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Enjeux de transition du tourisme aérien.


par Mélanie FAYARD
Institut Urbanisme et Géographie Alpine Grenoble - Master Tourisme Innovation Transition 2019
  

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b) Les compagnies aériennes

Le paysage formé par les compagnies aériennes est multiple et complexe. Chacune d'elles est rattachée à un pays mais peut être possédée par plusieurs pays ou un pays différent de celui auquel elle est rattachée, ou également par des acteurs privés. De plus, une compagnie aérienne peut posséder directement ses avions mais aussi les louer, tout comme elle peut sous-traiter l'intégralité des services inhérents à son activité, du ménage des cabines à l'entretien technique des appareils.

On peut quand même affirmer que les entreprises aériennes sont toujours des sociétés importantes par l'investissement nécessaire pour l'achat du capital. La plupart des pays du monde ont une compagnie qui leur est historiquement ou symboliquement rattachée. Air France dans notre pays, KLM aux Pays-bas ou encore Lufthansa en Allemagne. Si ces compagnies ont été à l'origine ou dans leur histoire possédée par leur pays d'origine, on ne peut plus dire que ce soit encore la règle aujourd'hui. Sans entrer dans le détail de cet univers très complexe, on peut parler rapidement d'Air France, possédée à 94% par l'Etat Français en 1994 elle est aujourd'hui aux mains de divers investisseurs français et étrangers. Pourtant, comme le décrit Jean-Jacques LECAT dans son article La propriété et le contrôle des compagnies aériennes, le cas d'air France (LECAT) la valeur symbolique et la charge émotionnelles de cette compagnie « pavillon » est très importante dans le paysage politique car on l'envisage toujours comme attachée à l'Etat. L'environnement des compagnies aériennes est pourtant ultra libéralisé, ouvert à la concurrence et mondialisé.

Les compagnies aériennes constituent un domaine rentable, comme le décrivent les chiffres de l'ICAO « le transport aérien termine l'année 2017 avec un autre bénéfice d'exploitation record, soit 60 milliards USD et une marge d'exploitation de 8 %. Le bénéfice net des compagnies devrait s'établir à quelque 36 milliards USD, dont près de 45 % devraient provenir des transporteurs de l'Amérique du Nord. »12

c) Les taxes

Il existe différentes taxes dans le domaine du transport aérien. Tout d'abord nous évoquerons la convention de Chicago de 1944 qui pose les bases de l'organisation actuelle. Nous évoquerons ensuite la TVA appliquée au secteur, la taxe sur les billets d'avions en France dite taxe Chirac puis enfin la toute récente taxe mise en place par le gouvernement Macron.

12 https://www.icao.int/Newsroom/NewsDoc2018fix/COM.01.18.FR.pdf

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La convention de Chicago définit le premier cadre du trafic aérien mondial et est ratifiée le 7 décembre 1944, à la sortie de la seconde guerre mondiale. Ce contexte bien particulier donne le ton des premiers mots du texte « The future development of international civil aviation can greatly help to create and preserve friendship and understanding among the nations and people of the world, yes its abuse can become a threat to general security » (Convention on International Civil Aviation, 1944)

C'est ce texte, toujours en vigueur aujourd'hui qui définit la taxation du carburant des avions dans l'Article 24 : « Fuel, lubricating oils, spare parts, regular equiment and aircraft stores (...) shall be exempt from customs duty, inspection fees or similar national or local duties and charges » (Convention on International Civil Aviation, 1944) En résumé, pas de taxe sur le fioul lourd des cargos et le kérosène des avions puisque l'on veut favoriser l'expansion du secteur. Cette décision a été prise par les 191 états membres de l'OACI et seul un vote unanime de ces mêmes états pourrait remettre en cause cette clause. Cette convention ne vaut que pour les vols internationaux, comme le rappelle Claudia Cohen dans son article de novembre 2018 (COHEN, 2018).

· En France le taux de TVA pour l'achat des billets tous moyens de transport confondu est de 10%. Ce taux est le même pour les billets de bus, de train ou d'avion mais uniquement pour les vols domestiques c'est-à-dire en France. Pour les vols internationaux et intra-européens le taux de TVA est de 0. Cette situation trouve son origine dans une directive européenne de 1977 prévue à l'origine pour être provisoire. Cette exemption de TVA signifie que les compagnies peuvent être remboursées de la TVA pour achat de biens et service liés à l'activité. Selon le rapport « Les aides au transport aérien » publié en 2015 par Réseau Action climat ce taux de TVA à 0 représente un manque à gagner de 10 millions d'Euros par an.

· La taxe sur les billets d'avions dite « taxe Chirac » a été mise en place en France en 2006. L'objectif est de constituer un fond pour « rendre accessible les soins aux plus défavorisés de la planète, et lutter contre le sida, le paludisme, la tuberculose » comme nous le décrit cet article de l'Obs (l'Obs, 2013). A son lancement en 2006, Jacques Chirac souhaitait que l'initiative soit suivie par d'autres pays. Finalement la France reste le premier contributeur et les réalisations ne sont pas nombreuses. Cette taxe ne fait pas l'unanimité et n'est pas considérée comme une grande réussite.

· Très récemment, en juillet 2019 une nouvelle écotaxe a été décidée en France. Elle concernera dès 2020 tous les billets d'avions vendus pour des vols au départ de la France. Cette mesure sera intégrée au projet de lois finances de 2020. Le montant de la taxe sera compris entre 1,5 et 18 euros par billet, et devrait rapporter 180 millions d'euros par an

destinés à financer des infrastructures de transport plus écologiques comme le train. Cette taxe a été assez mal perçue de la part des compagnies aériennes, notamment Air France comme le décrit un article du Monde de juillet 2019 (AFP, 2019). La compagnie s'inquiète en effet que cette taxe aille à contre-sens de la transition écologique en empêchant notamment la compagnie de renouveler sa flotte.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus