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Enjeux de transition du tourisme aérien.


par Mélanie FAYARD
Institut Urbanisme et Géographie Alpine Grenoble - Master Tourisme Innovation Transition 2019
  

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B. Le tourisme aérien en question

À la suite des entretiens réalisés avec des membres de l'agence Allibert, il en ressort certaines grandes lignes quant à la perception de l'avenir du tourisme aérien. Il y a tout d'abord le positionnement du groupe Voyageurs du monde, représenté par Jean-François Rial. N'ayant pu rencontrer directement Monsieur Rial, je résumerai sa pensée en utilisant des interviews qu'il a donné dans la presse. Nous verrons ensuite qu'au sein de l'agence la question du tourisme aérien fait réagir et fait débat. Ensuite nous aborderons l'idée de limiter le recours à l'aérien en se demandant quelles en seraient les conséquences. Nous verrons ensuite quelles seraient les autres pistes pour terminer sur une image prospective.

1. Note méthodologique :

Afin de recueillir les informations développées dans la suite de ce travail j'ai réalisé six entretiens au sein de l'agence en choisissant des personnes ressources.

· Tout d'abord le directeur général puisque c'est lui qui insuffle et décide les grandes orientations de l'entreprise.

· La responsable du service qualité et du label AIR.

· Un membre du service communication chargé des réseaux sociaux.

· Un Chef de produits au service des Alpes qui par son passé professionnel, se sent pleinement concerné par ces questions.

·

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La responsable du service communication qui a une vision précise des clients Allibert et de leurs attentes

· La responsable du service aérien

Je remercie chacune de ces personnes de m'avoir accordé un peu de temps. Les entretiens ont été menés avec une grille unique (en annexe 5) ; enregistrés puis retranscris afin d'être cités et analysés. Un des entretiens a été réalisé par écrit, faute de temps pour se rencontrer. Pour ces échanges, j'ai utilisé l'entretien semi-directif avec seulement six questions posées. Cette méthode m'a paru la plus appropriée pour aborder un sujet mêlant considérations professionnelles liées à l'entreprise et convictions personnelles. L'entretien semi-directif permet de cadrer le discours autour de la thématique choisie, tout en laissant l'espace à l'interlocuteur de partager ses doutes, ses propres questionnements et ainsi d'ouvrir plus largement l'échange.

2. Positionnement du groupe Voyageurs du Monde

Ce résumé est tiré de deux interviews radio de Jean-François Rial, Président Directeur général du groupe Voyageurs du Monde depuis 1996. Ces interviews ont été données entre mai et juillet 2019 sur RMC83 et France info84.

Interroger le PDG d'une grande entreprise touristique sur l'aérien revient à mettre en évidence des paradoxes. Le mouvement Flygscam fait encore une fois parler de lui et c'est une certaine culpabilité du voyage qui est mise en avant par le journaliste de RMC, Olivier Truchot. Face à ces questionnements, le positionnement de Jean-François Rial est très clair. Il est convaincu de la nécessité de la transition et se définit lui-même comme un écologiste. Il évoque des désastres environnementaux à prendre en compte rapidement comme la destruction des sols agricoles, l'érosion de la biodiversité ou le réchauffement climatique. Mais Jean-François Rial se dit être un écologiste libéral, et dénonce la pensée des altermondialistes. Il est convaincu de la possibilité d'une croissance verte et vertueuse. Selon lui, l'idée de ne plus voyager en avion est absolument irréaliste voir même dangereuse. Le voyage constitue selon lui un facteur majeur de tolérance, d'ouverture d'esprit et de paix entre les peuples. Il fait également le constat qu'on ne peut pas empêcher les gens de voyager « c'est complétement irréaliste85 », et qu'ils en auront toujours envie. Se retrouvant face à un tel paradoxe et en tant que

83 https://rmc.bfmtv.com/mediaplayer/video/le-grand-oral-de-jean-francois-rial-pdg-du-groupe-voyageurs-du-monde-0407-1173080.html 84 https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/jean-francois-rial-pdg-de-voyageurs-du-monde-veut-faire-planter-des-milliards-darbres-contre-la-pollution-des-avions3403059.html

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chef d'une entreprise qui fonctionne grâce à l'aérien, il propose la solution suivante : planter des arbres. Selon ses dires il est possible de compenser intégralement les émissions de C02 des avions en plantant environ 4 à 5 milliards d'arbres par an. Derrière cette proposition, on peut faire deux constats : le premier est que la compensation serait la seule voie « réaliste » étant donné qu'on ne saura pas fabriquer des avions propres d'ici trente ans. M. Rial ne souhaite donc pas se lancer dans un discours trop optimiste sur un transport aérien d'avenir qui ne serait pas polluant. La deuxième chose derrière sa proposition est qua dans son idée, le transport aérien n'est nullement remis en question. Il est un indispensable dont on ne peut se passer et qu'on ne peut (et veut) pas réduire. L'avion représente environ 5 % des émissions de CO2 de la planète, dans l'idée de Monsieur Rial si des arbres sont plantés c'est pour compenser ces 5% là. Quant à la place nécessaire pour ces arbres, M. Rial cite une étude Suisse86 qui estime qu'il y a suffisamment de surface sur notre planète pour planter encore 1200 milliards d'arbres sans toucher aux activités humaines. Ces 1200 milliards d'arbres, représentent 10 ans d'émissions de CO2 actuelles planétaires. L'argument de Jean-François Rial devant cette idée est donc « il suffirait de prendre 3,6 milliards d'arbres [pour compenser les émissions des avions] c'est colossal mais Voyageurs du monde le fait à lui tout seul. C'est-à-dire que notre entreprise sur ses 300 000 clients par an, sur l'ensemble de ses marges et de ses activités, réussit à être en carbone neutre en plantant plus de 4000 arbres par jour. Donc si nous on le fait, pourquoi les autres ne pourraient pas le faire ? »87 Jean-François Rial prône également l'économie d'avion, c'est-à-dire ne prendre l'avion que quand c'est nécessaire. Cette notion de « nécessité », est toutefois propre à chaque individu. Enfin, le PDG de Voyageurs du monde, propose en mai 2019 une taxe qu'il appelle « contribution planète » d'une vingtaine d'euros par tonne de CO2 émise et par personne, payés par le consommateur pour compenser mais aussi pour financer la transition écologique gérée non pas par l'Etat mais par un organisme sanitaire indépendant.

En résumé, M. Rial est convaincu de la pertinence des solutions de compensation carbone pour répondre aux problématiques liées à l'avion, inhérentes à son domaine d'activité. Toutefois, face aux constats scientifiques, les autres pollutions causées par l'aérien ne sont pas compensées par la reforestation. Cette dernière semble être une réponse incomplète au problème. En revanche, l'idée d'un arrêt total du trafic aérien semble elle aussi totalement irréaliste. La proposition de M. Rial navigue donc entre ces deux bornes de réflexion, au sein du paradoxe.

86 https://science.sciencemag.org/content/365/6448/76.abstract

87 https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/l-interview-eco/jean-francois-rial-pdg-de-voyageurs-du-monde-veut-faire-planter-des-milliards-darbres-contre-la-pollution-des-avions 3403059.html

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Voyons à présent la perception de ces enjeux au sein de l'entreprise Allibert trekking, qui est rappelons-le une entreprise du groupe Voyageurs du Monde depuis 2013.

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