car elle
s'écarte des lois et principes de la religion musulmane.
Dans cette fonction d'orientation, « la culture met
ensemble, elle contient et interprète les valeurs d'une
société moins systématique. C'est à travers la
culture que l'on découvre la signification et le but du genre de la vie
individuelle et sociale ». Autrement dit, dans les
organisations sociales, la culture, au regard de tout ce qui
précède, devient l'élément fondamental qui
structure les comportements humains. C'est elle qui oriente les comportements
humains bref l'ensemble des manières de penser, de faire, d'agir et de
sentir des individus dans un environnement social donné est
orienté et guidé par la culture. La culture devient ainsi
l'ordonnatrice et la régulatrice des manières d'agir, de penser
et de sentir.
122Op. Cit, p.131.
123Henri TEDONGMO TEKO,
Réussir ..., p.32.
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La deuxième fonction de la culture est celle de la
représentation. Elle sert d'élément d'identification, de
justification et de compréhension du comportement d'un individu au sein
de l'espace public. La culture dans ce sens, nous renseigne Joseph KI-ZERBO et
al, vise également à réunir les personnes en une
communauté particulière distincte vivant dans un environnement
social donné. D'après lui, «la culture est donc à
la fois ce qui fait que la majorité des membres d?une
société globale partagent les mêmes schèmes de
comportement et se distinguent des autres peuples ».
124C'est dans ce sens qu'un individu agira en fonction des
représentations prescrites par la culture de sa société,
de son milieu sinon il sera taxé de déviant.
Dans cette perspective, à travers une action
posée par un individu, l'on peut comprendre que cette action s'inscrit
dans le même sillage que celle posée par ses
prédécesseurs par exemple, et il ne sera pas exclu d'entendre au
sein de l'espace social un individu légitimité une action en
disant qu'on a toujours fait comme ça dans ma culture. Les
besoins physiologiques et biologiques des individus dans une sphère
sociale donnée sont diversement exprimés et
représentés selon des différentes manières de
faire, de sentir, de penser et d'agir des individus donc la culture en est
l'élément révélateur des pratiques et des
agissements sociaux.
La culture est le moteur de l'intégration sociale dans
la mesure où, à travers l'utilisation d'une même langue qui
est un élément de la culture par exemple, un individu qui est
issu d'une autre culture (tribu) s'intégrera plus vite que celui qui n'a
aucune connaissance de la langue de la société où ce
dernier souhaite s'installer. Par un exemple, un peulh qui ne comprend
et ne parle ni le français ni l'anglais s'intégrera facilement
à Yaoundé dans les quartiers comme Briqueterie, Tsinga etc. parce
que ce sont des quartiers à majorité peulh qui
comprendrons de fait cet individu qui ne s'exprime en aucune autre langue que
le foulbé ou le fufuldé qui est la langue
majoritairement parlée dans ces quartiers.
La fonction d'intégration sociale de la culture
s'illustre davantage dans la mesure où, d'après Ferdinand CHINDJI
KOULEU, « elle simplifie la conduite et elle pourvoit donc
aux rôles et aux relations sociales »125en
réunissant et en mettant ensemble une communauté de personne au
sein d'une organisation sociale. Les organisations culturelles internationales
telles que la Francophonie et le Commonwealth ont pour leitmotiv de contribuer
et de participer à l'intégration des peuples du monde via la
langue française et anglaise. Mais, Charly Gabriel MBOCK, parlant de la
Francophonie, observe de façon remarquable que cette organisation est
124Joseph KI-ZERBO
(dir), La natte des autres : pour un développement
endogène en Afrique, Paris, Karthala, 1992, p. 80
125Ferdinand CHINJI-KOULEU,
Op. Cit p.376
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culturocide c'est-à-dire, tue d'autres
cultures à travers leur appauvrissement et leur éradication. Il
soutient dans ce sens que :
L'appauvrissement dont la Francophonie s'est laissé
soupçonner tient déjà à l'éradication des
cultures dans les colonies françaises à commencer par le
bannissement sans appel des langues des peuples colonisés. La
Francophonie s'impose ainsi comme le grand paradoxe de la France : c'est un
organisme à vocation culturelle sur fond d'exception qui travaille
à l'extermination des cultures des autres, sans
exception.126
Après ce bref rappel historique de la notion de
culture, et après avoir énumérer quelques fonctions de
cette dernière, il est question pour nous dans la section suivante de
cerner ce concept sous le prisme de ce savoir qui s'interroge
perpétuellement sur elle-même d'après Raymond ARON.
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