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2. Ma participation à la révision des
études techniques
2.1 Une étude de trafic
Comme précisé ci-dessus, au printemps 2017 une
révision des études techniques est lancée et un volet
d'étude sur la circulation le long du tracé de l'axe de BRT est
engagé. En 2015, une première étude de circulation avait
déjà été réalisée par une entreprise
locale mettant ainsi en évidence les particularités du trafic sur
l'ensemble du tracé des futures lignes de BRT. Toutefois, cette
étude montrait quelques points d'incohérence, aussi pour obtenir
une vision plus claire du trafic une seconde étude a été
demandée et réalisée par SCE en avril 2017.
J'ai ainsi accompagné les équipes nantaises et
parisiennes de SCE au Sénégal pour les aider à
réaliser cette nouvelle étude trafic.
Du fait de la réalisation d'un premier terrain en
amont, de nombreuses informations étaient disponibles, nous donnant des
éléments précieux de compréhension pour la
réalisation de notre étude. A ce titre, nous nous sommes
largement basés sur les rapports d'études réalisés
par les experts en aménagement de la Banque Mondiale pour identifier et
concentrer nos efforts sur les zones de circulations
pré-identifiées comme secteur à enjeux. Pour appuyer le
caractère prioritaire de certaines portions du tracé des lignes
de BRT la Banque Mondiale s'est notamment basée sur un
phénomène bien précis.
Effectivement, si on regarde un peu plus dans le détail
les propositions des tracés des lignes BRT un point dur est rapidement
détectable, il s'agit du mouvement de « tourner à gauche
» pour les véhicules non concernés par le site propre. Les
véhicules vont venir couper les voies de BRT et ainsi ralentir voire
paralyser les lignes BRT sur leur tracé pendant un laps de temps plus ou
moins cours. Ce mouvement viendra impacter négativement la vitesse
commerciale des lignes. A ce phénomène s'ajoute des
remontées de files possiblement importantes et par extension la
création de nouvelles zones de congestion
Figure 6 : Mouvement de tourner à gauche
problématique
Voirie accessible aux autres véhicules
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Source : Camille Jean-Baptiste
De fait, pour faire face à l'épineuse question
des « tourner à gauche » la Banque Mondiale a alors
émis des solutions alternatives dont la première consiste
à créer un itinéraire secondaire afin d'éviter ce
mouvement. Ainsi, a été imaginé sur certaines
intersections des mouvements de « demi-tours » en vue de rendre moins
complexe la traversée des voies de BRT.
Figure 7 : Proposition de la banque mondiale
pour éviter les « tourner à gauche »
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Voirie accessible aux
autres véhicules
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Voie réservée BRT
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Source : Camille Jean-Baptiste
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Ainsi, c'est en nous basant sur le constat et les
propositions de la Banque Mondiale que nous avons réalisé notre
étude de circulation. Nous avons organisé cette mission en deux
temps.
Après avoir pris connaissance du tracé des
lignes de BRT nous avons dans un premier temps tenter d'identifier
et vérifier la viabilité de l'ensemble des itinéraires
secondaires que la Banque Mondiale avait imaginé. Cette
tâche ne fut pas des plus évidentes dans la mesure où les
données disponibles n'étaient pas géolocalisées
précisément. En effet, le système de
référencement des rues dans le centre-ville de Dakar n'est pas
monnaie courante et le meilleur moyen de se situer dans la ville reste encore
l'usage de points de repères, or ceux-ci n'étaient pas
mentionnés dans les comptes rendus disponibles. Fréquemment les
rues parallèles sont très proches et il est difficile de
distinguer celles proposées par la Banque Mondiale.
Figure 8 : Extrait de carte du centre-ville de
Dakar, Sénégal
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Après identification et vérification des
itinéraires secondaires nous sommes arrivés à la
conclusion que l'expertise faite par la Banque Mondiale n'avait
vraisemblablement pas fait l'objet d'un travail de terrain approfondi. Force a
été de constater que de nombreux itinéraires
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étaient difficilement empruntables par un ensemble de
véhicules motorisés. En cause, la voirie défectueuse et la
durée de réalisation des itinéraires beaucoup trop
importante.
L'état de la voirie dans le centre de Dakar est
relativement bon sur les axes principaux, toutefois en dehors, la voirie est
très souvent constituée de pistes de sable rendant la circulation
pour nombre de véhicules particulièrement difficile. Pourtant
parmi les propositions de la Banque Mondiale près de 80 % des
itinéraires de déviation étaient proposés sur ce
type de voies.
Figure 9 : Exemple de pistes de sable
Source google maps
Si de prime abord cette solution ne parait pas viable, dans
l'éventualité où celle-ci viendrait à se
concrétiser elle nécessiterait l'emploi de moyens financiers
très importants. Ajoutée à la qualité
médiocre des itinéraires, le temps de parcours pour effectuer ces
itinéraires peut également poser problème. En effet, nous
avons chronométré pour chacun des parcours le temps de trajet et
fréquemment les itinéraires de déviation atteignent
souvent les 10 minutes. Ce dernier point vient rappeler la difficile
acceptation par les automobilistes d'une telle contrainte et par extension
l'acceptation du projet BRT.
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Par ailleurs, il arrive que les déviations soient
proposées à l'intérieur de quartiers d'habitation pour
l'heure tout à fait dépourvus de trafic routier. La pertinence de
ce schéma interroge. Les lignes de BRT ont pour objectif
d'améliorer la mobilité des individus et non pas de venir
compromettre durablement leurs lieux de vie.
Un deuxième temps de notre étude aura
été la réalisation de comptages routiers. Nous nous sommes
ainsi positionnés autour de chaque intersection que nous jugions
déterminante soit en termes de trafic soit parce que les changements de
direction des véhicules semblaient importants. Sur un laps de temps
déterminé nous avons ainsi compter les mouvements tournants des
véhicules. Cette tâche nous occupa pendant plusieurs jours dans la
mesure où devions nous positionner sur un grand nombre d'intersection
sur un axe long de19 km.
Pour clôturer ce temps d'étude nous avons par la
suite fait part de nos observations auprès de notre client, le CETUD. A
cette occasion j'ai participé à la vérification et
à l'agencement des données que nous avions
récoltées. Cette réunion de restitution a permis
d'appréhender sous un nouveau jour les comptages réalisés
auparavant en comparaison avec les comptages que nous venions de
réalisés. Les données issues des comptages ont
également permis de faire des propositions de phasage de feux en vue du
passage des lignes de BRT.
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