3.1. Exposé des travaux
46
voire utopique pour nous d'en dégager toutes les
grandes lignes. Néanmoins, il reste possible de nous inscrire dans une
piste médiane qui se dessine à la lecture et qui préconise
l'analyse des deux orientations fondamentales sur la question (facteurs
dépendants des acteurs et facteurs indépendants des acteurs)
déjà abordées par les prédécesseurs.
Ces écrits empiriques qui suivent, permettront de
présenter la spécificité de ces orientations, leurs
portées et limites avant d'exposer sur l'originalité de notre
démarche scientifique.
Mais avant d'aborder ces différentes approches, il nous
parait judicieux de passer en revue quelques écrits portant sur le
conflit perçu dans une perspective généraliste.
3.1.1 Travaux centrés sur les conflits en
général
Evoquer les travaux portant sur les conflits dans une
perspective généraliste, suppose dans le cadre de notre sujet,
aborder succinctement les conflits psychologiques les conflits en entreprise et
les conflits générationnels et communautaires.
3.1.1.1. Travaux centrés sur les conflits
psychologiques
Dans ces travaux, les auteurs utilisés expliquent
grosso modo les conflits psychologiques comme ceux, catalysés
par des incompatibilités, des contradictions internes à un
individu ou à un groupe restreint. Ainsi, pour Astolfi, Darot, Vogel et
Toussain (2008), le conflit cognitif se développe lorsqu'apparaît,
chez un individu, une contradiction ou une incompatibilité entre ses
idées, ses représentations et ses actions. Cette
incompatibilité, perçue d'abord de façon inconsciente,
devient une source de tension qui peut jouer un rôle moteur dans
l'élaboration de nouvelles structures cognitives.
Relativement aux précédents auteurs, Piaget
(1956) pense que le développement d'un individu n'est ni inné, ni
acquis par apprentissage mais bien plutôt provoqué par
l'interaction entre une base génétique et l'expérience que
l'enfant a l'occasion de mener. Pour l'auteur, on apprend en agissant sur
l'environnement et cet apprentissage doit permettre d'acquérir des
outils cognitifs (opérations intellectuelles) qui aident à
résoudre les problèmes. Dans ce cadre, il y aurait conflit pour
l'auteur, lorsque l'individu aurait du mal à s'acclimater à
l'environnement social et donc
47
développerait un certain nombre de carences cognitives
qui se manifesteraient par des conflits internes.
Selon Faulx, Erpicum et Horion (2005), pour comprendre les
raisons du conflit psychologique chez les individus, il faut recourir à
leur enfance, leur environnement social de croissance et les faits marquants de
leur vie. Ainsi, pour ces auteurs, le conflit psychologique se manifesterait
par des troubles cognitifs, affectifs et comportementaux qui seraient
liés à un choc physique ou émotionnel vécu dans le
passé et ayant impacté négativement sur sa perception du
monde extérieur et des acteurs qui le composent.
Relativement à ces auteurs, Koudou, Zady, et Djokouehi
(2016) pensent que la plupart des troubles internes observés les
adolescents et principalement les filles, sont liés aux violences
sexuelles subies durant l'enfance. Ainsi, ces auteurs notent une
dégradation progressive de la santé mentale des victimes,
caractérisée par l'identification des symptômes
psychotraumatiques et des séquelles physiques telles que les douleurs
musculaires, les troubles génito-urinaires, gastro-intestinaux et des
difficultés de procréation.
Dans cette dynamique, Fauteux (2013), dans l'analyse des
troubles comportementaux chez la jeunesse québécoise, pense que
les conflits psychologiques qui assujettissent cette jeunesse seraient
directement liés aux effets conjugués des difficultés
sociales et du mauvais traitement parental de ces derniers. Plus
spécifiquement, l'auteur décrit les difficultés sociales
ou personnelles des parents, l'exercice de la coparentalité, la
présence de violence pendant la vie conjugale et l'impact de la rupture
entre parents comme catalyseurs des conflits psychologiques chez ces
québécois.
Pour Basque (2003), nous avons tous des relations qui
apparaissent comme importantes, voire primordiales (relations avec notre
conjoint, nos enfants, les membres de la famille élargie, nos
collègues, nos voisins, nos amis). Or, nous avons tous besoin que ces
relations demeurent bonnes pour être heureux. Mais quand une de ces
relations ne fonctionne pas très bien, nous nous sentons
frustrés. Ce sentiment de frustration entraîne souvent un
comportement qui nous fait glisser inexorablement vers une dégradation
de la relation. Nous devenons blessant, parfois agressifs et la communication
s'enlise, créant le conflit. C'est l'impasse de la
48
communication et nous nous sentons perdus, ruminant notre
frustration, ne sachant plus vraiment par quel bout prendre cette relation, que
le malaise interne finit par nous envahir.
Dans cette même veine, Pogneaux (2015) affirmeque le
conflit est une lutte mentale, parfois inconsciente, résultant du fait
que différentes représentations du Moi sont maintenues en
opposition ou en position fermée. Dans un « conflit interne
», les personnes éprouvent parfois le sentiment de ne pas
être « adaptées », ceci vient du fait
d'être « en désaccord » avec elles-mêmes.
