Couverture des attentes du contrat psychologique et socialisation organisationnelle des salariés.par Guidkaya ZAMBA Université de Ngaoundéré - Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion 2019 |
II.1.2. Opérationnalisation des concepts de la rechercheLes construits théoriques mobilisés dans le cadre de cette recherche ont tous la caractéristique d'être non directement mesurable et donc, non directement compréhensibles. Les propositions théoriques traitées dans le cadre de notre investigation doctorale mettent en relation la notion de socialisation organisationnelle (sous toutes ses dimensions) et la perception par le salarié de la couverture ou non de ses attentes relativement au contrat psychologique qui le lie avec l'entreprise (attentes considérées également sous toutes les formes comme nous l'avons élucidé dans les chapitres précédents). Avant de faire un point sur cette opérationnalisation, nous faisons un arrêt sur la nécessité même de l'opérationnalisation. Dans le domaine des sciences - et cela est particulièrement aussi vrai dans des investigations en sciences sociales - les théories et les hypothèses sont formulées au moyen de concepts et également des liens clairs entre des concepts. Un concept peut être entendu ici comme une idée, une représentation mentale abstraite et générale d'un être, d'une manière d'être ou d'un rapport quelconque entre des entités bien connues : c'est, en somme, un atome de pensée pour parler comme Gilles (1994). En effet, ce dernier met l'accent sur les procédures utilisées pour créer le concept en explicitant sa compréhension et en fixant son extension23(*). A s'en tenir à lui, on peut définir clairement un concept comme une « construction de la pensée résultant d'une opération par laquelle on individualise des traits permettant de rapprocher des objets différents ou de distinguer des objets autrement similaires », ou, autrement dit, par laquelle on définit les critères permettant de déterminer si tel ou tel objet fait partie ou non de l'extension du concept. Dans ce sens, opérationnaliser un concept reviendra donc à retrouver tous ses indicateurs de mesure contribuant à le rendre beaucoup plus compréhensible. Dans la mesure où nous avons un souci de contextualisation des variables de la recherche, l'opérationnalisation est faite en mettant un accent aussi bien sur les considérations théoriques en matière d'échelles de mesure des concepts, mais en rapport également avec les indicateurs récoltés lors de la phase qualitative exploratoire. II.1.2.1. Opérationnalisation du concept de socialisation organisationnelleDans la littérature sur la socialisation organisationnelle des salariés et en particulier les travaux de Fisher (1986), l'opérationnalisation de la socialisation organisationnelle des salariés est faite en prenant en considération « ce qui est appris et ce qui est modifié » au fil du temps et au fur et à mesure que le salarié poursuit sa carrière au sein de l'entreprise. D'autres auteurs encore allant dans ce sens on fait remarquer que la socialisation au sein d'une organisation doit s'apparenter à un processus continu d'apprentissage et d'intériorisation progressive des normes, valeurs et comportements nécessaires pour être intégrer dans une organisation, pour appartenir à un collectif de travailleur et pour être efficace dans son emploi (Pagès et al., 1979 ; Fournier et Payne, 1994 ; Bourhis, 2004 ; Fabre, 2005 ; Spark et Schenk, 2006). Il faut noter que l'échelle de mesure de la socialisation organisationnelle de Chao et al. (1994) est celle la plus répandue et celle sur laquelle se fondent la plupart des investigations empiriques sur cette notion. Cette approche en terme de contenu de la socialisation considère en effet que les pratiques et les tactiques de la socialisation sont institutionnelles ou individuelles même comme on note l'énumération des domaines appris pendant cette phase de socialisation tels que la maitrise des aspects techniques de la tâche, la compréhension du rôle organisationnel, la maitrise des relations interpersonnelles, la connaissance de l'organisation, l'intégration sociale dans l'entreprise (Lacaze, 2001). Dans la littérature, seules deux échelles de mesure se focalisent essentiellement sur le processus de socialisation organisationnelle exprimés également en termes de connaissance et de compréhension des différents domaines de socialisation (Ostroff et Kozlowski, 1992 ; Haueter et al., 2003 ; Taorima, 2004) tel que nous le souhaitons dans le cadre de notre recherche. Nous notons que les variables qui ont trait à l'apprentissage mettent en relief les notions de « savoir » ou de « connaissance » tandis que les variables reliées à l'intériorisation sont énoncées en terme de « compréhension », en terme « d'acceptation » ou encore par le verbe « adhérer ». Les tableaux suivants mettent en relief les variables qui entrent dans l'opérationnalisation de l'apprentissage et de l'intériorisation organisationnelle considérées ici comme deux processus sous-jacents à la socialisation organisationnelle (Bourhis, 2004 ; Fabre, 2005). Tableau 8 : Variables d'opérationnalisation de l'apprentissage organisationnel
Source : Adaptées des travaux d'Ostroff et Kozlowski (1992) ; Haueter et al. (2003) ; Taorima (2004) Tableau 9 : Variables d'opérationnalisation de l'intériorisation organisationnelle
Source : Adaptées des travaux d'Ostroff et Kozlowski (1992) ; Haueter et al. (2003) ; Taorima (2004) * 23L'extension logique est l'ensemble des objets concrets ou abstraits auxquels s'appliquent une proposition (ensemble des cas où elle est vraie) ou une relation (ensemble des systèmes qui la vérifient). L'extension d'un concept s'oppose à la compréhension, qui est l'ensemble des caractères qui appartiennent à un concept. Par exemple, le concept homme a une moindre extension, mais une plus grande compréhension que mammifère. |
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