§2. Les facteurs des relations internationales29
Pour comprendre la société internationale
contemporaine, il faut d'une part prendre en considérations les facteurs
qui influent sur son fonctionnement et d'autre part, analyser sa structure,
c'est-à-dire identifier les acteurs du jeu.
Les principaux facteurs qui influencent le fonctionnement de
la société internationale et qui commande le comportement des
acteurs sont les facteurs géographiques,
démographiques,
économiques,
techniques, idéologiques
et juridiques.
Le poids de ces catégories de facteurs varie
naturellement dans le temps et dans l'espace. On doit y ajouter aussi la
personnalité et le rôle de l'homme d'Etat, nous ne oublions pas
également le facteur militaire
(géostratégique) dont le
rôle est de première importance à l'ère
nucléaro-spatial.
Chacun des facteurs exerce une influence sur le fonctionnement
de la société internationale. Ils agissent tantôt
conjointement, tantôt isolement. Les points de vue des théoriciens
et historiens des relations internationales diffèrent lorsqu'ils
abordent ce sujet.
§3. Les acteurs des relations internationales30
La désignation des acteurs représentent une
étape importante pour qui étudie la scène internationale.
Il s'agit de se demander qui anime concrètement les relations
internationales.
En relations internationales, on considère comme acteur
« toute entité dont les actions transfrontalières
affectent la distribution des ressources et la définition des valeurs
à l'échelle planétaire». La question des acteurs
permet de mieux comprendre les théories puisque chaque théorie ne
met pas l'accent sur les mêmes acteurs.
1. L'Etat
On connait la définition classique de l'Etat
proposé par les juristes un territoire, une population et un
gouvernement la combinaison de ces trois éléments permet à
l'Etat de revendiquer la souveraineté.
29 Labana lasay'abar, les relations
internationales : présentation panoramique et approches
théoriques, mediaspaul, kinshasa (RDC), 2006, P19 et suivantes.
30 Philippe Marchesin, introduction aux relations
internationales, Ed Karthala, 2008, p 69 et suivantes.
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Le processus de centralisation de l'Etat s'identifie tout
d'abord à la notion d'espace, des étendues jusque-là
éparses, sont unifiées par l'administration étatique qui
en fait un seul territoire délimité par une frontière. La
clôture de l'espace permet particulièrement au pouvoir central de
surveiller efficacement ses sujets. C'est d'autant plus qu'il revendique
à leur égard une contrainte légitime.
L'Etat, porteur de la responsabilité est un tout
unique, un acteur en charge de tous les autres, de toutes les activités
se déroulant sur son territoire. Pourtant l'Etat est un tout sauf une
entité unique, il est décentralisé en régions,
provinces, Etats fédérés,... l'Etat porteur de la
responsabilité n'est donc qu'une fiction nécessaire au
fonctionnement du Droit International
Le triomphe de l'Etat comme mode d'organisation
privilégié des sociétés (et par
là-même, la mise en place des relations interétatiques)
trouvent leurs origines dans les traités de Westphalie de 1648
consacrant la disparition de l'ordre médiéval à travers
l'affaiblissement des pouvoirs du pape et du morcellement du saint empire
Romain Germanique.
En outre, l'expansion du model étatique se
réalise par la diffusion de l'Etat nation à partir de la fin du
XVIII siècle, Jean-Jacques Roche identifie à ce sujet cinq vagues
de construction nationale, établissant le lien organique entre l'Etat et
la nation et illustrant la dimension anti-impériale de la
souveraineté. Les cinq vagues correspondent à cinq moments
historiques de la création groupées d'Etats31 la
révolution américaine puis la révolution
Française, l'indépendance de l'Amérique latine
dans la première moitié du XIX siècle, les
révolutions démocratiques du milieu du XIXème
siècle en Europe centrale et orientale, les vagues de
décolonisation après la seconde guerre mondiale, l'implosion de
l'union soviétique. Symbole de cette prolifération
étatique les Nations-Unies, qui comptaient 51 membres en 1945 en
rassemblent 194 en 2013.
? La double remise en cause de
l'Etat
Il s'agit de faire référence au
dépassement (par le haut) et au dépècement
(par le bas) de l'Etat.
- La remise en cause de l'Etat par le
haut. Elle renvoie à la mondialisation et la
régionalisation. La mondialisation met à jour, à travers
l'universalisation
31 JJ-ROCHE, cité par Philippe marchesin, op
cit, p72.
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progressive du libéralisme économique,
l'incapacité de l'Etat à contrôler les multiples flux
transnationaux économiques qui pénètrent quotidiennement
son territoire, parallèlement à la mondialisation,
l'intégration régionale illustre le dépassement de l'Etat
par le haut. Cette phase de
«néo-régionalisme» renvoie à ce que
Marie-Claude Smouts appelle la «Quête de l'espace pertinent pour
l'action ». Entre l'exiguïté du cadre étatique et
la vastitude de l'espace ouvert
par la mondialisation, l'entité régionale peut
apparaitre comme l'unité pertinente de régulation
politico-économique, seule capable de composer avec la montée en
puissance des flux transnationaux. L'intégration européenne par
exemple.
- La remise en cause de l'Etat par le bas
; les appels identitaires de nature primordialiste viennent
également à défier l'Etat, tout particulièrement
depuis, la disparition de l'ordre bipolaire. Nonobstant, cette donnée
conjoncturelle, Walker Connor estime que ce mouvement est lié plus
généralement à la modernisation. Cette dernière
incite les groupes nationaux, face à la dilution relative à la
mondialisation, à prendre davantage conscience de leurs
spécificités et à organiser pour les préserver.
Ajoutons à cet éventail de mobilisations identitaires, une
perspective plus matérialiste, développé notamment par E
Gellner qui met l'accent sur les risques de fragmentation des Etats en
présence d'inégale distribution des ressources économiques
sur un territoire données.32
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