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Couverture des attentes du contrat psychologique et socialisation organisationnelle des salariés.


par Guidkaya ZAMBA
Université de Ngaoundéré - Thèse de Doctorat en Sciences de Gestion 2019
  

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II.3. Couverture des attentes du contrat psychologique idéologique et socialisation organisationnelle des salariés

Prenant en compte le volet aussi bien théorique qu'empirique, de nombreux travaux sur la gestion des ressources humaines ont démontrer que la considération psychologique des salariés dans leurs réactions au travail et aussi à l'ensemble des motifs organisationnels agit positivement sur le désir qu'ont les managers à mettre en place des pratiques visant la socialisation organisationnelle des salariés. Il ne suffit pas seulement de dire au salarié qu'il est recruté pour tel ou tel emploi, encore faut-il que cet emploi réponde nécessairement à ses prédispositions et ses attentes idéologiques relatives au contrat psychologique dans cet emploi (Hall, 1996 ; Rousseau, 1996 ; Hallier et James, 1997 ; Parker et al., 2009). Avant de mettre en évidence le contenu de ces recherches en rapport avec la socialisation organisationnelle des salariés, prenons d'abord le soin d'expliciter les notions au centre de la compréhension même du contrat psychologique idéologique à savoir : l'employabilité et l'évolution de carrière, la sécurité de l'emploi et le sens qu'accorde le salarié au travail.

II.3.1. Les attentes du contrat psychologique idéologique dans la relation d'emploi

Coffman et Gonzales-Molina (2003) signalent dans leurs recherches en rapport avec la réflexion sur les actions à mettre en oeuvre dans le processus de développement des compétences que : « tout le monde a du talent (...), le tout est de trouver le rôle dans lequel le talent peut être optimisé ». Cette conception les amène à critiquer le management par les compétences qui serait basé, selon eux, sur « l'idée que n'importe qui peut réussir à faire n'importe quoi avec une formation suffisante ». Pour eux, il faut construire l'avenir de l'entreprise sur les points forts des salariés (ce qui va à l'encontre de la guerre des talents qui consiste à sélectionner les personnes les mieux adaptées aux exigences des emplois). Il apparaît donc essentiel de faire grandir les talents par des actions autour d'un projet commun entre l'entreprise et les salariés mettant les réponses sur les attentes de développement des compétences et d'employabilité au travail, les réflexions sur comment sécuriser l'emploi des salariés et pour finir, donner un travail qui a du sens à ces derniers (Crant, 2000 ; Baruch, 2001 ; Van der Heijden et Van der Heidjen, 2006 ; Nauta et al (2009). Que renferment ces différentes notions dans la gestion des ressources humaines ? Les lignes qui suivent apportent un élément de réponse à cette question.

II.3.1.1. Employabilité et possibilité d'évolution de carrière

La notion d'employabilité des salariés en elle-même n'est pas si simple à définir d'autant plus qu'elle est associée dans la plupart des travaux examinant la relation d'emploi à d'autres notions telles que l'adaptabilité du salarié et l'évolution de carrière (Fugate, 2004 ; Everaere, 2012), la flexibilité des salariés au travail (Van Der Heijde et Van Der Heijde, 2005) et la flexicurité de salariés dans leur relation d'emploi (Bovin et Vielle, 2009 ; Cromarias, 2011 ; Schmidt et Dufoix, 2012). La définition d'entrée de jeu que nous pouvons donner à cette notion d'employabilité des salariés est qu'elle est considérée comme la capacité qu'à un individu à trouver facilement et à conserver un emploi (Groot et Massen Van den Brink, 2000 ; Harvey, 2001 ; De Grip et al., 2004). Cette définition est proposée au travers d'une revue de la littérature qu'il est nécessaire de mettre en exergue pour éclaircir le cadre théorique de la considération des attentes d'employabilité et d'évolution de carrière dans la relation d'emploi.

Défini dès les travaux des premiers auteurs comme « l'espérance objective ou la probabilité plus ou moins élevée que peut avoir une personne à la recherche d'un emploi d'en trouver un » (Ledrut, 1984) ; comme l'ensemble des moyens de développement des compétences ou d'adaptation selon lesquels les salariés au travail ont la capacité d'acquérir des connaissances et compétences favorable au séjour à long terme sur le marché de l'emploi (Treasury, 1997) ou encore comme la capacité de se déplacer de manière autonome sur le marché du travail afin de démontrer son potentiel pour un emploi durable (Hillage et Pollard, 1998), la notion d'employabilité dans la relation d'emploi a suivi un cheminement marqué par plusieurs transformations définitionnelles et la dernière considération à notre connaissance est celle de Poll et Stewell (2007) selon laquelle l'employabilité peut être entendu comme la disposition par un individu d'un corps « de compétences, de connaissances et de qualités personnelles qui [le rendent] plus susceptible de se positionner sur une profession et de réussir dans sa profession ». Cette définition fait particulièrement appel à la notion d'évolution de carrière dans la relation d'emploi à l'entreprise. De ces définitions présentées dans la littérature, trois approches sont intéressantes pour évaluer l'employabilité des salariés dans l'évolution des carrières. Il s'agit bien de l'approche de l'employabilité individuelle, de l'approche de l'employabilité basée sur les compétences des salariés et de l'approche de l'employabilité interne et externe. Ces approches sont analysées tour à tour dans les lignes qui suivent.

L'approche de l'employabilité individuelle

Partant de la conception de l'employabilité des salariés au travail selon une perspective organisationnelle relativement aux activités qui sont effectuées dans l'organisation et contribuant à l'amélioration des compétences des salariés pour une conservation à long terme de son emploi, Van Dam (2003) propose une nouvelle conception de l'employabilité, mais cette fois-ci, basée essentiellement sur les caractéristiques individuelles des salariés, leurs traits de personnalité mais également sur les ressources individuelles dont ils disposent pour l'accomplissement de leurs tâches. Cette approche de l'employabilité définie au sens individuel renvoie aux ressources que dispose le salarié. Ces ressources peuvent inclure entre autre et selon Saint Germes (2008) son niveau de dotation personnelle initiale et accumulée en capital (on fait allusion ici à la notion de capital, qu'il soit humain, social culture et accumulé par la carrière effectuée dans une autre entreprise, si l'on fait bien sûre référence au modèle des carrières nomades de Cadin (1997)), ses capacités professionnelles (en référence à toutes les qualifications, les expériences, les compétences qui sont à l'actif du salarié), ses comportements psychosociologiques (aussi bien sa personnalité que son identité professionnelle) ainsi que sa prédisposition à s'intégrer dans les relations interpersonnelles. Ainsi est née la conception de la notion d'employabilité biographique développé dans les recherches de Gazier (2003) le salarié doit prendre conscience de ses propres compétences, qualités et connaissances. Cet auteur fait remarquer dans la clôture de ses analyses et avec les conclusions de Fugate et Ashford (2003) que pour que le salarié puisse espérer attendre de l'entreprise une préoccupation pour l'employabilité et le développement de carrière, il faut qu'il ait lui-même des prédispositions en termes conservation de l'emploi valorisées par les employeurs actuels et potentiels.

