3. Constat
Voyons tout d'abord comment se positionne l'agence Allibert mais
surtout sa clientèle face au tourisme aérien et en quoi les
activités du groupe sont liées à l'avion.
a) Des voyages au long court
De toute évidence, l'image de l'agence Allibert
trekking est fortement liée voir indissociable de l'avion. Bien
qu'initiée dans les Alpes, la marque de fabrique Allibert est celle des
sommets du monde. Ainsi, les clients qui choisissent de voyager avec cette
agence viennent chercher des destinations lointaines, pour lesquelles l'avion
est une évidence. « L'histoire d'Allibert c'est le voyage
aérien : Pérou, Népal etc... On dépend du voyage
aérien car les clients ne sont pas prêts à passer beaucoup
de temps dans les transports, quand on passe par une agence on veut que les
choses soient organisées » (Allibert, 2019)
De plus, en termes économiques, seuls 10 % des clients
Allibert n'utilisent pas l'avion. En 2018, l'avion représente les trois
quarts du chiffre d'affaire et 20 000 clients.
b) La destination avant tout
Ce qui prime pour les clients c'est la destination. Des
destinations qui font rêver, qui évoquent l'exotisme ou des terres
vierges. Les clients ne se posent pas forcément la question de comment
ils rejoignent une destination, ce qui est important c'est le but du voyage.
L'objectif est de rejoindre un « point », un endroit fameux comme le
désert du Namibe par exemple. S'il faut prendre un vol interne pour le
rejoindre ce n'est qu'une formalité. « L'aspect aérien
n'est qu'un second lieu, ce qui prime c'est la destination, la façon de
voyager et ce qu'ils (les clients Allibert) vont pouvoir y découvrir.
» (Allibert, 2019)
c) Tourisme responsable
Il apparait également que les clients sont sensibles
à l'écologie, mais sous certains aspects. Tout ce qui est visible
va être très important pour les voyageurs. En lien avec la charte
éthique du voyageur responsable proposée par ATR (voir annexe 4).
Le volet social avec le respect des populations par exemple, apparait comme
primordial. « L'aspect social est surtout très important. Les
bonnes
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conditions de traitements des guides ou des chameliers par
exemple, sont une question de qualité de la prestation qui va être
délivrée et tout simplement dans les valeurs humaines car on
n'est pas dans une exploitation Nord/sud » (Allibert, 2019)
Dans l'idée d'écologie encore, mais sous
l'aspect de la protection de l'environnement, les clients Allibert sont en
quête de beaux paysages et d'une nature peu explorée. «
Les clients Allibert sont sensibles à l'écologie dans le sens
où ils veulent voyager dans une nature intacte, revenir
émerveillés. Si la nature est dégradée ça ne
marche pas. Dans le désert par exemple si on met des papiers gras par
terre, ce n'est plus l'image bonifiée donc on doit prendre soin de cet
environnement. » (Allibert, 2019) On peut également dire que
les clients appliquent des gestes éco citoyens comme le tri
sélectif ou encore économiser l'eau. Ils reproduisent pendant
leurs voyages les gestes de leur vie quotidienne et c'est important à
leurs yeux que le maximum soit fait dans ce domaine au sein des
destinations.
« Les clients Allibert ont envie de voyager en
faisant quelque chose bien » (Allibert, 2019) Le label ATR vient
répondre à cette demande des clients. Il semblerait que
réduire les déplacements en avion ne soit pas quelque chose qui
fait partie de la sensibilité écologique des clients Allibert. En
effet comme nous l'avons évoqué, ces clients sont avant tout des
voyageurs en quête d'une destination. L'avion leur permet de l'atteindre.
De plus, avec la compensation carbone mise en place, les clients savent qu'ils
versent une somme d'argent pour que leurs émissions soient
absorbées. On donne « bonne conscience » aux
voyageurs en compensant leurs émissions de CO2 et c'est une vraie valeur
d'utilité perçue par le client (VUPC).
Les clients ne semblent donc pas manifester le souhait de
moins recourir l'avion. Peut-être est-ce une question de
génération car comme nous l'avons vu, ils sont en majorité
des retraités. « Je pense que refuser de prendre l'avion est un
courant qui monte chez les jeunes, la génération des 20-25 ans
qui a une conscience écologique plus aigüe et qui se dit on va
à la catastrophe. Les clients d'Allibert ont 5055 ans et ne sont pas
à ce point dans la réflexion » (Allibert, 2019)
Il est intéressant de noter que les vols directs
(moins polluants que les trajets avec escales) sont souvent
préférés mais ce n'est pas par souci d'écologie,
plutôt par confort.
En résumé, on peut dire que la remise en
question, la honte de prendre l'avion ne touche pas encore les clients Allibert
mais il parait important de se poser la question car elle pourrait arriver.
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