2 : La ville dans ses formes à travers les
siècles
2.1 Epoque préindustrielle
Comme nous avons pu le comprendre précédemment
Villeurbanne a été pendant de nombreux siècles un
territoire à large dominante agricole. Là où aujourd'hui
fleurissent de nombreux projets immobiliers il y avait jadis un grand nombre de
parcelles cultivées. Des cultures de toutes sortes couvraient le
territoire villeurbannais. C'est suite à la lecture de plans et de
cartes anciennes que ces informations nous parviennent.
Comme les représentations imagées sont peu
nombreuses pour l'époque nous débuterons notre analyse à
l'aide de ces cartes pour tenter de comprendre les logiques urbaines du moment.
Toutefois, ce n'est pas la seule information que la carte nous livre. En effet,
l'intérêt de ces cartes repose également dans la finesse de
sa réalisation. Jusqu'au milieu du 18ème siècle
les plans sont réalisés en perspective nous offrant ainsi une
grande richesse d'informations quant à la morphologie urbaine des
villes. De fait le plan de 17025 représentant une portion de
Villeurbanne nous apporte quelques précisions sur le style architectural
de l'époque.
Bien qu'il faille prendre avec un peu de recul l'exactitude de
cette carte on peut toutefois observer avec précision le type de
bâti dominants en ce début du
18èmesiècle.
La faible densité d'habitants facilement
repérable par le peu de bâtiments, ainsi que la
prédominance des champs confirment le caractère agricole de la
ville. Si l'on s'intéresse plus
5 Annexe 5
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spécifiquement aux différentes constructions
présentes sur la carte on remarque une certaine similitude entre
celles-ci. En effet, la majorité des représentations de
bâti s'apparentent à des sortes de grosses bâtisses proches
de la ferme. Après réflexion il semblerait assez évident
qu'il puisse s'agir de fermes dans la mesure où tout autour on constate
la présence de champs dont leur présence est signifiée par
les zones dotées de tracés horizontaux et verticaux rappelant les
sillons des cultures. En terme de technique de construction bien que ces
informations ne soient pas disponibles à la simple lecture de la carte
on peut aisément supposer que ces fermes étaient construites avec
du pisé. Cette technique basée sur l'utilisation de terre crue
comprimée à l'aide de coffrages en planches de bois
appelées les banches était particulièrement
présente en Dauphiné aux 18ème et
19ème siècles. A la pierre, ce matériau
coûteux et éloigné, était privilégié
la terre dont la disponibilité était immédiate et
gratuite. Après la construction de fondation en cailloux et mortier la
terre coulée dans les banches sont enlevées, posées
par-dessus pour monter le mur d'une hauteur supplémentaire, et ainsi de
suite (Le Rize+ ). Un toit en tuile, des portes et fenêtres en bois,
éventuellement un escalier de pierre, viendront compléter le
tout. On retrouve par ailleurs la couleur rouge des toits dans la peinture
d'Henri Verdier pouvant ainsi rappeler l'utilisation de tuiles pour les
toitures.
Aujourd'hui il ne reste guère de traces du passé
rural de Villeurbanne, simple village jusqu'à l'arrivée de
l'aventure industrielle sur ses terres à partir de 1850. Au gré
des opportunités foncières, ces vastes espaces disponibles,
maraîchers notamment ont été ainsi tous
démembrés en parcelles pour laisser la place à une usine,
un lotissement ou des immeubles. Quand elles n'ont pas été
détruites, la plupart des anciennes fermes ont été
réaménagées, leur taille imposante permettant souvent un
découpage lucratif en plusieurs logements.
Finalement Villeurbanne n'aurait pas connu l'essor d'une ville
médiévale. En retrait face à l'urbanisation galopante de
la sa voisine la ville de Lyon, Villeurbanne a suivi une transformation urbaine
très lente, conservant son caractère rural pendant de nombreux
siècles. L'évolution du nombre d'habitants à travers le
temps est un indicateur nous confirmant le caractère largement rural de
la ville. La notion de village, au sens de groupement d'habitations dont
l'ensemble de la population est engagé dans le secteur
agricole6 était celle qui caractérisait selon toute
vraisemblance le mieux cette localité. C'est donc le passage à
l'époque industrielle qui va transformer massivement et durablement le
paysage urbain du site.
6 Lexique de la géographie
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