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La gestion des conflits fonciers entre autochtones et allochtones dans le département de Sinfra.


par Jean Noel PacàƒÂ´me KANA
Université Félix Houphouet Boigny d'Abidjan - Doctorat en Criminologie 2019
  

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2.2 Violence

Ce concept qui, étymologiquement procède du latin « violentia » signifie la force, le caractère violent ou farouche. L'usage, « violentia » renvoie à l'abus de force. Toutefois, ce terme reste difficile à définir car il sous-entend des actions humaines (intentionnalité et cruauté) individuelles et collectives (Michaud, 1998), et son appréhension dépend du milieu, des circonstances et des facteurs agissants (Chesnais, 1981).

La compréhension du concept nécessite donc l'analyse de différentes approches juridique, psychologique, sociologique et symbolique.

Dans l'approche juridique, les auteurs considèrent la violence comme un écart ou une infraction par rapport aux normes ou règles qui définissent les situations légales ou

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anormales. Mieux, la perception de violence est le fait de porter atteinte à la dignité de l'homme.

Selon le guide juridique sur la prévention et la lutte contre la violence (2015), « La violence est l'action volontaire ou involontaire d'un ou plusieurs individus qui porte atteinte à l'intégrité physique ou morale d'un autre individu. Il peut s'agir de coups et blessures qui impliquent un contact direct entre l'agresseur et sa victime ».

Dans cette même logique, Utebay (2013), concevant la violence comme l'expression de la volonté de la justice, estime qu'elle correspond à la « force, à la puissance, aux instruments et outils conçus et utilisés en vue de multiplier la puissance naturelle de la justice ». En d'autres termes, parler de violence signifierait pour lui, considérer les moyens mis en place par la justice pour instaurer et maintenir le calme social.

Cette approche juridique jette certes les bases normatives de la compréhension du terme mais semble souffrir de mutisme quant à la prise en compte de la violence psychique (trouble psychologique, colère,...). Toute chose qui nous amène à analyser une autre approche d'obédience psychologique.

Dans la dimension psychologique, les auteurs s'intéressent à la violence verbale. Pour les tenants, cette forme de violence subtile et difficile à identifier consiste en des propos dénigrants, humiliants, des interdictions, de contrôle autoritaire, des menaces et intimidations...

Ainsi, selon le guide juridique sur la prévention et la lutte contre la violence (2015), « la violence consiste en des agissements destinés à impressionner fortement, à causer un choc émotionnel ou un trouble psychologique ». Autrement, la violence apparaît comme le caractère de ce qui produit des effets brutaux, des sentiments de peur, de doute, d'incertitude catalyseurs de l'affaiblissement de l'estime de soi chez les victimes.

Relativement à cette conception verbale de la violence, l'Organisation Mondiale de la Santé(2002) met en évidence le traumatisme qui découle des actes de violence. A cet effet, elle conçoit la violence comme « la menace ou l'utilisation intentionnelle de la force ou du pouvoir contre soi-même, contre autrui, qui entraîne ou qui risque fortement d'entraîner un traumatisme, un décès, des dommages psychologiques».

Dans la même perspective, Braudo (2014)voudrait établir un lien causal entre violence et conséquences résultantes. Pour lui, la violence doit être perçue comme « l'acte délibéré ou non, provoquant chez celui qui en est la victime, un trouble physique ou

Comme on peut le constater, la violence se présente comme une interaction entre un acteur agissant et un autre subissant.

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moral comportant des conséquences dommageables sur sa personne ou sur ses biens ». La violence apparait donc comme celle pouvant provoquer chez la victime un trouble psychologique matériellement constatable.

A l'analyse, la perspective psychologique conçoit la violence comme celle verbale pouvant provoquer chez la victime des troubles mentaux et un affaiblissement de l'estime de soi.

Toutefois, limiter la violence en des propos dénigrants serait restreindre son sens car la violence se veut interactionnelle c'est-à-dire manifeste parmi des individus en interaction. Ce qui nous amène à analyser une autre approche d'obédience sociologique.

Pour les sociologues, la violence se perçoit comme une force physique intentionnelle ou non, exercée sur une victime.

Avec Michaud (1986), « il y a violence quand dans une situation d'interaction un ou plusieurs acteurs agissent de manière directe ou indirecte, massé ou distribuée, en portant à un ou plusieurs autres, à des degrés variables soit dans leur intégrité physique, soit dans leur participation symbolique et culturelle ».C'est-à-dire que la violence n'est manifeste que parmi des individus en interaction.

Pour Brubaker et Laitin (1998), la violence est perçue en termes de force appliquée dans la société, de mode d'agissement visant à agresser la victime. Ils affirment que « la violence est une action volontaire visant à faire mal à une personne, une agression physique intentionnelle contre la victime ».

De Zotti (2007) perçoit en ce concept un choc, une effraction au lien social. A cet effet, il déclare « la violence est la manifestation d'une effraction du lien et, en particulier dans le champ social, une rupture du lien social ».

Weber (1963) distingue deux formes d'expression de la violence dont les objectifs seraient différents : l'une, illégitime, émanant des individus ; l'autre, légitime, concerne la violence employée par l'Etat, dont le but est de combattre l'expression de la première.

En ce sens, weber pense qu'il y aurait une violence qualifiée de positive c'est-à-dire celle émanant de l'Etat et une autre qu'il nomme, négative c'est-à-dire celle résultant des agissements personnels que la première voudrait controler, combattre.

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Toutefois, bien que sociologique, cette orientation ne situe pas de degré de participation, de responsabilité des acteurs (agissant et subissant). Les auteurs qui suivront, s'attardent sur la dimension symbolique de la violence.

Quelques auteurs émettent l'idée de la participation des dominés à leur propre soumission. Pour Bourdieu (1997), « la violence symbolique requiert donc, pour s'exercer, la complicité de l'agent social qu'elle prend pour cible ».

Ainsi, ce processus à la faveur duquel le sujet soumis devient inconsciemment complice de sa propre soumission s'explique par la connivence de l'agent assujetti qui, tenant compte de certains facteurs, assume la position d'infériorité par rapport au dominant.L'auteur ajoute que cette forme de violence correspond à « cette coercition qui ne s'institue que par l'intermédiaire de l'adhésion que le dominé ne peut manquer d'accorder au dominant (donc à la domination) lorsqu'il ne dispose, pour le penser et pour se penser ou, mieux, pour penser sa relation avec lui, que d'instruments qu'il a en commun avec lui ».

Le rapport de soumission obtenu au moyen de la violence symbolique est plutôt le fruit d'une acceptation machinale et involontaire qui prend sa source à l'intérieur de schèmes de perception conditionnés à l'avance.

Dans ce même registre, Kibler (2010) estime que « c'est un processus de soumission par lequel les dominés perçoivent la hiérarchie sociale comme légitime et naturelle. Les dominés intègrent la vision que les dominants ont du monde. Ce qui les conduit à se faire d'eux-mêmes une représentation négative ». La violence symbolique est donc source de sentiment d'infériorité ou d'insignifiance chez les « dominés » qui conscients de leur position, placent à un certain piédestal les « dominants ».

Au regard de ces appréhensions du concept, nous souhaiterions emprunter à chaque approche des éléments qui nous permettront de constituer une définition pouvant répondre à notre objet d'étude. De ce fait, nous pensons qu' il y a violence lorsque dans une situation d'interaction, un ou plusieurs acteurs agissent de manière directe ou indirecte, massé ou distribuée en portant à un ou plusieurs autres, des actes à des degrés variables soit dans leur intégrité physique, soit dans leur participation symbolique.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus