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L’héritage industriel dans le renouveau du quartier « Grandclément gare".


par Camille JEAN-BAPTISTE
Université Jean moulin Lyon 3 - Master géographie et aménagement du territoire 2016
  

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2. Les dispositifs mis en place

Ainsi pour aborder cette question j'ai cherché à mettre en place différents dispositifs pour interroger le rapport au patrimoine que pouvait entretenir les habitants avec leur quartier.

39 Extrait doc conseil de quartier

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Toutefois avant de réfléchir aux dispositifs que j'allais mettre en place il m'a d'abord fallu réinterroger le mot habitant. Avec quel type de personnes allais-je m'entretenir ? Pour cela, les paramètres que je pouvais prendre en compte étaient nombreux, l'âge, le sexe, la catégorie socio-professionnelle, l'appartenance religieuse ... L'âge est le seul critère sur lequel je me suis attardée. Ce paramètre me semblait intéressant puisqu'il permettait à travers le recueil de points de vue allant des plus anciens habitants du quartier aux plus jeunes générations de faire le lien avec l'évolution du caractère industriel du quartier. A travers les propos des personnes j'avais l'occasion d'interroger le lien entre l'identité perçue du quartier et les éléments constitutifs de son patrimoine. L'idée principale était surtout d'aller à la rencontre des habitants et de comprendre quelles étaient leur(s) représentation(s) du quartier pour ainsi comprendre ce qui pouvaient faire sens pour eux en terme de patrimoine bâti.

2.1 : Les cartes mentales

Après avoir défini le type d'habitants que je souhaitais interroger il me fallait alors réfléchir à comment aller à leur rencontre. En explorant le quartier, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs zones de rencontres et une fréquence de passage très différentes selon les rues du quartier. En partant de ce constat j'ai alors cherché à me rapprocher des zones des rencontres délaissant dans un premier temps les zones de forts passages.

J'ai ainsi porté mon attention sur le café Le st Romain de la Rue Poizat. Ce café situé dans un lieu à la fois excentré et proche de la place principale du quartier, la place Grandclément était particulièrement intéressant puisqu'ici se réunissent très souvent des habitués vivants dans le quartier ou y travaillant depuis plus ou moins longtemps. Aller dans les lieux que fréquentent les habitants est un moyen pertinent pour déclencher la parole. En effet, le café est le lieu où on a ses repères, où l'on se détend, où on se retrouve où l'on discute de sujet plus ou moins importants donc un lieu propice à la conversation sur ce qui touche au quartier.

Ainsi aider d'une habitante pleinement impliquée dans la vie du quartier Rachel Echinger nous avons mis en place un atelier de représentations urbaines où les riverains étaient conviés à s'exprimer mais surtout à imaginer le quartier selon leurs envies. Nous avions imaginé le dispositif suivant : sur une carte où seuls les tracés des rues étaient indiqués les habitants devaient répondre à la question suivante : Vous êtes en charge du réaménagement du quartier, vous avez carte blanche, comment réaménageriez-vous le quartier ? Pour aider les participants dans cette tâche nous avions mis à disposition des accessoires en mousse censés représenter les bâtiments, les espaces verts, les zones aquatiques... Pour accompagner ces petits

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accessoires nous avions également réalisé des petites étiquettes avec l'ensemble des thématiques qui pouvaient être abordés telles que : l'éducation, la santé, les transports...Le choix a été de ne pas introduire directement la thématique du patrimoine, nous voulions observer si cette notion émergeait d'elle-même.

Dans les faits, suite à l'énoncé du sujet les habitants devaient alors utiliser les accessoires et les stylos à leur disposition afin de compléter la carte à leur guise.

L'intérêt de cette démarche est double, d'une part elle permet d'observer la capacité des habitants à construire la ville, et d'autre part elle permet d'observer l'intérêt des habitants pour les éléments bâtis du quartier et donc d'aborder la question du patrimoine. Nous avions avec la gérante du café convenu d'une date et avions laissé un flyer qui expliquait notre activité et en donnait l'heure et la date. La gérante de son côté à fait de la communication sur notre événement auprès de ses clients afin qu'ils viennent y prendre part.

Cette première tentative inspirée du système de carte mentale ne s'est pas avéré aussi réussie que je l'avais imaginé. En effet, deux personnes se sont déplacées spécialement pour l'activité et les 5 autres personnes présentes étaient présentes purement par hasard puisqu'elles se trouvaient là pour commander une collation. Une fois notre matériel installé nous avons été face à une personne particulièrement remontée par notre présence nous prenant pour responsable de « la mort » du quartier. Cette personne a trouvé à travers cette activité l'occasion d'exprimer son point de vue en ne craignant pas de créer une situation conflictuelle. Cette dernière n'a absolument pas voulu tenir compte des consignes et des informations sur notre statut que nous avions pourtant bien précisées. Il ne s'agissait aucunement d'une conversation encore moins d'un échange c'était l'expression parfaite d'un monologue emplit de frustrations. La véhémence de ses propos a également fait partir les personnes plus discrètes présentes et qui paraissaient très intéressé par notre activité. Face à ce phénomène assez inattendu nous avons dû revoir notre activité et nous adapter rapidement. Nous avons alors choisi de poursuivre cette conversation en posant des questions à l'intéressé dans l'espoir de développer certaines thématiques ce qui ne fut pas chose aisée. Par la suite l'individu s'est calmé et nous a laissé poursuivre avec les 4 participants restants.

