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La gestion des conflits fonciers entre autochtones et allochtones dans le département de Sinfra.


par Jean Noel PacàƒÂ´me KANA
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Doctorat en Criminologie 2019
  

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2.4. Crise

Le concept de crise ou crisis nécessite pour sa compréhension l'analyse de différentes conceptions médicale, politique, économique et sociologique.

Dans le domaine médical, une crise est un changement rapide et grave intervenant dans l'état de santé d'un malade ou d'une personne apparemment en bonne santé. Ainsi, pour Bolzinger (1982), la crise se présente-t-elle comme un instant, une période d'incertitude quant à la santé du patient. Il déclare que « dans la médecine, le terme de crise désigne l'instant crucial où la maladie touche à son terme, à sa résolution, pour le meilleur ou pour le pire. La crise est un paroxysme d'incertitude et d'angoisse où tout est en suspens ». Dans cette perspective, la crise n'est pas un signe de maladie, mais un signe de résistance à la maladie. Non pas une faillite, mais un sursaut. L'organisme n'est pas devenu incapable de se régler lui-même, mais il opte provisoirement pour un mode exceptionnel de régulation à visée défensive.

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Relativement à Bolzinger, Wiener et Kahn (1962), mettent l'accent sur le sens de l'urgence réactionnelle pendant la crise. En ce sens, ils affirment que« la crise est caractérisée par un accroissement de la pression du temps. C'est une période pendant laquelle les incertitudes sont fortes sur l'évaluation de la situation et les réponses à apporter ; ce qui produit souvent stress et anxiété ». En d'autres termes, elle apparait comme une période relativement courte caractérisée par un changement brusque qui nécessite une solution urgente en vue de rétablir l'ordre de départ.

Toutefois, bien que définissant de façon médicale la crise, cette conception clinique du concept ne prend pas en compte les malaises brusques observés dans la société et qui constituent, par extension du terme, une crise. Toute chose qui nous amène à analyser une autre approche d'obédience politique.

Dans le champ politique, le concept de changement brutal est empruntée au corps médical mais diffère en ce sens que ce changement apparait non pas à l'intérieur du patient mais plutôt dans la société en général soit dans l'évolution des choses, soit des événements ou des idées.

Pour Dumont (2009), « C'est un moment d'extrême tension, de paroxysme, de conflit, de changement, intervenant lorsque les régulations et rétroactions des systèmes politiques ou géopolitiques ne suffisent plus ou ne jouent plus ». C'est-à-dire une situation nouvelle provoquée par une action, une inaction ou une décision.

Aussi, mettant en avant la délimitation spatio-temporelle de la crise, l'auteur ajoute-t-il que « quelle que soit l'intensité qu'on lui prête ou qu'elle a réellement, une crise ne peut se pérenniser ». Autrement, bien qu'elle soit caractérisée par une rupture d'équilibre, la crise ne peut s'éterniser puisque le choc social qu'elle engendre est tel que la macro- société se trouve contrainte d'apporter une réponse appropriée à l'urgence situationnelle.

L'idée de réaction sociale est aussi soutenue par Guillaumin (1979) lorsqu'il affirme que la crise est un « moment du jugement, des décisions à prendre ; un croisement qui impose une option plus ou moins urgente sur la route à suivre ». Ainsi, la crise se présente-t-elle comme un changement social brusque qui nécessite une solution urgente et relativement appropriée.

A l'analyse, la crise, du point de vue politique se caractérise d'une part par la surprise : le côté inattendu du changement ou non anticipé par les décideurs politiques et d'autre part par l'insuffisance de temps disponible pour répondre à l'urgence sociale.

La crise est donc une période fragile marquée par des contradictions sociales, des hésitations tant au niveau des administrés qu'au niveau des administrateurs.

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Toutefois, bien que situant la crise dans un cadre politique, cette approche ne prend pas en compte la dimension économique qui suppose une récession, un ralentissement, un arrêt ou même une dépression de la croissance économique.

Ce qui constitue le point de départ de l'analyse de la « crise » selon les économistes. Dans cette perspective, Dumont (2009) affirme que « une crise économique désigne l'arrêt de la croissance, le moment où la conjoncture se retourne, correspondant au détonateur de la dépression ». Cette dépression sociale s'explique par une dégradation brutale de la situation économique, conséquence d'un décalage entre la production et la consommation.

Kemal (2009) la perçoit en termes de désorganisation des systèmes. De ce fait, il affirme, « la crise est une désorganisation des systèmes de formation des prix, des marchés, caractérisée par des fluctuations extrêmes sur de courtes périodes ». Elle se traduit par une forte augmentation du chômage, par une baisse du PIB (Produit Intérieur Brut), un accroissement du nombre de faillites, un effondrement des cours boursiers, une baisse du pouvoir d'achat.

A l'analyse, l'approche économique présente la crise comme une période marquée par des difficultés économiques dans un secteur particulier consistant en une sous-production ou une diminution importante d'activités.

Toutefois, cette approche omet la définitiondu concept dans la perspective de fracture sociale, de tension sociale. Ce qui nous amène à analyser une conception sociologique du concept.

Pour les sociologues, la crise est définie en termes de fracture, de désaccord, de rupture des liens sociaux, de méfiance et d'hésitation.

En ce sens, Freund (1976) affirme : « la crise est une situation collective caractérisée par des contradictions et ruptures, grosse de tensions et de désaccords, qui rendent les individus et les groupes hésitants sur la ligne de conduite à tenir, parce que les règles et les institutions ordinaires restent en retrait ou sont même parfois déphasées par rapport aux possibilités nouvelles qu'offrent les intérêts et les idées qui surgissent du changement, sans que l'on puisse cependant se prononcer clairement sur la justesse et l'efficacité des voies nouvelles ».

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Cette idée de fracture des liens sociaux est soutenue par Miller (1963) qui pense que « la crise engendre des tensions au sein des entités concernées ». De ce fait, la crise pourrait s'apparenter à une période de rupture et de tensions multiformes.

Après le rappel de ces différentes appréhensions du concept, nous souhaiterions retenir à priori les dénominateurs communs à ces approches : la phase critique et l'urgence réactionnelle qui caractérise la crise, auxquels nous voudrions ajouter le cadre sociale dans lequel se manifeste cette crise.

En ce sens, nous voudrions entendre par crise, une situation sociale critique, fragile caractérisée par des contradictions, des ruptures, des tensions et des désaccords, qui rendent les individus et les groupes humains hésitants sur la ligne de conduite à tenir et qui nécessite une urgence réactionnelle au malaise sociétal.

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"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry