Quels sont les enjeux pour la promotion de la toponymie littorale comme patrimoine culturel littoral ?( Télécharger le fichier original )par Janig LE BOURVELLEC Universite Bretagne-Sud - Master Politiques patrimoniales, développement culturel et territoires 2017 |
I.2.2 La topographieLa topographie comme la linguistique était connue des scribes. Il est alors peu plausible que ces érudits, aussi rigoureux étaient-ils, aient commis des erreurs sur les noms des villages.27 Ainsi, les scribes ne sont pas ceux qui auraient détourné le sens et l'orthographe des noms, mais plutôt ceux qui auraient contribué à faire perdurer le nom dans sa langue d'origine. Si les portulans gardaient la trace des routes maritimes, les cartes qui les ont suivis, indiquaient volontiers les repères visibles sur le terrain, composés parfois de noms, qui devaient permettre la reconnaissance d'obstacles28. Ces noms sont encore présents dans les îles Marquises, à travers les langues maternelles de l'archipel. A l'instar des noms tels que Hatu ou Fatu qui, mis à part des termes décrivant des îles, désignent des rochers séparés des terres.29 Les cartes de Cassini, si précises pour le XVIIIe siècle, peuvent, toutefois, amener à des confusions entre les hameaux, puisque certains noms peuvent se rapprocher alors que la distance entre eux est plus étendue30. I.2.3 L'histoire du territoireLa mémoire des marins était précieuse pour repérer les côtes et les nommer. Aussi, la prise de conscience de cette connaissance a permis à Jean-Jacques Carriou de collecter les noms des criques de la côte ploemeuroise,31 auprès de son père, Gilbert Carriou, ancien marin. Pour rendre hommage aux gens de mer, il a alors livré cette restitution, photographies à l'appui des endroits cités, au Cahier d'histoire de Ploemeur. Dans son travail, les noms bretons font référence à la pêche et au milieu marin. Certains endroits sont alors nommés en fonction de ce qui peut être le plus fréquemment pêché et d'autres semblent plus énigmatiques ; et ceci pour deux raisons. D'une part, les professionnels de la pêche sont de plus en plus rares dans le village de 27 HOLLOCOU,Pierre, PLOURIN, Jean-Yves. Op. cit. 28 L'âge d'or des cartes marines, Bibliothèque national de France (?) 29 OTTINO-GARANGER, Marie-Noëlle, OTTINO-GARANGER, Pierre. Op. cit. 30MACE, Victor, Les Cassini carte sur table, documentaire rediffusé le 5 août 2017, pour l'émission La Fabrique de l'histoire sur France Culture. Podcast disponible sur https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/documentaire-de-lete-58-les-cassini-carte-sur-table 31 CARRIOU, Jean-Jacques. Op. cit. 15 Kerroc'h, contrairement aux XVIIIe et XIXe siècles32. D'autre part, les pêcheurs avaient une habitude du territoire et nommaient les lieux pour eux, « ça c'est des noms entre nous... »33. 32 COMITÉ D'HISTOIRE DU PAYS DE PLOEMEUR, Historique des activités maritimes du Kernével au Fort Bloqué, Comité d'Histoire de Ploemeur, 2009 33 RIOU, Yann, La toponymie nautique, Chenal vers la mémoire des populations littorales, dans l'ouvrage sous la direction de LECOMTE, Sophie, Retour de mer Mémoires maritimes en chantier, Editions Locus Solus, Peronnas, 2015. 16 |
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