La dynamique du début n'y était plus et les réactions attendues sur les cartes mentales n'ont pas progressé il a alors fallu guider les habitants et poser de nombreuses questions pour

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susciter leurs réactions et essayer d'aboutir à des informations concrètes sur la question du renouveau du quartier et de son patrimoine.

Pour faire un point sur les 5 personnes présentes, on pouvait noter la présence de personnes d'un âge compris entre 50 et 60 ans, de 4 hommes et d'une femme, de milieu apparemment ouvrier des informations quant à leur profession ont été mentionnées pendant la discussion.

En résumé, les habitants présents ont eu beaucoup de mal à se saisir de cette question de renouvellement urbain. Créer un projet de toute pièce s'est avéré être une activité particulièrement complexe, lorsque nous les avons questionnés sur les éléments participants à l'identité industrielle du quartier les réponses sont restées très évasives et le patrimoine bâti a été abordé de manière indirecte. En effet, la personne très remontée a été la seule à nous livrer des informations plus exploitables à ce sujet. Pour elle, la question de patrimoine se posait surtout en terme de patrimoine social. Les constructions actuelles d'immeubles en hauteurs avec de nombreux logements les « blockhaus » comme il les appelaient ont eu raison de la vie de quartier d'autrefois. Les contacts et la convivialité qui façonnait le quartier ont disparu à cause de ces constructions dépourvues de toute humanité. Pour lui réfléchir à la question de ce qu'il faut conserver ou non n'avait pas de sens et venait bien trop tard puisque « le mal était déjà fait et que de toute manière c'est pas près de s'arranger ».

Forte de cette première expérience plutôt mitigé nous avons retenté l'expérience cette fois-ci dans les locaux du Rize. Un soir de semaine nous avions proposé le même dispositif, une communication avait été diffusé via la liste de diffusion du Rize et de la pose d'affiches au sein de l'établissement bien en amont. Cette fois-ci deux personnes se sont présentées pensant obtenir de l'information sur la transformation de la place Grandclément. Il me semblait pourtant que ma communication était claire, qu'il n'était aucunement question de transmettre des informations et encore moins sur la place Grandclément pourtant le message est passé autrement. Une fois que j'ai eu réexpliqué le principe de l'atelier les personnes ne voulaient plus vraiment s'investir alors que quelques instants auparavant elles avaient énormément de questions et de propositions... Cet événement nous raconte plusieurs choses. Premièrement que ce genre de dispositif où on invite les habitants à s'exprimer librement et à construire une réflexion commune n'est pas du tout courant, les personnes sont quelque peu déroutées par ce dispositif et ne savent pas vraiment comment se positionner. D'autre part, au moment où j'ai fait la communication de l'évènement à venir en allant à la rencontre d'habitants sur la place

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du marché par exemple ou aux arrêts de bus ils semblaient très intéressés par la démarche en revanche lorsqu'il a fallu se mobiliser et de se déplacer dans un lieu propice à cette réflexion leur implication est largement remise en question.

Un dernier atelier a été mené avec un groupe d'assistantes maternelles dans le relais d'assistantes maternelle40 situé en plein coeur du quartier près de la gare de Villeurbanne. Ce sont 7 femmes de 30 à 45 ans travaillant dans l'ensemble du quartier de rénovation qui se sont tout à fait « prises au jeu » et qui ont fourni nombres d'informations pertinentes. Il ne leur a pas fallu beaucoup d'aide pour comprendre les consignes et s'investir pleinement dans l'activité. De nombreuses thématiques ont été abordé, la sécurité, les aires de jeux, la nature en ville...

Les habitants cette fois-ci très à l'aise s'expriment massivement. Beaucoup d'informations sur les disfonctionnements du quartier émergent, mais aussi sur leurs attentes pour le quartier de demain. Toutefois la question du patrimoine via une approche par la conservation ou la réhabilitation ne sont toujours pas des thématiques qui viennent spontanément. J'ai tout de même introduit cette thématique en

proposant plusieurs photos de bâtiments du quartier, des petites maisons bourgeoises, des

petits immeubles de types ouvrier et leur ai demandé si elles aimeraient les voir dans leur

paysage urbain de demain. Les réponses étaient mitigées mais certaines des participantes

m'ont affirmées qu'il était important de ne pas toutes les démolir puisqu'elles contribuaient à

créer l'ambiance du quartier. Pour la première fois le caractère industriel a été mentionné et

s'est imposé comme vecteur de la création d'une identité propre au quartier.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon