B. Une stratégie conciliante
Le pouvoir de Lomé depuis Eyadéma à Faure
Gnassingbé, s'est plus montré conciliant et plus en harmonie avec
les orientations de la communauté internationale qu'il n'a
été réfractaire. En effet, lorsqu'à la suite des
évènements inédits du 05 octobre 1990 la crise pris de
l'ampleur, la communauté internationale s'est ruée sur la
situation pour la juguler, tant le contexte international l'exigeait dans une
certaine mesure. Ainsi dans tous les accords politiques signés entre les
protagonistes de la scène politique togolaise, la communauté
internationale a joué un rôle de prou, proposant des pistes de
solutions qui quelques fois frisent des sensibilités des parties
prenantes. A l'observation des faits et
146 J. W. HEILBRUNN, C. M.
TOULABOR, « Une si petite démocratisation pour le
Togo... » pp.85-100.
147 « La décision des groupes de
l'opposition au Togo non seulement de déclarer la souveraineté de
la conférence ensuite de dissoudre le RPT et enfin de former un
gouvernement n'incluant pas les membres du RPT est perçue par le
régime comme une trahison, une rupture de confiance par rapport aux
accords précédents ». J. WEKO, Les
transitions démocratiques au Togo et au Bénin : Dynamique et
Mimétisme, mémoire de master Etudes politiques,
Université Paris II Panthéon-Assas, 2017 - 2018.
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décisions de la période de la
démocratisation, Eyadéma a concédé à
l'opposition togolaise nombre de demandes sous l'impulsion des
médiateurs internationaux qui ont arbitré les pourparlers. Ainsi
lorsque l'ambassadeur de France Bruno DELAYE s'est impliqué dans les
accords du 12 juin devant aboutir à la tenue de la Conférence
Nationale, le Président Eyadéma a accepté le principe de
cette assise solennelle qui portait en elle les fondements de la nouvelle
République148. Plus loin encore, on voit
même se développer une certaine complicité entre la
communauté internationale et le pouvoir en place. Dans l'accord du 11
juillet 1993 conclu à Ouagadougou par exemple, la désormais
position de force acquise par Eyadema au lendemain de la conférence
nationale lui garantira une part belle dans ledit accord. D'aucuns diront
même que cet accord « balisent les voies conduisant à
l'élection royale d'Eyadéma, puisqu'il sera chargé en
quelque sorte de l'organiser »149. Dans
la médiation de la crise politique d'août 2017, le gouvernement
togolais s'est montré très conciliant avec les propositions de la
facilitation de la CEDAO, présentant la feuille de route de sortie de
crise proposée par l'institution sous régionale comme la seule
voie à suivre puisse qu'émanant de la communauté
internationale. Ce faisant, le gouvernement chercherait tout simplement
à démontrer la légitimité que portent les
décisions de l'organisation communautaire même si au fond, c'est
que ces décisions concordaient parfaitement avec sa vision des
choses.
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