La communauté internationale dans le jeu politique togolais à partir de 1990.par Rodolphe Assataclouli BAKOUSSAM Université de Kara - Master en Gouvernance internationale (Sciences politiques) 2018 |
§ 2. UNE COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE PLURIELLEDu point de vue composition, la communauté internationale est un fourre-tout dans lequel sont rassemblés des acteurs disparates agissant dans la sphère internationale. On y retrouve à cet effet la société civile internationale (composée d'OING, les groupes de pressions ...), les Etats, les organisations internationales et bien d'autres dont l'opinion ou l'action peut influer sur le cours des relations internationales. Mais disons-le, dans sa première acception, la notion de communauté internationale désigne l'ensemble des Etats ou les regroupements de ses Etats, donc les organisations internationales170. C'est sur cette composition que nous focaliserons l'attention tant c'est en somme, la partie agissante de la communauté internationale. Ainsi sera abordée l'action des organisations internationales (B), après avoir exploré celle des Etats (A). A. L'action des EtatsLes Etats sont cruciaux dans l'action de la communauté internationale s'ils ne sont pas les seuls acteurs171. En effet les Etats entretiennent entre eux une myriade de relations 170 « Si dans sa première acception, l'expression désigne `'l'ensemble des Etats des Etats pris dans leurs universalité'', elle peut également s'appliquer, sous une deuxième acception, à `'l'ensemble plus vaste incluant, à côté des Etats, les organisations internationales à vocation universelle, les particuliers et l'opinion publique internationale ». J. SALMON, Dictionnaire de droit international public, Bruxelles, Bruylant, 2001, p.205. 171 Comprendre cette position toujours dans le spectre réaliste des relations internationales pour lequel les organisations internationale n'expriment in fine que la volonté des Etats qui les composent et mieux encore celle des plus grands. C'est une position qui peut leur être concéder au regard des faits marquants de l'histoire contemporaine des relations internationales. 67 bilatérales et sont de ce fait en permanent contact les uns avec les autres. Ceci les conduit à développer des relations privilégiées, ou au contraire des relations tendues qui reflètent clairement l'existence d'accords et/ou de désaccords profonds ou de différence de points de vue sur des sujets donnés. C'est précisément sur cette base que se créent, se renforcent ou s'altèrent, des alliances ou des solidarités réciproques entre Etats, vu que le fondement de toute action de la politique étrangère d'un Etat, c'est d'abord et avant tout la recherche, la poursuite et la satisfaction de son intérêt172. Raymond Aron dira à cet effet qu'en politique étrangère, un Etat ne connaît qu' « un seul impératif catégorique, un seul principe d'action : l'intérêt national »173. Ainsi, « les hommes d'Etats pensent et agissent en terme d'intérêt défini comme puissance. [...] ils distingueront entre le devoir officiel qui est de penser et d'agir en termes d'intérêt national et leur désir personnel qui est de voir triompher leurs propres valeurs morales et les principes politiques réalisés partout dans le monde »174. Et c'est là que les relations internationales dévoilent le timbre de l'anarchie que lui collent les réalistes. Au Togo, l'analogie aux préceptes susmentionnés, peut être faite à partir des prises de positions de certains Etats ou si l'on préfère, de certains Chefs d'Etat. A la suite de l'élection présidentielle de 1998 par exemple, consacrant la réélection de Gnassingbé Eyadema, l'ancien Président français J. Chirac n'a pas tari d'éloges pour féliciter son homologue togolais pour des élections décriées par nombre d'observateurs à l'instar d'Amnesty International pour violations graves des droits de l'homme. Et dans nombre de situations, le Président français n'a eu de cesse de surligner l'intimité des relations qu'il partage avec Eyadema, le Président togolais. Dans ces conditions, on ne peut s'étonner du soutien de la France à Eyadéma qui savait si bien s'en référer. De même avant Chirac, F. Mitterand dans son l'allocution au palais de Chaillot, insistait moins sur la conditionnalité démocratique martelée à La Baule que sur les modalités et le rythme qui conviennent à chaque pays africain pour conduire (en toute indépendance) sa mue démocratique175. 172 Terme phare dans le courant réaliste des relations internationales, l'intérêt national est « ce qui importe le plus à un Etat, ce qui constitue l'enjeu par excellence, et il guide donc l'action politique extérieur d'un Etat ». Cf. D. BATTISTELLA, et Al., Dictionnaire des relations internationales, Op cit. 173 «We assume that statemen think and act in terms of interests defined as power». H. Morgenthau, Politics among Nations. New York, Knopf, 1948. 174 H. MORGENTHAU, cité par Institut Numérique, www.institut-numérique.org 175 J. R. HEILBRUNN et C. M. TOULABOR, « Une si petite démocratie pour le Togo ... », Op cit. 68 Hormis le cas togolais, l'histoire contemporaine du continent africain permet de mettre en lumière la pluralité de la communauté internationale sur des enjeux surtout géopolitiques mondiaux. En effet, si l'on considère les conditions de l'intervention de l'OTAN dans la crise libyenne qui a emporté le 'Guide'' Mouammar Kadhafi, on peut se rendre compte des alliances d'intérêts qui peuvent caractériser cette « communauté internationale ». Si non, comment expliquer cette intervention malgré, la non implication des autres Etats du monde notamment la Chine et de la Russie, tous deux (2) membres permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies ? A l'évidence, cette intervention reposait entièrement sur la volonté de la France et de ses alliés d'en découdre avec Kadhafi qui devenait gênant vis-à-vis de leurs intérêts176. |
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