3.1.3 La mauvaise gouvernance
La précarité de la gouvernance et son effet sur
les institutions étatiques ont réduit la capacité des
États du G5 Sahel à fournir des services publics efficaces,
à promouvoir une large participation des citoyens à la vie
politique, à garantir les droits humains et à lutter contre la
corruption avec un accès équitable aux services sociaux de
base20.
L'une des leçons les plus importantes de la
dernière décennie de pratique antiterroriste au Sahel est que les
opérations militaires ne peuvent pas à elles seules
empêcher la propagation de l'extrémisme violent. Même
lorsqu'ils réussissent à débarrasser certains secteurs de
la présence de groupes extrémistes violents, les gouvernements ne
parviennent pas à améliorer la gouvernance locale et à
fournir des services sociaux et se retrouvent de facto dans l'incapacité
à maintenir les acquis militaires. Comme ailleurs au Sahel,
l'insécurité et l'extrémisme violent s'appuient pour
prospérer, sur les échecs de gouvernance, y compris dans le
secteur de la sécurité.
Des faiblesses liées à la gouvernance
administrative qui génèrent beaucoup de frustrations,
découlant de la politisation de l'administration publique, de la
prévalence de certains comportements néfastes à
l'efficacité des services publics (corruption, trafic d'influence,
favoritisme, etc.). Les modalités de dévolution dans la plupart
des responsabilités administratives et techniques
20 Stratégie pour le Développement et la
Sécurité des pays du G5 Sahel, septembre, 2016, P.23.
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qui sont principalement basées sur des critères
d'appartenance politique, et de la tendance au transfert de l'exercice de
redevabilité de la chaîne administrative et technique de
l'État vers la chaîne décisionnelle des partis politiques
(SNPREV-NIGER, 2020).
Selon une analyse réalisée par le PNUD, la
faible responsabilisation des communes et la faible intégration des
espaces transfrontaliers dans les politiques nationales de
développement, l'absence des services publics et d'investissements
productifs constituent la cause essentielle de la rupture de confiance entre
l'État et les communautés. Le sentiment d'exclusion ressentie par
ces communautés crée un déficit de confiance entre
l'État et les communautés.
Introduire les principes d'inclusion et de participation
citoyenne des populations dans la vie politique, économique et sociale
peut constituer un facteur catalyseur de bonnes relations entre
l'administration et les administrés. Ce déficit de la gouvernance
engendre un sentiment des frustrations et des replis inter et
intracommunautaires.
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