1-3- Description du milieu humain
Dans l'exercice de la détermination des
hydro-écorégions et l'analyse des déterminants de la
dynamique des écosystèmes naturels du bassin versant de la
Pendjari, il est fondamental de connaître les données humaines et
économiques du milieu. Il s'agit de l'évolution
démographique, des peuples, du peuplement et des activités
socio-économiques qui constituent les données humaines du bassin
versant de la Pendjari.
1-3-1- Démographie du bassin versant de la
Pendjari
L'effectif de la population du bassin versant béninois
de la Pendjari est estimé à l'ensemble des effectifs de
populations des communes de Tanguiéta, Matéri, Kobly,
Boukombé, Natitingou, Kouandé et Kèrou. Cet effectif est
passé de 274133 habitants en 1979 à 366780 habitants en 1992. Au
recensement général de la population et de l'habitat en 2002, cet
effectif avait atteint 494335 habitants répartis en 72460 ménages
dont 60259 ménages agricoles (INSAE-Cotonou, 1994 et 2004). Sur la base
des projections sur 2012 à partir des taux d'accroissement
intercensitaires de chaque commune, l'effectif de la population du bassin
versant béninois de la Pendjari est estimé à 669.440
habitants. La figure 7 présente l'évolution de l'effectif de la
population des communes du bassin versant de la Pendjari.
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Figure 7 : Evolution des populations des communes du
bassin versant de la Pendjari de 1992 à 2012
Source : INSAE - Cotonou + Résultat de
projections
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1-3-2- Peuplement et habitat dans le bassin versant
béninois de la Pendjari
1-3-2-1- Peuples (les groupes socioculturels) du bassin
versant béninois de la Pendjari
Le bassin versant de la Pendjari est peuplé par de
nombreux groupes socioculturels ou groupes ethniques. On peut citer les
Waama, les Bètamaribè, les
Gulmacéba, les Bièliba ou Berba, les
M'bèlimè ou Yindé, les
Natémba, les Fulbé ou Peulh, les
Zerma, les Dendi, les Bulba, les Moore, les
Baatombu ou Bariba (CENALA, 1989).
Mais selon les résultats des enquêtes
démographiques de la DGAT/MISD (2001), trois (03) principaux groupes
socioculturels sont majoritairement rencontrés dans le bassin versant de
la Pendjari. Il s'agit des Berba (65 %), qui parlent la langue
Biali, des Gulmacéba (23 %) qui parlent la langue
Gulmatchéma, des Waaba (7 %) qui parlent la langue
Waama et des Bètamaribè qui parlent la langue
Ditammari.
Les Waaba sont rencontrés à
Toukountouna, à Natitingou, à Tanguiéta et à
Kouandé (N'Tcha, 1990). Quant aux Bètammaribè et
les Natémba, on les retrouve dans la partie sud du territoire
du bassin, notamment les communes de Toukountouna, Natitingou, Boukombé
et Kouandé (Mercier, 1968 ; Koussey, 1977, N'Tcha, 1990). Les
Gulmacéba occupent le nord-est du bassin dans les communes de
Tanguiéta et Kèrou. Les Berba sont dans les communes de
Matéri et Tanguiéta, les Yindé sont
rencontrés à Cobly et à Boukombé (Mercier, 1968 ;
Koussey, 1977, N'Tcha, 1990).
1-3-2-2- Peuplement (origines et installation des
peuples)
Les origines des différents groupes socioculturels du
bassin versant sont jusqu'à nos jours mal connues. Mais en se
référant aux études récentes des historiens dont
celle de N'Dah (2009) sur les « sites archéologiques et peuplement
de la région de l'Atacora », les origines des peuples du bassin
versant de la Pendjari qui fait partie de la région de l'Atacora, ont pu
être décrites.
En effet, selon N'Dah (2009), en ce qui concerne la mise en
place des peuples de la région de l'Atacora, des hypothèses ont
pu être établies et des conclusions acceptables ont
été proposées. Ainsi l'unanimité paraît
désormais acquise sur la probabilité d'une provenance occidentale
de la majeure partie des populations de la région de la chaîne de
l'Atacora. Ce lieu de provenance est souvent identifié aux plaines de
l'Oti et du Gourma, c'est-à-dire le Nord-Togo et le sud-est du Burkina
Faso. Selon cette hypothèse, la mise en place des populations de
l'Atacora est le résultat d'un mouvement de groupes humains venus de
l'Ouest à la suite de mutations socio-politiques survenues dans le
Gourma. Ces mutations sont nombreuses et échelonnées dans le
temps. Elles
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sont dues essentiellement aux incursions sonraï dans le
Gourma, à la formation des Etats Mamprusi, Dagomba, Mossi,
Gourmantché et aux crises de palais de ces entités politiques
(Tiando, 1996).
D'après les sources orales et écrites
disponibles, la région a été peuplée à
partir de l'ouest et ce peuplement est lié aux mouvements de populations
qui ont toujours accompagné ou suivi la formation des royaumes en
Afrique occidentale. Mais les informations disponibles ne suffisent pas pour
déterminer l'origine exacte de ces populations et surtout la chronologie
de leur installation. A propos de la chronologie, deux tendances se
dégagent :
- une tendance dite de la chronologie longue qui se
réfère à la mention dans les Tarikh des rivalités
ayant opposé le Mali puis le Songhaï à des Mossi et aux
"païens" du Gourma entre le XIVe et le XVe siècle. Les partisans de
cette tendance penchent pour l'existence d'une formation politique mossi bien
structurée avant le XIIIe siècle qui, sous les pressions
maliennes et Songhaï aurait été à l'origine des
mouvements de population vers l'est en direction de l'Oti et de l'Atacora vers
le XVè siècle (Tauxier et Delafosse, Tarikh es Sudan et Tarikh el
Fettach , cités par Ki-Zerbo, 1978) ;
- la seconde tendance dite de la chronologie courte, se
réfère à la tradition orale mossi pour situer la naissance
des royaumes mossi-dagomba-mamprusi, dont découleraient les mouvements
de population, à la fin du XVe siècle et celle du royaume
Gulmance au XVIe siècle. Par conséquent, les tenants de cette
tendance situent les migrations de populations vers l'Atacora entre les XVIIe
et XVIIIe siècles (Fage et Izard cités par N'Tia, 1993). De
l'analyse de tous ces éléments, on peut penser que la mise en
place des populations de l'Atacora s'est faite avec les arrivées
successives à partir de l'Ouest, du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest de
différents groupes, les suivants repoussant progressivement vers l'est
et le sud-est ceux qui les précédaient. Ce processus a dû
s'amorcer avant le XVe siècle avec les rivalités qui ont
opposé les Mossi et les Gourma aux empires du Mali et de Gao et s'est
poursuivi ensuite avec les pressions des royaumes mossi, dagomba, mamprusi dont
la phase d'expansion se serait située dans la première
moitié du XVIe siècle, et du royaume Gulmance dont la fondation
remonterait au XVe siècle.
Seraient ainsi arrivés dans l'Atacora venant de
l'ouest, les Yowa, les Tangba qui ont progressé jusque
dans la région de Djougou, refoulant ou assimilant partiellement les
Biyobe, les Kabye, les Lamba et les Lokpa
qui les y avaient précédés par l'Ouest et le
Sud-Ouest. Les Yowa ont été suivis des Waaba et
des Daataba, lesquels à leur tour ont
précédé les Bètammaribè. Les Berba
auraient fermé la marche sous la pression des Tyokossi.
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De la plaine du Gourma, foyer d'effervescence politique
à partir du XVe siècle, sont venus des éléments qui
ont contribué à la constitution du groupe Natémba, du
sous-groupe Tangamba et du groupe Berba. Ces derniers sont demeurés au
pied de la falaise de l'Atacora alors que les Natémba et les Tangamba,
qui les ont précédés sur la chaîne de l'Atacora, ont
progressé vers l'est (N'tia, 1993). En ce qui concerne les Tangamba, ils
auraient laissé dans les falaises du Gobnangou (sud-est du Burkina Faso)
des restes d'habitations dont certains murs de construction résistent
encore aux intempéries (Millogo, 1993a).
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