II. SUGGESTIONS
Faire des suggestions visant à réduire les
violences foncières à Sinfra, reviendrait dans le cadre de notre
travail, à nous intéresser simultanément aux
responsabilités de l'Etat (1), aux responsabilités des ONG et
partenaires du développement rural (2) et à celles des peuples
sédentaires (3).
1. Responsabilités de l'Etat
249
1.1. Construire des usines dans la localité
Pour réduire sensiblement cette série
d'occupation massive des terres réservées à l'usage
industriel dans le Département de Sinfra, il faille que l'Etat
réalise ce plan directeur relatif à la construction des usines de
transformation du café et du cacao dans la zone. Même si les
peuples sédentarisés de Sinfra sont régulièrement
en conflit pour acquérir ou maintenir leur droit de
propriété sur les terres, l'objectif ne parait pas forcement une
haine quelconque des uns envers les autres, mais la crainte de demeurer sans
activités face aux charges personnelles et familiales quotidiennes ou
encore, errer dans le village. C'est pourquoi, la construction de ces usines de
transformation du café et cacao (usine centrale à Douafla et les
usines annexes reparties dans les différentes tribus) permettra à
ces ruraux d'avoir une activité de substitution et bien
rémunérée que celle des travaux champêtres scabreux
et nécessitant en permanence un investissement physique remarquable.
Dans ces conditions, les ruraux de Sinfra, en quête non
pas forcement de terres mais de moyens pour subvenir à leurs besoins,
seraient moins disposés à des rixes singulières ou
collectives et dédramatiseraient quelques peu, les débordements
de limites qui faisaient jusqu'à ce jour, l'objet de heurts et joutes
violents.
1.2. Distribuer gratuitement des engrais aux
agriculteurs
La croissance démographique des peuples de Sinfra a
provoqué une sorte de saturation sociale et foncière dans la
localité. Cela, bien qu'ayant catalysé la réduction des
espaces individuels et collectifs, a davantage contraint les cultivateurs
locaux à surexploiter les terres avec un ignorantisme criard des
techniques d'utilisation des engrais. Et même si, ces ruraux souhaitaient
s'en procurer, la plupart manquerait de moyens financiers pour acheter ces
engrais. Ainsi, il apparait judicieux pour l'Etat de planifier une vaste
campagne de distribution des engrais aux ruraux de Sinfra, en ayant
préalablement mené une étude sur la composition
granulométrique des sols sur lesquels exercent ces planteurs.
Dans la pratique, il serait question de confier l'étude
texturale des terres de Sinfra aux spécialistes en la matière
avant de convoyer massivement des engrais selon la spécificité de
chaque contrée et de les distribuer par le biais des autorités
(Préfet, Sous-préfet, agents cadastraux de la direction
départementale de l'agriculture, Chefs
250
traditionnels) à ces ruraux qui gisent constamment dans
ce besoin et qui trouvent comme voie de contournement l'expropriation des
autres.
Ce sera seulement à cette condition que ces ruraux
développeraient une pluralité culturale sur leurs espaces
aujourd'hui réduits et seraient moins enclins à s'approprier les
espaces des autres par des moyens physiques, mystiques et relationnels.
|