La communauté internationale dans le jeu politique togolais à partir de 1990.par Rodolphe Assataclouli BAKOUSSAM Université de Kara - Master en Gouvernance internationale (Sciences politiques) 2018 |
B. L'action des organisations internationalesOn appelle organisations internationales « des acteurs internationaux, dotés d'un appareil administratif durable et de finalités précises et affichées, et qui regroupent soit des représentants mandatés de plusieurs Etats, soit des individus relevant de nationalités différentes concourant [...j à la promotion de causes internationales »177. On distinguera ici les organisations internationales gouvernementales (OIG) et les organisations internationales non-gouvernementales (OING), les premières étant « une association d'Etats » 178 et les secondes, une union « des individus relevant de nationalités différentes » 179 imbus d'objectifs internationaux communs. Ce qui est intéressant dans le cadre du présent travail c'est l'action des organisations internationales gouvernementales puisque plus légitimes à agir internationalement et plus représentative de la communauté internationale. Les organisations internationales naissent de la volonté des Etats. Elles tirent de ce fait la légitimité de leurs actions dans l'assentiment originel des Etats à travers les chartes ou les traités qui les constituent. L'organisation internationale par excellence aujourd'hui reste l'ONU, qui a pour mission principale le maintien de la paix dans le monde. A ce titre, elle est habilitée à pendre des résolutions au moyen de son « bras armé » qu'est le Conseil de 176 C. MBAMBI, « l'intervention de l'OTAN en Libye au regard du droit international », https://memoireonline.com 177 G. HERMET et Al., Dictionnaire de Science politique et des institutions politiques, Op cit. 178 J-J. ROCHE, Relations internationales, Paris, Lextenso, LGDJ, 6ème éd., 2006, p.169. 179 G. HERMET et Al. Dictionnaire de Science politique et des institutions politiques, pp. 216 - 217, op cit. 69 Sécurité en vue de pacifier tout coin du monde où la paix et/ou la stabilité en venait à être menacée. Elle est donc le rempart à 'l'anachrophilie» 180 des Etats sur la scène internationale en ce sens qu'elle définit le cadre normatif dans lequel ces relations se déroulent ou du moins, sont censées se dérouler. Seulement on note à l'observation et comme nous l'avons relevé un peu plus haut, des désaccords profonds dans l'adoption de certaines résolutions au Conseil de Sécurité ; ce qui laisse penser ni plus ni moins non pas à une communauté, mais à une société internationale 181 composée d'Etats rationnels, poursuivant et défendant des intérêts quelques fois antagoniques. Les exemples sont légion sur les rivalités au sein du Conseil de Sécurité. On peut énumérer le cas des débats sur la crise en Syrie ; l'annexion par la Russie de la Crimée et l'intervention de l'OTAN en Libye. Dans tous ces cas, l'action ou l'inaction de l'ONU s'explique dans une grande proportion par la concordance ou l'antagonisme des intérêts des cinq (5) membres permanents. Il existe également d'autres situations sur lesquelles il se dessine carrément comme une divergence d'opinion entre les organisations internationales. Illustration ici est faite à l'intervention armée de l'OTAN en Libye, intervention pour laquelle l'Union Africaine ne s'est pas montrée favorable. Dans le cas togolais, il faut reconnaître qu'il ne s'est jamais produit (ou du moins officiellement) une situation qui eut à opposer acteurs de la scène internationale que ce soit du côté des Etats ou du côté des organisations internationales. Ce tour d'horizon nous permet néanmoins de comprendre que selon l'orientation des intérêts, la communauté internationale peut se montrer très impliquée dans l'ordre interne et influencer la distribution des cartes dans le jeu politique182. Cela reste malheureusement valable pour les organisations internationales qui, in fine, traduisent les rapports de forces entre Etats intéressés. 180 L'anachrophilie est amour de l'anarchie. Ce mot est emprunté à Y. S. KAKPO enseignent du cours de Relations internationales à l'université de Kara, pour désigner la propension de certains Etats à fouler aux pieds les normes internationalement édictées. 181 La société désigne dans la sociologie de F. TÖNNIES, une collectivisation d'acteurs rationnels, fondée sur l'utilité. Voir aussi à ce sujet G. HERMET, B. BADIE, P. BIRNBAUM, P. BRAUD, Dictionnaire de Science politique et des institutions politiques, p. 54 op cit. 182 Il relève désormais de l'évidence, le rôle joué par les puissances coloniales dans les changements de gouvernement dans leurs ex-colonies d'Afrique. 70 |
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