2.4 Explorations urbaine avec une école
primaire
Enfin pour interroger les plus jeunes sur les
particularités du quartier, j'ai travaillé avec l'école
primaire Jules Guesde plus précisément avec la classe de CE2 -
CM1 -CM2 de Mme Alexandra Letellier. En travaillant avec les plus jeunes je
souhaitais découvrir comment ils se représentaient le quartier,
quels étaient les éléments du paysage urbain qui
attiraient leur attention et comment à partir de leurs points de vue on
pouvait tracer des pistes de réflexion pour repenser le terme
patrimoine. Pour se faire j'ai procédé en plusieurs étapes
: 2 visites dans le quartier, un temps en classe et un autre temps aux archives
de la ville. Les enfants bien que très proches géographiquement
du quartier Grandclément ne connaissaient pas forcement tous les recoins
du secteur pour cela j'ai procédé à une première
exploration du quartier. J'avais alors divisé la classe en groupes de 5
avec pour chaque groupe une partie du quartier délimitée à
explorer. Pour cette exploration j'avais constitué un carnet de
l'explorateur afin de guider les élèves dans la découverte
de leur zone attribuée44 L'idée était de les
inciter à observer leur environnement en développant
également une approche sensible du territoire. Les enfants
étaient invités à examiner les modes de transports, les
particularités des bâtiments, l'atmosphère présentes
dans les rues. Après ce premier temps une séance a eu lieu en
salle informatique où ils avaient pour objectif de répertorier
sur une carte tous les éléments marquant qu'ils avaient pu
observer. Pour cette tâche ils se sont aidé de l'outil Google maps
qui leur permettait de voyager à nouveau dans les rues de leur quartier.
L'objectif de cette activité était de pouvoir recenser les
éléments marquants et les comparer avec les propos des autres
habitants avec lesquels j'avais pu m'entretenir.
Par la suite une deuxième visite dans le quartier a eu
lieu cette fois-ci, l'objectif était de photographier le quartier. Les
élèves devaient aller dans la zone qui leur était
attribuée et photographier pour chaque rue l'élément
urbain qui permettait de définir la rue et l'élément
qu'ils préféraient. Je voulais ainsi voir si les choses prises en
photos étaient en lien avec des vestiges de l'époque
industrielle. Est-ce que l'identité industrielle du quartier est-elle
perçue, qu'est-ce que les jeunes générations sont capables
de saisir d'eux-mêmes de cette période.
44 Annexe 20
64
En définitive, les éléments retenus sont
très divers selon les groupes, on retrouve toute la diversité du
quartier en terme de bâtiments et de végétation. Les
espaces de loisirs sont aussi largement retenus. Les nouvelles constructions
leurs plaisent aussi énormément mais les bâtiments plus
anciens ne les interpellent que par leur vétusté. Les toits en
sheds, les terrains vagues, les usines à l'abandon passent apparemment
inaperçus et ne sont jamais mentionnés. L'activité
industrielle même si elle a laissé des traces n'est plus
perceptible, l'atmosphère si chaleureuse du quartier a elle aussi
complètement disparue. A travers les écrits, les paroles et les
photos des enfants c'est un tout autre quartier qui se dessine. Un quartier
sale, bruyant, sans la moindre connotation industrielle.
La dernière séance s'est déroulée
aux archives où j'ai pu présenter l'ensemble des documents que
j'avais pu trouver sur le quartier. Plans, photos cartes postales, extrait
d'entretiens couvrant une période compris entre 1890 et aux environs des
1950 étaient exposés. Les élèves très
intéressés par l'histoire du quartier se sont posés de
nombreuses questions sur les modes de vie de l'époque, les
activités qu'on y trouvaient ... Autant ils n'ont eu aucun mal à
constater les différences visibles dans le quartier en comparant les les
photos qu'ils avaient prises et les clichés proposés autant
élaborer une réflexion sur le devenir de ces bâtiments a
été une tâche bien plus difficile. Après les avoir
aider à mettre en forme leurs idées ils trouvent tout de
même intéressant de garder des bâtiments en guise de
témoignage du passé. Ils m'ont également rappelé la
nécessité de mettre une explication sur le bâtiment en
question « parce que sinon on ne sait pas ce que c'est et on s'en rend
même pas compte ».
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