Elles sont aux prises entre les diverses instances « Ça
» - « Moi » - « Surmoi » et la
réalité extérieure. Cette situation crée une
angoisse parfois terrible qui oblige le Moi à se protéger en
mettant en place des mécanismes de défense.
Pour Chervet, Boileau et Durieux (2005), le conflit psychique
est l'un des organisateurs majeurs de la psyché. Il se présente
cliniquement comme une opposition entre deux termes, expression manifeste d'un
autre conflit sous-jacent plus fondamental : celui entre une tendance à
éteindre la pulsion et un impératif à l'investir selon
diverses modalités.
Pour Lacherez (2013), il existe deux types de conflits
intérieurs : ceux qui agissent comme un ressort et ceux qui paralysent.
Le premier est constitué de ceux qui agissent sur nous comme une sorte
de tension exercée entre deux polarités, tel un ressort ; cette
forme de dualité, loin d'être paralysante, est une invitation
à se dépasser pour s'améliorer. Pour le second, le
défi diffère lorsqu'un déchirement intérieur
s'exprime entre des parties de nous qui veulent absolument conserver leurs
avantages respectifs. Ce mélange d'élan vers l'avant et
d'immobilisme peut exercer une force aussi puissante qu'un vortex qui fait tout
disparaître à proximité.
Dans cette optique, Minart (2011) mentionne que chaque
individu éprouve des tensions intérieures. Celles-ci peuvent
devenir une source d'énergie créatrice, mais elles peuvent aussi
engendrer l'angoisse, le regret, la désillusion, l'amertume. De ce fait,
l'auteur affirme qu'il arrive que nos valeurs ou nos désirs personnels
ne puissent pas être satisfaits, compte tenu de l'énergie
déployée pour y arriver. Dès lors, un combat
intérieur s'installe entre les objectifs que l'on s'est fixés et
les lacunes que l'on ne peut combler. Les conséquences négatives
de ce conflit intérieur peuvent
Honneth (2006) a développé le concept
d'individuation. Dans ces travaux, l'auteur souligne combien les profonds
changements socioculturels chez le sujet, la
49
rejaillir sur l'environnement immédiat, tant à
l'extérieur (famille, amis) qu'en milieu de travail (responsable
immédiat, collègues de travail).
Pour Daele (2010), une personne est en conflit sociocognitif,
lorsque ses conceptions et ses structures cognitives sont confrontées
à des informations perturbantes, incompatibles avec son système
de connaissances préalable. La perturbation cognitive qui en
découle va engager la personne dans la recherche d'un nouvel
équilibre cognitif qui tiendra compte de ces informations
perturbantes.
Selon Bandura (1986), la direction des changements
comportementaux chez l'enfant dépend principalement du contexte dans
lequel il vit. Ainsi, lorsque le milieu d'apprentissage de l'enfant se montre
hostile, celui-ci peut présenter des transformations cognitives et
comportementales à caractère dégénératif.
Dans un autre regard, Vygotsky (1981), après avoir
insisté sur le caractère indissociable des pôles cognitif
et social, pense que le dispositif pré-opératoire interne
à l'individu connait des variations successives dans un environnement
caractérisé par l'égocentrisme. Ainsi, le processus des
relations interpersonnelles dans un milieu hostile se transforme en un
processus intra-personnel d'accumulation de colère, frustrations
créant de ce fait, un déséquilibre cognitif lié
à l'environnement social. Partant de là, le conflit sociocognitif
s'expliquerait par un déséquilibre cognitif imputé
à une expérience choquante vécue par un sujet durant un
moment de sa vie.
Contrairement à cet auteur, Crocq (1999) conçoit
le conflit psychique dans une perspective exclusivement militaire. Il pense que
le conflit psychique s'explique par la violence secrète que la guerre
inflige dans le psychisme des acteurs et des observateurs directs : souvenirs
obsédants, visions hallucinées, cauchemars, sursaut, sentiment
d'insécurité, peur phobique, irritabilité et tendance au
repli.
Relativement, Ferenczi (1929) évoque
l'incapacité de nombreux sujets à s'adapter aux frustrations du
monde extérieur et de ce fait, tentent de récupérer une
toute puissance narcissique dans une modification de ce monde extérieur.
Ainsi, de contradictions intrapsychiques à répétition, ils
deviennent plus vulnérables et capables de faire un bond vers la
névrose.
50
multiplication des relations sociales et la
délinéarisation des parcours biographiques influent la formation
de l'identité individuelle. De ce fait, le conflit interne surviendrait
lorsque le sujet aurait du mal à s'adapter à ces changements
sociaux qui catalyseraient une forme d'ambivalence des sentiments susceptibles
d'agir sur la structuration de la personnalité du sujet.
Pour Loewald (2003), le psychisme individuel ne se
développe pas dans un conflit interne mais dans un échange
continu avec le monde extérieur. C'est uniquement parce que des
schémas d'interaction ont été progressivement
intériorisés par le sujet et que ce dernier parvient à
organiser ses pulsions dans un espace intrapsychique de communication, que le
processus d'individuation peut s'opérer. À défaut
d'apparaître comme le lieu d'une maîtrise de soi, le psychisme
individuel se présente comme un espace de communication où les
pulsions s'organisent par le dialogue intérieur que les sujets, sont
aptes à engager. Le psychisme humain s'apparente donc à un
dispositif d'interaction intériorisé qui complète le monde
vécu de la communication intersubjective où le sujet rencontre
l'autre dans divers rôles d'interaction. Dès lors, le conflit
interne apparait chez l'auteur, comme la résultante de l'échec de
cette communication intrapsychique chez l'individu combiné à
l'affaiblissement progressif du moi.
