La communauté internationale dans le jeu politique togolais à partir de 1990.par Rodolphe Assataclouli BAKOUSSAM Université de Kara - Master en Gouvernance internationale (Sciences politiques) 2018 |
B. Une stratégie désorientéeLa discontinuité observée dans la prise en compte de la communauté internationale dans les stratégies politiques de l'opposition entraine indubitablement chez elle une perte de repère. Si l'on scrute minutieusement les évènements politiques au Togo depuis 1990, on a l'impression qu'ils se ressemblent, de même que leurs manifestations. L'opposition togolaise donne toujours l'impression d'être harmonieuse et unie au tour des grands enjeux de la vie politique. Mais il s'agit toujours des édifices à base argileuse qui s'effondrent sous le poids des moindres intempéries en venant à secouer les alliances précaires toujours constituées. En effet, depuis la conférence nationale, l'opposition ne cesse de multiplier des moments de ? quasi victoire ? sur le pouvoir et comme dans « Le Mythe de Sisyphe » 155, elle recommence à chaque fois dans la même logique. Disons que la première expérience d'organisation ou mieux de structuration de l'opposition s'est faite au tour du Front des Associations pour le Renouveau (FAR), une coalition des formations politiques en gestation, mue par une volonté commune : le renouveau. Le FAR deviendra plus tard le Collectif de l'Opposition Démocratique (COD), mouvement qui conduira les actions jusqu'aux accords du 12 juin qui ont donné sur la tenue de la Conférence Nationale. D'autres unions verront également le jour toujours en vue de faire front commun contre le pouvoir en place. Il s'agit par exemple de la coalition CAR - UTD 154 Cf. Conférence de presse accordée par Tikpi Atchadam le 20 octobre 2017 in Flambeau des démocrates, n° 516 du vendredi 20 octobre 2017. 155 « Le Mythe de Sisyphe » énoncé par A. CAMUS, décrit l'histoire d'un homme presque condamné à pousser un rocher jusqu'au sommet d'une montagne et à chaque fois qu'il y arrivait, le rocher dévalait la pente pour se retrouver au pied de la montagne. Sisyphe redescendait toujours pour recommencer. Tellement il croyait qu'un jour il arriverait à fixer son rocher sur la cime de la montagne qu'à chaque fois, il redescendait et recommençait. dirigé respectivement par Me Y. Agboyibor et E. Kodjo lors des élections législatives de 1994, coalition qui remportera effectivement ces élections mais qui s'effondrera aussitôt après. Plus récemment, l'opposition togolaise va prouver aux yeux du monde qu'elle maitrise peu les stratégies politiques nécessaires en vue d'atteindre leurs objectifs politiques. En effet, dans la facilitation de la crise politique d'août 2017, l'opposition qui a fédéré dans la coalition des 14 (C 14), n'a pas attendu trop longtemps pour éclater en lambeaux. Tout ceci amènera la rédaction de Togo Tribune 156 à affirmer que « depuis octobre 1990, début des revendications démocratiques à nos jours, c'est pratiquement le même schéma qu'offre l'opposition togolaise dans sa lutte, dans ses ligues et dans ses front, une forme de cocktail molotov prêt à s'exploser aussitôt que l'on faisait passer dans les environs une bûchette d'allumette »157. L'ambassadeur de France au Togo durant la période de transition démocratique relevait déjà en son temps que l'opposition togolaise est somme toute « irresponsable, peu crédible, trop divisée et sans stratégie »158. Cela l'amène dans la plupart des cas à accuser les autres comme étant la cause de tous les échecs qu'elle n'a de cesse essuyés. 61 156 Média togolais d'information en ligne, accessible au www.togotribune.com 157 Togotribune N° 76 du 9 mars 2019, Idem. 158 J. R. HHEILBRUNN et C. M. TOULABOR, « Une si petite démocratie pour le Togo ... », Op. cit. 62 |
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