3.1.4 Les conflits inter et intracommunautaires dans la
région de Tillabéri
Les conflits inter et intracommunautaires dans la
région de Tillabéri sont l'une des causes de la radicalisation et
de l'extrémisme violent. Ces conflits peuvent prendre de multiples
formes traversant les frontières et inclure des composantes liées
aux groupes armés radicaux. Les conflits interethniques se manifestent
sous différentes formes : i) entre les Peuls et les Touaregs, ii) entre
les Sonrais, les Peuls et entre les Touaregs, iii) entre les Touaregs, les
Arabes et les Peuls, selon les localités.
L'existence des conflits entre éleveurs et agriculteurs
dans les communes d'Inatès, Tondikwindi, Dingazi, Bankilaré,
Téra, Gorouol, Anzourou, Ouallam, Ayorou sont dus principalement au
non-respect des couloirs de passage d'animaux et des aires de pâturage
définies de manière consensuelle entre les acteurs (gouvernement,
sédentaires, éleveurs et autorités locales). Ils
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occasionnent des dégâts champêtres pour les
agriculteurs, et sèment la division entre les différentes
corporations. D'autant plus qu'il est admis comme étant l'agriculteur
est pasteur, et l'éleveur est agriculteur, et partageant un même
espace dans la région de Tillabéri.
La plupart de ces conflits sont survenus lors de la
transhumance des animaux et de l'accès aux ressources partagées,
notamment le pâturage et l'eau des deux côtés de la
frontière. Les zones transfrontalières entre le Mali et le Niger
ont été marquées par une combinaison de sècheresses
généralisées et d'extension progressive des terres
agricoles qui rétrécit le pâturage du bétail.
À cela, s'ajoutent les effets des changements climatiques qui
fragilisent d'année en année les ressources naturelles et
réduisent les moyens d'existence des populations locales. La
prévalence de ce type de conflit au sein d'une communauté semble
augmenter la probabilité que les jeunes rejoignent le mouvement
extrémiste. Ainsi, la radicalisation du groupe extrémiste et leur
présence dans la communauté facilitent le processus du
recrutement surtout quand une communauté se sent rejetée par les
autres.
C'est pourquoi au Niger, le rang des ennemis grossit depuis
une dizaine d'années dans certaines régions du pays et surtout la
région de Tillabéri. Vu la persistance des conflits dans l'espace
nigérien dus aux facteurs ci-haut cités, certaines personnes qui
sont victimes de cet amalgame rejoignent les groupes terroristes et autres
groupes armés pour se venger. D'autres par contre rejoignent les groupes
extrémistes après avoir perdu un parent proche ou un frère
dans l'attaque de son village ou de son campement par les Groupes Armés
Non Étatiques. Cette prévalence de l'insécurité
incite certaines personnes à se rallier pour réduire la menace
par la possession d'armes de guerre avec pour seule ambition sécuriser
leurs biens et leurs familles.
Pour les jeunes sahéliens, le fait de prendre une arme
est devenu une manière de se protéger et combattre avec les
groupes radicaux, et d'être à l'abri
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