Toutefois, rejetant la théorie piagétienne et
les théories de l'influence environnementale dans la genèse des
troubles intra-personnels, les morphopsychologues tels que Torre (2013),
estiment que le conflit interne n'est ni provoqué par les
expériences vécues durant l'enfance encore moins par
l'environnement social dans lequel vit le sujet. Les conflits psychologiques
seraient davantage susceptibles de se manifester chez les sujets
présentant des traits physiques spécifiques les
prédisposant à la sujétion de troubles internes. Ainsi,
l'influence de l'environnement social impacterait peu sur la survenance de
conflits internes à l'individu, mais que certains individus de
façon constitutionnelle, présenteraient une probabilité
élevée à des troubles internes que d'autres, en dehors de
tout contexte social défavorable.
S'inscrivant dans la même dynamique que celle de son
prédécesseur, Stettler (2005) pense qu'il existe
différents types de visages : allongé, rond, ovale, carré,
rectangle, hexagone, triangle, pointe en bas, pointe en haut qui
influenceraient tous de façon particulière les sentiments que
ressentiraient fréquemment l'individu.
51
Pour Sigaud(2013), il existe entre les traits de la forme du
visage et les traits du caractère,une constante et bien significative
relation qui constitue le fondement de l'individualité psychique. Ainsi,
l'activité psychique de l'individu serait, non pas
déterminée par l'environnement de vie, mais plutôt par les
traits caractériels du visage.
Dans ce même contexte, Kenntnis (1778) soutient que la
vie intellectuelle et les facultés de l'âme se manifestent surtout
au niveau de la structure du crâne et de la forme du visage, du front, du
nez et de la bouche. La proportion du corps et le rapport qui se trouve entre
ses parties déterminent le caractère moral et intellectuel de
chaque individu. De ce fait, la morphologie du crâne et la forme du
visage prédisposeraient certains à des crises internes que
d'autres.
Cette conception morphopsychologique qui établit
exclusivement le lien causal entre traits de visage et conflits
intra-individuels, reste muette quant à l'inclusion des facteurs
environnementaux dans la genèse des conflits interne à
l'individu. Toute chose qui a été prise en compte par d'autres
auteurs qui ont analysé les conflits intra-individuels dans une
perspective inclusive.
Ainsi, Corman(1937) inclut les traits physiques et les
facteurs environnementaux pour expliquer la survenance des conflits
intra-individuels. Pour l'auteur, expliquer le comportement interne d'un
individu, reviendrait avant tout, à saisir les données
tempéramentales en se basant sur des donnéesbiologiques, mais
plus loin, en tenant compte du cadre social dans lequel vit l'individu. Le
conflit interne s'expliquerait donc à la foispar rapport à la
morphologie du visage et simultanément du vécu de l'individu dans
un milieu social déterminé.
Cette conception inclusive a également
été soutenue par Tardy (1943), qui établit un
parallélisme entre le psychique et le physique, comme manifestation
d'une unité fondamentale de l'être. Pour lui, même si la
démarche morphopsychologique s'appuie sur des traits caractériels
du visage pour comprendre le fonctionnement interne à l'individu, il
n'en reste pas moins que ces données doivent se greffer à celles
du milieu social pour rendre compte des conflits internes à
l'individu.
Cette tentative psychologique d'explication des conflits a
certes le mérite de nous renseigner sur la dimension intra-personnelle
du conflit à travers colère, frustration, ambivalence
d'idées, mais omet le volet extérieur à l'individu puisque
le conflit en lui-
52
même se veut interactionnel, c'est-à-dire
manifeste entre des acteurs sociaux en interaction. Cette idée nous
amène à porter un regard sur les contributions portant sur les
conflits en milieu organisationnel.
3.1.1.2. Travaux centrés sur les conflits en
milieu organisationnel
Les auteurs qui suivent, évoquent la
nécessité puis les facteurs explicatifs des conflits en milieu
entrepreneurial. Pour eux, les interactions individuelles en milieu
organisationnel sont régulièrement parsemées de litiges,
condition indéniable de l'enracinement structurel de ces entreprises
qui, tout en les jugulant, se solidifient dans l'environnement professionnel
concurrentiel.
Dans cette perspective, Rousseau (1990)tente de comprendre les
raisons des conflits en entreprise. Pour lui, une organisation qui dure est
celle qui sait traverser les crises et affronter les agressions dont elle est
l'objet. Longtemps, les conflits organisationnels ont été
niés par certains, considérés comme néfastes par
d'autres. Aujourd'hui les crises sont jugés inévitables et
constituent souvent l'occasion de réajustements et de
réadaptations mutuels d'éléments dont l'évolution
non synchrone ou même divergente constitue le cheminement même de
l'organisation dans son ensemble. Cependant, les conflits n'ont de
caractère constructif que s'ils sont résolus pour certains,
prévenus pour d'autres, maîtrisés pour tous. En fait, les
conflits n'ont de vertu créatrice que dans la mesure où ils sont
résolus par une restructuration de l'organisation dans le sens des
changements révélés nécessaires. Le conflit n'a
donc pas de vertu créatrice en soi ; ce qui est créateur, c'est
de comprendre le conflit d'une part, et de le gérer d'autre part.
Dans cette même orientation, Breard et Pastor (2010)
estiment que le conflit est présent au quotidien dans la vie de chaque
organisation. Sa gestion est toujours extrêmement difficile et laisse
souvent démunis les responsables privés ou institutionnels. Peu
d'outils sont en effet mis à leur disposition pour les aider dans cette
charge. Ces auteurs proposent une réflexion de fond indispensable
à l'analyse et à la compréhension des mécanismes
d'émergence des conflits et des méthodes pratiques de
prévention et de gestion de ces conflits.
Outre ces auteurs, Combalbert (2006)se focalise sur la
négociation de crise et la communication d'influence. En effet, issue de
la gestion des situations de forcenés et de prise d'otage par les
groupes d'intervention, la négociation de crise pour lui,
étend
53
aujourd'hui son domaine d'activité au monde de
l'entreprise afin d'aider les dirigeants ou les managers à conduire des
situations délicates (négociations commerciales à forts
enjeux, clients agressifs, personnalités difficiles) ou pour
gérer des incidents graves (conflits sociaux durs, menaces, lock-out et
séquestrations).
Dans un autre paradigme, Michit et Comon (2005) observent la
répétition de plusieurs ensembles de règles de
développement des conflits. Quatre grandes classes de conflits y ont
été analysées : conflit d'avoir, conflit de pouvoir,
conflit de défense d'identité et conflit de libération.
Pour ces auteurs, chaque conflit est spécifique dans sa quintessence et
nécessite de ce fait une démarche spécifique de
résolution.
Pour Lemaire (2010), les conflits en milieu organisationnel
doivent être analysés dans une perspective dépendante des
types de relations qu'entretiennent les acteurs professionnels entre eux.
Ainsi, pour l'auteur, même si les difficultés que rencontrent les
entreprises actuelles sont d'ordre financier, infrastructurel, il n'en reste
pas moins que la communication interne à chaque structure est
l'élément déterminant qui permettrait à chaque
entreprise de s'exclure des difficultés professionnelles profondes dans
l'environnement entrepreneurial concurrentiel et caractérisé par
des bouleversements permanents.
Dans cette perspective, Ratier (2003) pense que la
communication revêt d'une importance particulière dans le milieu
entrepreneurial car d'elle, dépend la réussite ou l'échec
des activités commerciales de l'entreprise. Ainsi, l'auteur pense-t-il
que les gestionnaires de la communication insistent sur la
nécessité d'une bonne communication entrepreneuriale afin
d'anticiper sur d'éventuels problèmes structurels et
corolairement d'infléchir sans cesse l'image de l'entreprise.
Mundoni (2007) pense que la communication a une double
fonction au sein de l'entreprise. Elle se présente à la fois
comme régulation des interactions et interrelations des acteurs du
milieu professionnel mais aussi et surtout, permet de distinguer les
différentes catégories professionnelles afin d'éviter
d'éventuels conflits de compétence et de profil.
Pour Kah (2016), les conflits observés dans certaines
structures nationales de prise en charge tels que le Service d'Aide
Médicale Urgente (SAMU) s'expliquent par le fait que les
Accidentés de Travail et Malades Professionnels (ATMP) sont pris en
charge de façon exclusivement thérapeutique alors que cette prise
en charge nécessite un
54
traitement binominal c'est-à-dire clinique et
psychologique. Ces ATMP seraient pour l'auteur, de plus en plus
confrontés à la hiérarchie du SAMU et exposés
à des actes de suicide.
Outre cet auteur, Andé (2016), dans l'analyse de la
politique sociale au sein de la PETROCI-HOLDING, relève une
dépendance intrinsèque de l'orientation de la politique sociale
aux objectifs de la structure. A cette donne, l'auteur ajoute une apathie des
dirigeants dans la réalisation des projets sociaux et des licenciements
abusifs, partiaux dans cet environnement où les dirigeants cherchent
uniquement à accroître leur chiffre d'affaire. Relativement,
l'auteur noterait des grognes et plaintes fréquentes des
employés, caractéristique des conflits internes.
Pour Yeboua (2016), la communication externe de la Caisse
Nationale de Prévoyance Sociale du Plateau souffre de nombreux maux tels
que l'insuffisance du budget alloué pour la communication externe,
l'incompétence en ressources humaines, l'indisponibilité des
services de communication et des outils de communication externe. Ces failles
troubleraient le travail professionnel des agents qui, tout en réclamant
des moyens, se heurtent à une hiérarchie qui, loin de fournir les
outils, conditionnent leur maintien dans l'entreprise, aux résultats
qu'ils obtiennent avec ces moyens dits insuffisants. Dans ces conditions,
l'auteur dit, assister à des conflits permanents entre hiérarques
et subordonnés de cette structure.
