2.1.3 Contexte économique
La région de Tillabéri dispose également
d'un potentiel important en matière de production
céréalière. En 2018, les superficies cultivées de
mil représentaient 20 % du total national et la proportion de la
production de céréales représentait 17 % de la production
nationale. Cette région, qui abrite le fleuve Niger, disposait de 48 %
des superficies cultivées pour le riz et jusqu'à 52 % de la
production nationale en 2018. Dans la même année, la région
possédait 20 % des superficies cultivées dans le pays pour le
niébé et 21 % de la production nationale ce qui fait de la
région la plus grande productrice de ce dernier.
Concernant le cheptel, la région est une grande
productrice de bovins avec 22 % de la production nationale en 2018.
Comparée à la région de Tahoua, ses proportions pour les
autres catégories de cheptel sont moins importantes, 14 % pour les
ovins, 13 % pour les caprins et seulement 5% pour les camelins.
Au niveau de la région de Tillabéri, le
système de production est viable économiquement. Le taux de
création de valeur à l'hectare, ou productivité de
6 Région de Tillabéri-Analyse
situationnelle mensuelle - Juin 2021
7 Ibid.
25
la terre est de 85 %, ce qui permet à la cheffe
d'exploitation de dégager une VAB totale de 1 530 750 francs
CFA8 en moyenne par an sur la période de l'étude
(Abdoulaye S. Soumaila, 2020). Les productivités du travail et du
capital sont à un niveau élevé : elles sont largement
supérieures respectivement au salaire journalier considéré
au moment de l'étude (3 000 francs CFA/homme/jour) et au taux
d'intérêt annuel courant (moins de 30 % dans tous les
établissements financiers et bancaires de la place).
Dans la région de Tillabéri, l'occupation des
terres agricoles est en constante croissance d'où une forte pression
anthropique sur les ressources foncières, aggravées par
l'extension rapide et débordante de la ville de Niamey sur les communes
voisines. Le cheptel de la région a connu une nette progression
grâce aux nombreuses campagnes de vaccination et de sensibilisation des
éleveurs. La dégradation et la rareté des espaces
pastoraux sont des sources potentielles d'intensification des conflits sociaux
(professionnels et territoriaux) liés à l'accès et au
contrôle des ressources naturelles.
En plus des conflits locaux, la persistance des groupes
extrémistes a perturbé l'économie dans cette région
de Tillabéri. L'économie nigérienne dans son ensemble ne
peut résorber la masse des jeunes qui sont sur le marché de
l'emploi, reste encore largement dominée par le secteur informel,
notamment le secteur agricole qui peine à se moderniser et qui est
lourdement affecté par la pression démographique et les
aléas climatiques9. Les données collectées par
le CNESS lors des concertations régionales montrent que 30,77 %
(région de Tillabéry) des participants relèvent que les
domaines économiques génèrent des facteurs incitatifs
à la radicalisation et à l'extrémisme violent, à
travers la persistance de la pauvreté, le chômage des jeunes et
des femmes et de
8 Il s'agit du site d'irrigation de Sarando
9 La Stratégie Nationale de la
Prévention de la radicalisation et de l'Extrémisme violent-Niger,
2020.
26
l'absence de visibilité de perspectives attrayantes.
C'est ce qui conduit à l'insécurité.
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