8- Cadre théorique
35 Pierre LASCOUMES
et Patrick LE GALES, « Politiques publiques,
action publique, gouvernance » in François DE
SINGLY et al, Sociologie de l'action publique,
Paris, 2007, Armand Colin, p.3.
36Jacques DE MAILLARD
et Daniel KUBLER, Analyser les politiques
publiques, Presses universitaires de Grenoble, 2013, 2e
édition, pp17-18.
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Dans cette section de notre travail, il est question pour nous
de décliner notre positionnement épistémologique d'une
part, et d'autre part de présenter notre posture théorique. C'est
dans cette logique que nous commençons par la présentation de
notre positionnement épistémologique.
8.1- Positionnement épistémologique
Dans le vaste champ du savoir sociologique depuis son
institutionnalisation au XIXe jusqu'à ce jour, deux grandes traditions
auront considérablement et durablement marquées cette discipline.
Nous avons d'une part, la tradition durkheimienne qui met l'accent sur les
structures sociales dans le processus d'explication des faits sociaux. D'autre
part, nous avons la tradition wébérienne qui met l'accent sur
l'individu et qui cherche à comprendre par interprétation
l'activité sociale et par là d'expliquer causalement son
déroulement et ses effets. La tradition wébérienne faut-il
le rappeler, conçoit la sociologie comme « une science qui se
propose de comprendre par interprétation l'activité sociale et
par là d'expliquer causalement son déroulement et ses effets
».37
Ainsi, dans le cadre de cette étude, notre cadre
théorique s'inscrit dans la tradition wébérienne de la
sociologie qui va nous permettre de comprendre par interprétation le
projet d'émergence et par là d'expliquer causalement la faible
prise en compte de la PC dans ce projet et ses effets. La sociologie
wébérienne faut-il le rappeler, s'inscrit dans une perspective de
compréhension des motivations des acteurs, les situer par rapport aux
relations qu'ils entretiennent dans une situation donnée et enfin
l'analyse des stratégies de ces acteurs et de leurs résultats.
C'est pour cette raison que Gilles FERREOL et Jean-Pierre NORECK nous font
observer que d'après Max WEBER, « le sociologue doit s'attacher
à comprendre les interactions sociales et leurs résultats
».38
8.2- Posture théorique
D'après Madeleine GRAWITZ, la
théorie est « un système explicatif que
l'expérimentation confirme ou non »39.
C'est dans cette dynamique que toute recherche sociologique
singulièrement s'adosse toujours sur une posture théorique. Cette
posture théorique d'après Pierre MBONJI EDJENGUELE, « se
veut un corps explicatif global et synthétique établissant des
liens de relation causale entre les faits observés, analysés
et
37 Max WEBER, Economie et
société, Tome 1 : les catégories de la
sociologie, Paris, Plon/Agora, Trad. Julien FREUND, 1er
édition, 1922, p.28.
38 Gilles FERREOL et
Jean-Pierre NORECK, Introduction à la sociologie,
Paris, Armand Colin, 1989, p.37. 39Madeleine
GRAWITZ, lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz,
8ème éd, P398
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généralisant lesdits liens à toutes
sortes de situation ».40 En effet, les théories
mobilisées dans le cadre de notre recherche nous permettront d'analyser
et d'interpréter l'insuffisance de la place de la PC dans le projet
d'émergence du Cameroun. Pour mieux étayer notre démarche,
nous avons mobilisé un triptyque théorique en occurrence une
théorie de grande portée à savoir la théorie de
l'action sociale et deux théories de moyenne portée (la
théorie de la rationalité limitée et la théorie
néo-institutionnaliste).
8.2.1-La théorie de l'action sociale
Née au XIXe siècle avec les auteurs comme Max
WEBER, Alexis DE TOCQUEVILLE, Georg SIMMEL etc., la théorie de l'action
sociale est l'étude de la nature des actions humaines prises
individuellement ou collectivement. La philosophie, la science
économique et la sociologie sont entre autres les principaux champs
scientifiques qui s'intéressent à ce paradigme. Ce paradigme
place au centre de son analyse l'action sociale comme étant des
productions humaines. Elle a pour principes fondamentaux la
compréhension des motivations des acteurs individuels, les situer par
rapport aux relations qu'ils entretiennent entre eux dans une situation
donnée et enfin l'analyse des stratégies de ces acteurs ainsi que
leurs résultats.
Les différentes théories qui s'inscrivent dans
le prolongement de la théorie de l'action sociale sont entre autre la
théorie de l'action rationnelle, la théorie de la
rationalité limitée, la théorie des jeux etc. Parlant de
la théorie de l'action sociale sous le prisme de Talcott PARSONS,
Raymond BOUDON observe que : « Parsons rappelle avec Weber
qu'expliquer un phénomène social, c'est en faire le produit
d'action compréhensible. Il en résulte qu'un moment essentiel de
toute théorie sociologique consiste à retrouver le sens des
actions donc le produit constitue le phénomène à expliquer
».41
L'intérêt de la mobilisation de la théorie
de l'action sociale dans le cadre de cette étude est de pouvoir mettre
en perspective les motivations et les rationalités qui expliquent la
faible place encore accordée au secteur culturel au Cameroun,
malgré le constat croissant de la contribution pertinente de ce secteur
dans la réussite du projet d'émergence de certains pays.
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