A la mairie de Cocody, Mankambou (2016) révèle
que les conflits internes sont liés à une gestion partiale des
indemnités obligatoires et discrétionnaires. Pour elle, les
dirigeants de cette collectivité territoriale occultent les
critères de sélection des bénéficiaires
d'indemnités puisque ceux-ci seraient influencés par le bord
affinitaire et la disponibilité totale au Maire à des fins, non
pas d'activités professionnelles, mais plutôt de commérages
et de dénigrements des autres acteurs de l'entreprise. Ces conflits
seraient fréquents et se solderaient régulièrement selon
l'auteur, par des révocations sans motifs explicites de nombreux agents
ayant brandi une opinion différente.
Lassarade et Toa (2008) pensent que les méthodes de
résolution traditionnelles telles que l'arbre à palabres
utilisées dans les entreprises ivoiriennes semblent ne pas être en
phase avec les mentalités culturelles des dirigeants et même des
salariés aux origines socioculturelles diverses. Ainsi, les conflits
internes aux entreprises se révèleraient comme le résultat
d'échecs de communication lors d'interactions
55
culturelles propres au contexte socioculturel en Côte
d'Ivoire qui voit la permanence de tensions liées au côtoiement
des ethnies et à l'affirmation de l'identité culturelle au sein
de l'entreprise.
A Cargill West Africa, Odi (2017) impute la nonchalance des
activités professionnelles et les grognes des travailleurs en un
ensemble de facteurs concernant respectivement l'administration du personnel,
la paie et la formation continue. Ainsi, l'auteur pense qu'il faille prendre en
compte cette dynamique tripartite si la direction générale
souhaite donner un nouvel élan productif à cette entreprise
internationale.
A l'instar des entreprises internationales, Silué
(2017) s'est intéressé aux difficultés liées au
dialogue social au sein de l'Agence Nationale d'Appui au Développement
Rural (ANADER). A ce propos, l'auteur rélève un conflit permanent
entre trois entités de l'entreprise : la direction, les
représentants syndicaux et le personnel. L'auteur affirme que si les
travailleurs dans leur ensemble stigmatisent ces représentants syndicaux
(délégués syndicaux, délégués du
personnel), cela s'explique par cette alliance subitement créée
entre la direction et ces syndicalistes désormais qualifiés de
corrompus et d'insensibles face aux difficultés sociales des
travailleurs de l'ANADER.
Dans la plupart des sociétés de restauration
Abidjanaises telles que M'PÖ, Gnirihoua (2017) impute les
difficultés structurelles et communicationnelles à une mauvaise
définition du profil de poste des employés, au manque
d'affiliation de l'entreprise à une banque pour la gestion des salaires
et à la promotion du bord culturel dans le processus de recrutement.
Toujours dans le milieu Abidjanais, Yoro (2017) pense que les
obstacles au financement de l'habitat à Abidjan sont de plusieurs ordres
: difficultés d'insertion sur le marché du travail, faiblesse du
niveau de revenu général de la population, faiblesse de
bancarisation et des capacités d'accès au crédit. Ces
obstacles s'expliqueraient selon lui, par l'absence d'une vision claire de
l'habitat, l'absence d'une démarche professionnelle de la gestion des
projets et l'inexistence d'un classement pour les entreprises de construction
à Abidjan.
Relativement aux instituions de restauration, Coulibaly (2017)
pense que les structures chrétiennes en général et
catholiques en particulier ne semblent pas échapper à ces
difficultés internes. Ainsi à la Direction Nationale de
l'Enseignement Catholique de Côte d'ivoire, l'auteur impute la confusion
des rôles des acteurs professionnels et la faible maîtrise de leurs
mouvements à une absence de sous-
56
direction habilitée pour définir le profil de
ces acteurs et les risques liés à l'intégration de
l'ensemble de l'ensemble des travailleurs dans un même vecteur
motivationnel.
A l'Agence de Gestion Foncière, Yah (2017) affirme que
la communication interne qui y est désormais instaurée, est une
communication de type « intra muros » et la direction, au
lieu d'activer quelques leviers de cette communication interne (notes de
service, réunions, mémos, affichage, appels, sms) se
résignent à cette nouvelle forme de communication (information de
couloir, chuchotement et commérages) qui décrédibilise la
structure.
Par ailleurs, Gnabeli et Bazin (1996) estiment que dans
l'entreprise Coparci (Bouaké), le « patron » qui,
à lui seul concentre tous les pouvoirs, se trouve fréquemment
confronté à des travailleurs quiluttent en permanence pour
l'amélioration des conditions de travail et de
rémunérations (accès aux prêts et aux soins). De ce
fait, ces employés profiteraient du climat conflictuel pour
dénoncer les défaillances du «patron »
réinterprétées au moyen d'une mise en accusation
(méchanceté et volonté délibérée de
nuire).
Pour Kana (2015), la stratégie de gestion des
compétences à la mairie d'Adjamé se trouve biaisée
par une absence quasi-totale du profil de poste des employés à
laquelle se greffe la médiocrité de quelques agents travaillant
sous le tutorat des hiérarques et une impertinence de la formation
continue. Ces facteurs sus-cités provoqueraient une mésentente
régulière entre les dirigeants et les exécutants, dans
cette structure où le bord politique est privilégié dans
l'attribution des boni salariaux, des avancements et des révocations.
Dans un autre paradigme, Nibié (2016) impute les
conflits au sein du BNETD à un ensemble hétéroclite de
facteurs dont le dysfonctionnement de la communication pendant les missions,
l'absence de feuille de route clairement élaborée, les
difficultés d'hébergement des agents en mission, le manque
d'équipements de protection des agents et une absence de politique de
récompense.
Pour Zahourou (2015), l'organisation du travail au sein de la
bourse régionale des valeurs mobilières d'Abidjan est
altérée par un manque de confiance entre dirigeants et
subalternes qui se traduisent par un refus des dirigeants de
déléguer certaines responsabilités aux subordonnés.
Cette difficile collaboration entre ces acteurs organisationnels
complexifierait davantage l'exécution des tâches
professionnelles,
57
renforcerait les tensions au sein de la structure et
provoquerait continuellement un taux remarquable d'absentéisme des
agents et des départs volontaires.
Aussi, s'inscrivant dans la dynamique du
précédent auteur, Aby (2015), dans l'analyse des conditions de
travail des agents des établissements sanitaires (centre de santé
d'Angré), pense-t-elle que l'exercice de la profession sanitaire
s'effectuant dans les conditions non-ergonomiques (inconfort des meubles,
désuétude des appareils du laboratoire, insécurité
des agents) renforcerait les plaintes des agents qui revendiqueraient
régulièrement des conditions idoines de travail.
Pour Kouadio (2016), la politique commerciale au cabinet
EXCEPT média est altérée par l'insuffisance de
l'allocation budgétaire, la défaillance de véhicules pour
les agents, l'absence de standardiste et une insuffisance des outils de
communication externe. Ainsi, tandis que les commerciaux usent de moyens de
contournement des failles précités, les hiérarques, eux,
exercent une pression sur ces employés qui, à moins d'atteindre
les objectifs financiers affichés, restent exposés à des
révocations pluriels et à des propos dénigrants.
Pour Zouzou (2016), bien que le cabinet Egard architecture
dispose d'un service et d'acteurs en charge des états financiers, les
comptables de cette structure seraient soumis continuellement à une
pression du Directeur et encouragés par celui-ci à s'inscrire
dans une démarche de corruption active des agents du Trésor dans
le but d'effectuer des paiements clandestins et parcellaires face au patrimoine
financier assez remarquable de l'entreprise. Aussi, l'auteur ajoute-t-il que
les agents qui, par dévotion religieuse refusent cette procédure
d'inobservation de la législation fiscale et la falsification des
pièces comptables, sont expulsés au moyen d'une erreur
professionnelle improvisée.
Dans cette dynamique, Koudou (2016) pense qu'au-delà du
budget de fonctionnement insuffisant et de l'insuffisance de matériels
de fonctionnement, le conseil régional du Goh, selon les dispositions de
la loi n? ·98-485 du 04 Septembre 1998 relatives aux
missions du conseil régional, rentre régulièrement dans un
conflit de compétence avec la mairie de Gagnoa. Ce conflit se percevrait
sur le terrain par une dualité entre agents chargés du
recouvrement de taxes au sein de la région du Gôh.
58
Pour Momy (2016), la direction régionale des
impôts Abidjan-nord 5, bien qu'ayant opté pour un style de
management de type intégratif, exclut les employés de la base de
la prise des décisions et inclut tous les acteurs professionnels dans un
seul et même moule motivationnel ; une sorte de management
collectivo-centré. Ce qui crée selon l'auteur, des grognes
sectorielles et des départs volontaires au sein de cette structure
financière nationale où agents espéraient un style
managérial de type individualo-centré, c'est-à-dire celui
qui tient compte de l'aspiration managériale de chaque acteur
professionnel.
Dans cette perspective financière, Diarassouba (2017)
soutient que le processus de contrôle budgétaire de la
société des palaces de Cocody manque de consommables tels que :
la formule efficiente et adaptée pour l'élaboration du
contrôle budgétaire, une absence de tableau de bord financier et
une absence de cartographie pour la gestion des risques budgétaires
éventuels. De ce fait, l'auteur affirme que les comptables les plus
expérimentés esquissent quelques fois des schémas
financiers improvisés qui ne sont salués que s'ils restent
sanctionnés par des résultats de croissance du chiffre d'affaire
ou le cas échéant, imputés à son auteur qui subit
dans bien de cas, des préjudices moraux et financiers.
Pour Diabagaté (2017), le recouvrement fiscal en
Côte d'Ivoire reste sujet à une double série de facteurs
(endogènes et exogènes). Dans la première, l'auteur
évoque la non-imposition des taxes dans le secteur agricole et informel
et l'exonération des impôts. Dans la seconde, elle mentionne un
problème de confiance et de légitimité des impôts.
Ainsi, en milieu interne, tandis que quelques professionnels luttent pour une
couverture nationale des impôts sur l'ensemble des activités
génératrices de revenus journaliers ou mensuels, ils se heurtent
à résistance d'autres collègues sur ce point,
caractéristique des désaccords internes à la Direction
Générale des Impôts.
A l'instar de ces études axées en organisation
financière, des études ont pareillement été
effectuées dans d'autres milieux sociaux tels que dans les
établissements de santé (Zan-Bi, 2017). Ainsi, dans l'analyse des
conditions de prise en charge des accidentés de travail et malades
professionnels, l'auteur pense que celles-ci se particularisent par la
surfacturation des prestations, le désintérêt des patients,
le mauvais accueil du personnel soignant, la divulgation des secrets tenant
à l'intimité des patients, le cadre physique défavorable,
l'insuffisance du matériel de travail,
59
l'abstention volontaire de prodiguer des soins de
qualité. Ces difficultés seraient fortement
corrélées à une combinaison de facteurs à la fois
internes et externes aux consciences du personnel de santé pour
générer une désapprobation des patients manifestée
par des murmures ou par leur repli sur soi.
Faulx, Erpicum et Horion (2005)soutiennent que les tensions en
milieu professionnel, sont nombreuses. Une première oppose logique de
qualification et logique de compétence. Ainsi, alors que le recrutement
par concours et l'appartenance à la fonction publique met l'accent sur
la qualification, la construction de l'expertise du conservateur repose sur
l'expérience et la compétence. D'autres tensions
découleraient aussi selon l'auteur, des hiérarchisations
contradictoires qui s'établissent entre les fonctions de collection et
de recherche et les fonctions d'animation culturelle et de management dans le
milieu professionnel français.
Dans cette dynamique d'appréhension des rixes
intra-organisationnelles, Dine (2008) en se fondant exclusivement sur les
conflits entre collègues du même statut hiérarchique,
affirme que cette typologie de conflit est rarement appréhendée
de la manière dont le suggèrent les ouvrages
méthodologiques. Ces ouvrages méthodologiques fourniraient peu de
tacites directement applicables en la matière et invite par ricochet
à une réticence quant à l'usage de ces ouvrages dans la
résolution des conflits intra-organisationnels.
Dans le milieu scolaire, Perrenoud (2005) dénote
d'après ses investigations, deux types de comportement pouvant faire
l'objet de dispute ou de rejet entre collègues. Au niveau des
enseignants, l'auteur pense qu'un enseignant fait l'objet de violence et de
regards méprisants de la part de ses collègues s'il cumule les
actions suivantes : prendre le parti des parents, se comporter en leader et
mettre en débat ce qui va de soi. Au niveau des apprenants, l'auteur
mentionne qu'un bon apprenant aurait des attitudes inhibitrices de conflit ; en
d'autres termes, ce serait quelqu'un qui, dans sa quête d'apprentissage,
ne laisserait pas les autres tranquilles, il les « dérange
», ne serait-ce qu'en formulant une autre vision du possible et du
nécessaire, en mettant autrement en évidence les
responsabilités, en suscitant parfois des culpabilités.
Dès lors, assumer une identité de praticien réflexif, ce
serait assumer un rapport aux autres qui peut engendrer agacement, rejet,
ironie, controverse, lassitude et marginalisation.
60
3.1.1.3. Travaux centrés sur les conflits
générationnels et communautaires
Dans ces travaux, les auteurs s'accordent sur le fait qu'il
existe une diversité de conflit dans la sphère sociétale.
Il s'agit notamment des conflits générationnels,
intercommunautaires, des conflits de succession, .... Pour eux, chaque type de
conflit est spécifique dans sa quintessence et nécessite par
ricochet une méthode de résolution spécifique à
l'unicité problématique posée. Ainsi, pour Délestre
(2017),la jeunesse actuelle, on ne peut la définir et l'expliquer
facilement. En effet, les tendances d'aujourd'hui, les changements du XXIe
siècle, nous conduisent vers une métamorphose radicale de la
jeune génération. C'est notamment trop visible dans leur
comportement, leur éducation, leurs aspirations. Et ce qui
caractérise leur comportement, c'est premièrement leur
désir exacerbé de jouir de la liberté. Dans le même
temps, on peut affirmer que cette aspiration à l'indépendance
suscite directement un nombre infini de conflits entre les adultes et les ados.
Même si c'est difficile à comprendre, souvent on peut être
témoin d'une divergence d'opinions, d'idées différentes,
des problèmes dans une famille, ce qui par conséquent, donne
naissance àdes disputes entre des classes d'âge
différentes.
Relativement à Délestre (2017) qui s'attarde sur
la distance réflexionnelle et actionnelle entre les jeunes et les plus
âgés, Miquet-Marty et Preud'homme (2013) pensent les jeunes
souffrent aujourd'hui d'une absence de prise en compte au sein des espaces de
pouvoir (politiques, institutionnels ou privés). Cet état de fait
est accentué par les contraintes économiques, qui ont dans le
même temps, mis à mal les perspectives de progression
sociétale et créé un sentiment d'impuissance face aux
grands enjeux politiques et sociaux. Ainsi, l'idée de « ne pas
pouvoir changer les choses » globalement et directement semble avoir
rendu la jeunesse cynique, individualiste, désengagée ou
même rebelle envers les vieux.
Dans ce même registre, l'Association pour une Fondation
Travail-Université (2006) remarque qu'une génération est
un groupe particulier dont les membres partagent une proximité en
âge et ont traversé, à des étapes
déterminantes de leur développement, des événements
de vie semblables. Ainsi, caractériser les générations
revient donc à identifier ces expériences particulières
ainsi que les événements et cadres sociaux auxquels ils
réfèrent. Les transformations contemporaines du social, en
général, et du monde du travail, en particulier, ont à la
fois contribué à produire des générations de
61
travailleurs caractérisées par des attitudes,
des attentes et rendu les rapports intergénérationnels complexes
et régulièrement considérés comme conflictuels.
Pour Coser (1970), aujourd'hui nous sommes entrés dans
la société à quatre générations et celles-ci
sont bien visibles. Ces générations cohabitent et construisent
leur horizon en référence à des partenaires qui ont entre
zéro et quatre-vingt-dix ans. L'identification de ces partenaires est
certainement rendue plus complexe par la diversification des familiales
induites par l'éclatement et la recomposition des familles auxquelles
s'ajoutent les effets d'une notable mobilité géographique. Ainsi,
les moyens de construire la sécurité de ces individus issues de
générations clivées apparaît dans un contexte ou
l'héritage est particulièrement copieux, riche de
réalisations solides, conquises de haute lutte et consolidées
dans des périodes fastes.
Dans une autre démarche, Ntita (2014) pense quece sont
l'absence de communication entre parents et enfants, l'incompréhension
des besoins intimes des enfants, les changements psychiques et physiologiques
surtout à l'âge de l'adolescence, l'amour excessif des parents qui
leur empêche de donner une marge de liberté aux enfants et le
refus d'appliquer les conseils des parents sont autant de facteurs qui selon
l'auteur, engendrent des divergences d'opinions et même de rixes entre
parents et enfants.
Selon khalil (2015), la strate sociale, la coexistence de
différentes ethnies et les difficultés communicationnelles entre
parents et enfants, sont les principales causes des conflits de
génération. En effet, l'auteur soutient d'abord que beaucoup des
parents n'acceptent pas que leurs enfants se marient avec des personnes
d'autres strates sociales. Ensuite, le brassage culturel qui engendre un
brassage intergénérationnel parsemé de litiges et enfin la
difficulté pour les plus âgés de comprendre les attitudes,
les choix et comportements de cette nouvelle génération.
Toutefois, même si la littérature est assez
fournie en matière de conflits intergénérationnels, cela
n'implique pas nécessairement des velléités scripturales
sur les conflits intercommunautaires. Bien au contraire, la question y est
abordée sous différents angles. Dans cette dynamique, Mbokani
(2008) substitue tout conflit en des tensions violentes et pense que le conflit
armé du Congo prend sa racine dans une multiplicité des facteurs
dont l'effondrement et le manque d'indépendance de
62
l'appareil judiciaire, l'inexistence des services publics tant
administratifs que sociaux. Ainsi, dès lors qu'il n'existe plus
d'administration, l'auteur pense que les services les plus
élémentaires (actes de naissance, les certificats de mariage,
certificat de décès, le recensement de la population) restent
difficiles à obtenir, et par conséquent, augmente la
stigmatisation populaire de cet Etat que nombres de clans armés
cherchaient à renverser.
Pour Bisonga (2009), c'est en milieu familial ou
intracommunautaire que se perçoit véritablement la question des
conflits. Ainsi, les normes contenues dans la loi relative aux actes
d'état civil, sont mal comprises et mal intériorisées par
les tiers, lors du partage du patrimoine successoral. Relativement, les
héritiers et particulièrement le conjoint survivant et les
enfants du défunt se sentiraient victimes de spoliation, d'expropriation
voir même, d'agressions de tout genre.
Dans cette perspective, Selas (2016) inventorie une typologie
tripartite des conflits intra-communautaires dont les uns aussi bien que les
autres, génèrent des litiges sanglants au sein de
théâtre familier ou intracommunautaire. Il mentionne de ce fait
que les conflits dans l'arène communautaire sont catalysés par
des facteurs tels que : la succession bloquée par un ou des membres
influents de la famille, les divisions successorales et le partage
inégalitaire des biens.
Selon la Chambre des notaires (2016), il y a conflit
communautaire lorsque les acteurs en présence ont du mal à
établir la corrélation entre les supposés droits et leurs
droits réels selon les prescriptions des lois en vigueur. De ce fait,
cette chambre remarque que les acteurs sociaux qui font preuve de carences
normatives, s'en remettent à des notaires, qui eux aussi, paraissent
intervenir dans un litige qui aurait pu faire l'objet d'un compromis en milieu
intracommunautaire.
Dans le Sud-est du Nigéria, Pérouse (2015)
révèle que les conflits communautaires s'articulent autour du
partage des ressources de l'or noir. Pour lui, toutes les couches sociales ne
bénéficieraient pas au même titre, des ressources issues de
l'exploitation de cette richesse. Ce qui susciterait des compétitions et
affrontements ethniques entre les majorités et les minorités
autochtones dont les principales cibles constitueraient les minorités
les plus affirmées (les Ogoni et les Ijaws).
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Ces auteurs ont le mérite de nous renseigner sur la
nécessité, la récurrence et les facteurs explicatifs des
conflits en milieu professionnel et intra-sociétal. Toutefois, cette
approche parait généraliste car elle ne prend pas en compte la
spécificité des conflits fonciers surtout en milieu rural. Toute
chose qui nous amène à analyser les différentes approches
abordées par les fonciologues en la matière.
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