Participation politique des jeunes de la ville de Matadi sur l'organisation des élections 2018.par MoàƒÂ¯se Kintaudi Bayama Université Kongo - Graduate en Sciences Sociales, Politiques et Administratives 2019 |
I.1.1.1.2. Jeune Comme Majeur (jeunes adultes)Dans cette dernière phase, il s'agit de jeunes qui, eux, ont acquis les moyens de l'indépendance économique, mais qui repoussent le moment d'accéder aux responsabilités familiales. Ils acquièrent une certaine reconnaissance auprès de l'Etat de bien vouloir prendre une décision pour le bien-être de la société. I.1.1.1.2.1. Disposition MentaleEn ce qui concerne la disposition mentale, voire intellectuelle, des jeunes de la Rd Congo, il importe de noter qu'une grande partie des jeunes vivent dans l'ignorance par rapport au fonctionnement des institutions du pays. Ces jeunes se trouvent dans une situation telle qu'ils sont parfois incapables de prendre une décision réfléchie sur leur participation politique. Cet état de chose peut contribuer négativement à l'épanouissement et au développement du pays. D'où l'Etat a le devoir de s'occuper et d'encadrer cette jeunesse, en améliorant notamment le système éducatif. I.1.1.1.2.2. Jeune PolitiqueA. Muxel, dans « La participation politique des jeunes : soubresaut, fractures et ajustement »7(*), explique les différentes raisons qui expliquent l'abstention des jeunes lors des élections. Ni la campagne de l'élection présidentielle, ni ses enjeux ne paraissaient beaucoup retenir l'attention des jeunes. De plus, 90 % des jeunes pensent que les hommes politiques sont corrompus. Selon l'auteur, les hésitations des jeunes se porteraient davantage sur les contenus et les enjeux programmatiques que sur l'offre pourtant diversifiée des candidats. Pour P. Bourdieu, cette dépolitisation met en cause le système scolaire dans son ensemble. Pourtant, malgré les apparences, les jeunes ne sont pas dépolitisés, ils ont juste un rapport différent à la politique que les générations précédentes. Les tentatives d'une politique de la jeunesse restent difficiles à réaliser. Ce qui ressort le plus de la tentative de mise en place de politique jeunesse reste le « contrôle social». Il faut occuper la jeunesse en l'encadrant pour la repérer et savoir où elle est et ce qu'elle fait. Il faut aussi insérer la jeunesse dans la société, ce qui oriente les prises en charges et les politiques développées en direction de la jeunesse. Nous sommes aujourd'hui dans une société qui a peur de sa jeunesse. Lorsqu'on décide de développer des politiques en direction de la jeunesse, les pouvoirs locaux ou nationaux doivent se forger une représentation de la jeunesse. Il faut à la fois penser une définition de la jeunesse et donner une version plausible de la réalité des problèmes de la jeunesse. Cette notion permet de rendre visible le sens et les contenus de l'action publique et sa place vis- à-vis des autres catégories sociales. A ce propos, Chantal Guerin-Plantin propose quatre référentiels8(*) : - le modèle de la jeunesse citoyenne : on développe une croyance en l'éducation et la transmission des principes de la société adulte (partis politiques, mouvements de jeunesse, associations d'éducation populaire, etc.) ; - Le modèle de la jeunesse dangereuse et en danger : en partant de l'idée que les jeunes criminels pourraient contaminer les autres jeunes. La jeunesse dangereuse ne représente qu'une infime partie dans les statistiques, pourtant c'est elle qui apparaît comme la plus nombreuse. - Le modèle de la jeunesse messianique : les jeunes sont capables de changer, voire de sauver, le monde à partir de leurs propres règles. Les adultes attendent que la jeunesse fasse la Révolution. La jeunesse messianique fait rupture et refonde la société. Cette idée a orienté les idéologies et les expérimentations d'éducation alternative. - Le modèle de la jeunesse fragile : la jeunesse a besoin d'être protégée par une justice spécifique et une censure de la presse et des spectacles. Ces quatre modèles se retrouvent de façon inégale ces dernières années. Depuis les dernières élections présidentielles, on a assisté à une mise en avant de la jeunesse dangereuse et en danger. Le débat social actuel est nettement dominé par la peur de la jeunesse, ce qui repousse le modèle de la jeunesse citoyenne qui existe pourtant. Actuellement, le tempo sécuritaire est très présent dans les médias et dans le discours des candidats potentiels aux prochaines présidentielles. Eric Macé montre que depuis la fin des années 19909(*), le discours de référence se fonde sur une dépolitisation de la délinquance. On évacue les causes sociales et, en même temps on affiche le double discours des victimes et de la police. La délinquance est un phénomène réel, mais il faut regarder les chiffres avec prudence. Il faut prendre en compte le changement de comportement des personnes. La police fait passer moins de fait en main courante et la justice est plus attentive à la délinquance des mineurs (médiation-réparation). Laurent Mucchielli montre que la délinquance des jeunes issus de l'immigration est analogue à celles enregistrées pour les populations pauvres10(*). Les contenus des violences sont surtout des vols de voitures et des violences faites contre les porteurs de l'autorité et notamment les policiers. Cette notion de jeunesse dangereuse est aussi portée par la question des incivilités. Ce qui pouvait être jugé comme des « bêtises » autrefois sont jugés comme des délits aujourd'hui. La jeunesse reste une menace potentielle. Ce principe n'est pas nouveau puisque Michel Foucault11(*) montre comment au XIXe siècle, on s'est servi de ce sentiment de menace pour mettre en place les maisons de correction dont la cible était les jeunes pas assez coupables pour aller en prison, mais pas assez innocent pour rester en liberté. Ces maisons de correction qui donnent naissance aux institutions rééducatives et judiciaires de la jeunesse vont introduire le thème « criminel » défini ensuite comme «classe dangereuse»12(*). Aujourd'hui, la criminalisation de la jeunesse tient lieu d'analyse sociale. Le développement de la jeunesse dangereuse est possible grâce à l'action des médias qui, en réalité, mettent en scène les jeunes, montrant une jeunesse dangereuse, surtout depuis les différents événements des banlieues (années 80, 90 et 2005), jeunesse dangereuse plutôt étrangère et donc étrange. Cette mise en scène permet de faire oublier le chômage des jeunes et de créer un discours sécuritaire justifiant la nécessité d'une police des jeunes. Faire oublier le chômage des jeunes : on l'a déjà vu, les jeunes nés après 1980 vivent moins bien que leurs parents. Le taux de chômage a fortement augmenté ces dernières années et l'avenir est de plus en plus incertain pour la jeunesse. Comment penser une place pour la jeunesse quand on la représente comme criminelle ? Aujourd'hui, même les « bons jeunes » peuvent devenir dangereux. La représentation de la jeunesse dangereuse obscurcit la vue sur la diversité et la complexité des situations juvéniles. La pensée sécuritaire positionne la police au centre de l'action publique visant la jeunesse qui apparaît, finalement, comme un groupe qui va mal. I.1.2. PARTICIPATION POLITIQUELa participation politique est l'ensemble des activités organisées par les individus ou les groupes qui sont susceptibles de donner aux citoyens une influence sur le fonctionnement du système sociopolitique. Ainsi définie, la participation est un acte organisé dans un but précis (influencer le fonctionnement du système) par des individus de la base (les gouvernés). Si elle ne se limite pas nécessairement aux actes autorisés par les gouvernants, elle ne s'étend pas à toutes les activités dont l'effet affecte le fonctionnement de l'Etat.13(*) La participation politique désigne aussi l'ensemble des activités d'ordre politique que peuvent avoir les individus au sein d'une société. Idéalement, elle renvoie à l'exercice d'une citoyenneté dynamique et réfléchie, mais une infime partie se mobilise activement pour la politique. Cette faible participation s'explique par le coût inhérent à la mobilisation, coût en temps, mais aussi coût en termes d'information, car la participation nécessite une compréhension de ses enjeux. Cette participation, qui peut être conventionnelle ou non conventionnelle, c'est-à-dire légale ou située à la marge de la légalité, trouve son explication dans un certain nombre de variables biologiques, sociologiques, économiques ou culturelles. Mais depuis les années 80, on assiste à la transformation de la participation, qui sous l'influence de la montée de l'individualisme et du niveau d'éducation, prend des formes moins institutionnalisées et plus circonstanciées. Enfin, Philippe Braud définit la participation politique comme l'ensemble des activités, individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur le fonctionnement du système politique.14(*) * 7ANNE MUXEL, la participation politique des jeunes : soubresauts, fractures et ajustements, Revue française de la science politique, 2002, vol. 52, n°5-6, pp. 521-544. * 8C.G. PLANTIN, Genèses de l'insertion : l'action publique indéfinie, 1999, Dunod, Paris * 9ERIC MACE, Le traitement médiatique de la sécurité, 2002, la découverte, Paris. * 10 L. MUCCHIELLI, Crime et sécurité, l'état des savoirs, 2002, la Découverte, Paris. * 11 M. FOUCAULT, Surveiller et punir, 1975, Gallimard, Paris. * 12L. CHEVALIER, Classes laborieuses, classes dangereuses, 2002, Perrin, Paris * 13KASEREKA MWANAWAVENE, R.,communication politique, cours inédit, G3 SPA, université kongo, 2018-2019 * 14P .BRAUD, Dans Sociologie politique, Gallimard, Paris, 2008 |
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