L'approche de l'employabilité basée sur les compétences des salariés

L'approche de l'employabilité basée sur les compétences des salariés fait asseoir la compréhension de la notion d'employabilité des salariés comme une sorte de compromis (bon compromis bien sûre) entre les intérêts individuels des salariés dans la relation d'emploi et le besoin de croissance de l'entreprise (Van Der Heijde et Van Der Heijde, 2006 ; Nauta et al., 2009 ; Mercier, 2011). Particulièrement, les travaux de Nauta et al. (2009) que la volonté d'adaptation de l'organisation à des environnements en perpétuels changements est cumulée avec la mise en place d'une bonne culture d'employabilité des salariés stimulant les orientations de l'entreprise du côté des salariés et réduisant simultanément les effets liés aux départs massifs de l'entreprise. De leur côté, Van Der Heijde et Van Der Heijde (2002, 2005, 2006) évaluent l'employabilité des salariés comme un processus d'élargissement des ressources que dispose le salarié dans l'exercice de ses fonctions. La théorie des ressources (en occurrence celle relative aux ressources humaines de Guest (1987) et Storey (1992) prend essentiellement la place dans cette considération de l'employabilité des salariés en mettant en évidence l'engagement au travail à un niveau élevé dans la relation d'emploi. Ces études ont trait au fait que la continuité du travail et les possibilités d'évolution de carrière dans l'entreprise sont garanties par la démonstration de l'expertise professionnelle dans la réalisation des tâches qu'incombent la relation à l'entreprise. Il y a donc là un passage de la gestion des ressources humaines basée essentiellement sur l'emploi à une gestion des ressources humaines plus individualisée prenant en compte les compétences des salariés. La prise en compte des compétences devient alors pour l'entreprise une de ses ressources essentielles qui lui permettent de se positionner sur le contexte concurrentiel en maintenant sa compétitivité. Van Der Heijde et Van Der Heijde (2005) définissent l'employabilité selon l'approche par la prise en compte des compétences comme « l'accomplissement continu, l'acquisition ou la création de travail grâce à l'utilisation optimale de compétences ». Cette définition met en évidence l'intérêt de laisser libre cours aux salariés afin qu'ils proposent des suggestions pour l'amélioration de sa carrière dans l'entreprise.

L'approche de l'employabilité interne et externe

Mieux comprendre la notion d'employabilité interne et externe des salariés revient à se référer à la conception individuelle de cette notion énoncée précédemment. En effet et selon cette conception, la perception par le salarié de la capacité qu'il a dans la conservation de son emploi actuel peut agir dans sa manière de comprendre son environnement organisationnel (Rothwell et Arnold, 2007), de façon plus claire, dans sa manière de voir son intégration sur le marché du travail interne et externe. En prenant un point de vu gestionnaire dans l'analyse des notions d'employabilité interne et externe en complément de la conception économiste du marché du travail interne et externe, les travaux de Thijssen (2000), appréhendent la notion d'employabilité comme une sorte d'indicateur de probabilité à entrer sur le marché du travail. Trois significations sont donc associées à cette conception du travail :

- Entrer en relation d'emploi dans le sens de l'emploi quand on se place dans le secteur public ou il existe bien l'intervention du gouvernement dans la proposition de l'emploi aux travailleurs. Dans ce sens d'analyse, l'employabilité est représentée comme « une chance de plein emploi dans le monde du travail » (ZGoulli-Swalhi, 2014).

- Entrer en relation d'emploi dans le sens de salarié quand on se place dans le secteur privé ou la démonstration de compétences est déterminante dans la poursuite de la relation d'emploi. Dans ce sens d'analyse, l'employabilité est représentée comme un indicateur de « la possibilité de faire correspondre l'offre et la demande de travail » (ZGoulli-Swalhi, 2014).

- Entrer en relation d'emploi dans le sens d'emploi attractif quand on se place du côté de l'individu dans la relation d'emploi. Dans ce sens d'analyse, l'employabilité est représentée par le salarié comme « une chance d'obtenir un emploi ou une carrière » (ZGoulli-Swalhi, 2014). C'est cette considération de la notion d'employabilité de cet auteur, découlant de plusieurs autres travaux (Mallough et Kleiner, 2001 ; Sanders et Grip (2004 ; Rothwell et Arnold, 2007 ; Thijssen, 2008) que retenons dans le cadre de cette recherche puisque répond mieux aux objectifs de notre investigation basée sur l'évaluation par le salarié de la couverture des attentes d'employabilité de l'entreprise et leur socialisation organisationnelle.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille