3.2 Le woro-woro: une évolution dans la typologie
des acteurs organisationnels
L'évolution de la structure de fonctionnement des
woro-woro s'inscrit dans une trajectoire de changement de relations de travail
entre propriétaire et chauffeur et
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entre celui-ci et la demande sociale de mobilité. En
effet, dans un contexte de besoins de mobilité géographique de
plus en plus croissants, on note le repli d'un grand nombre d'entrepreneurs aux
statuts divers autour du woro-woro avec pour conséquence une disparition
progressive du bénévolat au profit de la professionnalisation.
Quelque soit le type de woro-woro, on constate la naissance d'une
variété d'acteurs aux statuts différents qui se
déclinent en propriétaire, propriétaire chauffeur,
chauffeur titulaire, chauffeur en second, le «en cas de cas», dont
une description typologique s'avère nécessaire.
Dans l'organisation pratique de l'activité, ces acteurs
se subdivisent en trois groupes Il s'agit d'une part, des propriétaires,
du chauffeur propriétaire et du chauffeur simple. Le groupe de
chauffeurs permanents se subdivise en deux sous-groupes à savoir: les
chauffeurs locataires et les chauffeurs propriétaires. Mais
indépendamment des différents types de chauffeurs, les formules
contractuelles entre le propriétaire et le chauffeur sont complexes. Il
peut s'agir dans cette forme de contrat de travail de la location-vente avec
les propriétaires ou du «travailler payer». Ce qui veut dire
que le chauffeur considère l'argent qu'il verse au propriétaire
comme un «remboursement» d'une somme correspondant à la valeur
du véhicule. Au terme du remboursement, il devient propriétaire
du taxi. Dans ce cas les versements se font chaque jour et le chauffeur doit
travailler 6 jours/7 pour atteindre son objectif. D'autres encore sont en
concession avec les importateurs ou les vendeurs de véhicules et doivent
verser des traites hebdomadaires. La loi de l'informel est de règle, car
rien n'est ni formalisé ni arrêté définitivement. En
cas de grève, le chauffeur verse «ce qu'il peut»,
irrégulièrement.
Ces ajustements rappellent, dans une certaine mesure, la
capacité de certains entrepreneurs employeurs sociaux à s'adapter
à la situation individuelle des employés. Cette souplesse
constitue un véritable atout au succès de l'offre des woro-woro.
Il existe encore d'autres formes de contrat dans lesquelles, les chauffeurs
sont payés au rendement. Dans ce cas de figure, le chauffeur prend le
taxi en location et le supplément en dehors des frais de location est
considéré comme le salaire du chauffeur. Par exemple, si le taxi
est pris en location à 13500
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FCFA par jour pour le woro-woro communal et au cas où,
les frais du carburant sont dégagés, le bénéfice
journalier de l'ordre de 5000 à 6000 F CFA revient au conducteur. Pour
atteindre cet objectif et en même temps satisfaire le
propriétaire, le chauffeur doit faire face à une dure
épreuve: tout accepter tel que les surcharges, porter des bagages,
non-respect du code de la route, etc.
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